dimanche 2 mars 2014

Echange sans parole



Échange sans paroles.

Ils l’avaient décidé en commun, un peu en forme d’un défit qu’ils se lançaient réciproquement : aujourd’hui  ils ne se toucheraient pas.  Pourtant l’un et l’autre savait qu’ils ne renonceraient pas pour autant au plaisir de la chair. Ils n’eurent pas besoin de rappeler la règle du jeu. A peine fut-il entré dans la pièce qu’elle se leva et lui indiqua d’un geste de la main qu’il convenait qu’il s’arrête quelques mètres d’elle. Elle mit un doigt sur la bouche et il comprit qu’elle avait décidé d’ajouter une contrainte : celle du silence. Sans le quitter des yeux elle passa les mains derrière son dos et il entendit le chuintement de la fermeture à glissière qu’elle ouvrait. Elle dégagea ses épaules, et la robe tomba à ses pieds. Elle fit un pas en avant et l’écarta du pied. Elle portait une large culotte couvrante  mauve dont le devant était une sorte de voile fin et transparent au travers duquel il pouvait deviner les poils drus et noirs de sa touffe. Elle avait mis les mains sur les hanches, faisant ainsi un peu plus pointer ses seins qui débordaient d’un soutien gorge assorti à la culotte. Il se régalait de la vue de ce corps puissant, de ces épaules rondes, de ce ventre large, de ces cuisses puissantes qui le mettait à chaque fois en émoi. Il sentait déjà sa queue durcir dans son pantalon. D’un geste du menton elle l’invita à la suivre dans le jeu. Sans barguigner il retira sa veste, puis se mit en demeure de déboutonner sa chemise lentement. Au fur et à mesure que le vêtement s’ouvrait et découvrait son torse, il voyait la langue de sa maîtresse sortir et littéralement se lécher les babines. Quand il se fut débarrassé de sa chemise il l’interrogeât du regard, bien qu’il ait bien compris qu’elle avait prit trop d’avance dans le déshabillage pour que ce ne soit pas à lui de poursuivre. Quand elle lu eut confirmé d’un simple mouvement de tête affirmatif, il se mit à dégrafer sa ceinture. Il la fit glisser hors des passants du pantalon et joua un moment avec la lanière de cuir brun, la faisant passer au creux de sa main, mimant le geste d’en éprouver la solidité et pour finir la faisant claquer sur sa paume. Elle qui avait déjà eu l’occasion d’offrir sa croupe à cet instrument compris ce qu’il voulait lui faire entendre. Mais elle le laissa d’abord retirer son pantalon et ses chaussettes, et ce ne fut que quand il fut en slip qu’elle consenti à se retourner, certaine qu’il voulait voir le verso après s’être empli les yeux du recto. Auparavant, elle s’était, elle aussi, rempli les yeux de l’image de son homme presque nu, avec le slip déformé par une bosse pleine de promesses. Une fois retournée, elle se mit à dandiner lentement des fesses, sachant d’expérience que ce mouvement de son large postérieur ne le laisserait pas de marbre. Et pour faire bon poids, elle passa les pouces sous l’élastique de la culotte et la baissa de quelques centimètres, juste asse pour faire apparaître le haut de la raie culière. Elle lui lança une œillade par-dessus l’épaule, puis toujours dos tourné, se mit à se masser les seins à pleines mains. Elle poursuivit un moment son manège, avant de se retourner lentement pour qu’il bénéficie mieux de l’image de ses deux globes pressés, triturés, malaxés, qui débordaient plus encore de leur prison de satin mauve. Elle finit par les en libérer, laissant s’échapper deux seins laiteux et volumineux ornés de larges auréoles rosées au centre desquelles se dressaient les tétons érigés. Devant cette image, c’est son sexe à lui qui ne tint plus dans son emballage. Il l’en libéra sans le baisser vraiment, laissant juste sa queue sortir comme une sorte de périscope. Il comprit au regard de sa maîtresse qu’il ne convenait pas encore qu’il en fasse plus.  Pourtant, pour le confort, il s’assit dans un petit fauteuil crapaud, bien à l’aise pour se délecter du spectacle que lui offrait cette femme qui le quittait pas des yeux tandis qu’elle soutenait ses seins de ses deux mains ouvertes, puis saisissait les tétons entre les index et les majeurs.  Elle jouait ainsi avec ces petits bouts de chair durcis et tendus, les pinçant avec assez de vigueur pour qu’elle laisse échapper un petit râle de plaisir et de douleur. Ce furent alors ses pouces qui rejoignirent les index pour accentuer encore la pression. Il savait par expérience qu’elle aimait qu’on lui pince ainsi les seins jusqu’à la limite de la souffrance, voire au-delà, et ne fut donc pas étonné qu’elle continue à ronronner et à haleter tandis qu’elle fermait les yeux et laissait sa tête dodeliner. A un moment la sensation devint si forte qu’elle eut de mal à rester debout. Son corps se plia soudain comme si elle avait reçu un coup de poing dans l’estomac. Elle était à la limite d’entrer en jouissance. Elle arrêtât sa caresse, et recula jusqu’à ce que ses fesses touchant le dossier d’un fauteuil sur lequel elle s’appuyât. Alors ses mains descendirent entement de ses seins à ses hanches,  glissèrent sur son ventre, puis vinrent se placer en écran devant son sexe. La main gauche se retira tandis que la droite se mit à glisser de haut en bas sur la culotte transparente. Elle écartait les doigts pour que l’un d’entre eux puisse mieux suivre la ligne de sa fente au travers du tissu qui se teintait d’une fine trace d’humidité. Le doigt s’inséra alors un peu plus au travers du sous vêtement et un brusque mouvement de tête vers l’arrière, comme un cheval qui se cambre, indiqua à son amant qu’elle venait de frôler son petit bouton. Le doigt inquisiteur continua un moment son manège tandis que l’autre main  avait repris un lent massage des seins qui ballotaient en liberté. Quand son doigt quitté son antre encore protégée, ce fut pour qu’elle le porte à ses lèvres et le suce langoureusement. Et quand il reprit le chemin de son intimité, ce fut pour disparaitre derrière son dos. Sans le voir il savait pourtant qu’elle avait glissé la main dans son slip, qu’elle écartait les fesses de deux doigts pour en introduire un troisième sans son petit trou. Son halètement plus marqué lui fit comprendre que son plaisir reprenant son ascension. Sa bite devenait presque douloureuse à force de bander, mais il s’interdisait de la toucher. Sa maîtresse comprit cependant qu’il aurait du mal à tenir encore longtemps. Elle se retourna alors d’un seul coup, baissa son slip d’un geste jusqu’à ses genoux, et se laissa tomber à genoux sur la moquette. Elle fit alors glisser le slip jusqu’à s’en débarrasser. Mais avant de le laisser tomber au sol, elle le porta à son visage, en y frottant voluptueusement le nez. Elle savait qu’il mourrait d’envie de sentir, lui aussi, cette fragrance épicée et chaude. Elle se régalait aussi de sa frustration. Elle passa les mains dans son dos pour dégrafer le soutien-gorge qu’elle joua à faire tournoyer comme une fronde avant de le lancer pour qu’il rejoigne la culotte sur le tapis. Maintenant, il s’emplissait les yeux  de son corps entièrement nu. Mille fois, il lui avait dit combien il adorait la voir à poil. Elle lui présenta ses seins, soulevés à pleines paumes comme de gros fruits lourds et pleins. Il se régalait de la courbe e ses hanches. De la rondeur de son ventre blanc. Du délicat dessin de son nombril. Et plus encore du buisson touffu de son pubis. Ses mains descendirent sur ses hanches. Elle écarté un peu plus les jambes, redressa fièrement la tête, et planta son regard dans le sien. Provocante, impudique, exposée. Il se leva, lui aussi, mais ne s’approcha pas. Il fit descendre son slip jusqu’à ses pieds, et le poussa de manière à ce qu’il rejoigne ses sous-vêtements à elle.  Elle constata avec plaisir que son sexe était dressé à la verticale, comme un mat. Des deux mains, elle écarta les fesses pour mieux lui offrir la vue sur sa rondelle où elle enfonça un doigt après l’avoir une nouvelle fois mouillée de sa salive. L’autre main passa devant et se crispa sur son sexe, où elle introduisit aussi un doigt, puis deux. Elle était ainsi emplie, et sentait en elle ses doigts s’agiter l’un dans sa chatte l’autre dans son cul et ainsi se répondre de part et d’autre de la mince séparation. La liqueur coulait à flot et le doigt qui l’enculait vint en chercher un peu pour mieux s’enfoncer en elle, plus loin et plus profond, provoquant un nouveau râle de plaisir. Un troisième doigt rejoignit les deux autres devant, tant elle avait besoin d’être comblée, comme quand la bite puissante de son amant la forçait. Il lui suffit alors d’un imperceptible effleurement du pouce sur le bouton d’amour pour qu’elle sente la vague du plaisir sourdre d’au fond de son ventre. Ses deux mains se mirent à aller et venir frénétiquement, entrant et sortant de ses orifices avec des bruits de succion.  Elle-même s’était mise à geindre de plus en plus fort, puis à crier franchement au rythme des pénétrations brutales. Elle sentit ses cuisses durcir, ses fesses se contracter, son ventre devenir pierre. Elle était maintenant dressée sur ses genoux, les yeux écarquillés, la bouche largement ouverte comme pour chercher de l’air. La boule de feu du plaisir l’irradia soudainement. Son sexe et son cul se mirent à palpiter comme des cœurs devenus fous. Elle lança un cri suraigu, bestial. Son corps se dressa, tendu comme un arc, elle sembla un moment perdre le souffle, puis se replia en fœtus en étouffant un cri rauque. Elle continua quelques secondes encore à tressauter, comme si elle sanglotait. Elle ouvrit les yeux, se redressa à demi, glissa jusqu’au fauteuil pour asseoir et le regarda dans les yeux. Il s’avait que c’était à lui de prendre le relais. Il se leva donc, et vint se positionner juste devant elle, le sexe à hauteur du visage de la femme qui venait de jouir pour lui. Respectant la consigne qu’ils s’étaient imposés il resta ainsi, à quelques centimètres d’elle. Ses eux plantés dans les siens, il se mit à se branler doucement. L’anneau formé par son pouce et son index coulissait de la racine de la queue à la limite du gland. A chaque descente, la main tirait sur le prépuce, dégageant peu à peu un gland violacé. Puis la main descendait le long de la tige, jusqu’aux couilles qu’il tenait dans le creux de la main.  Insensiblement, le mouvement s’accéléra, jusqu’à ce qu’il sente la jouissance sourdre au fond de son ventre. Il dirigea alors son membre vers ses seins qui, bientôt furent inondés de cette liqueur épaisse et odorante. Elle l’étala sur ses seins, comme une crème bienfaisante. De son coté, il s’était assis, épuisé. Il la vit se lever, puis quitter la pièce en emmenant sa robe. Il pensait qu’elle était passée à la salle de bain, mais il entendit soudain la porte d’entrée claquer. Ce n’est donc qu’après son départ qu’il comprit, en ramassant la petite culotte et le soutien gorge, qu’elle était maintenant probablement dans le métro, nue sous sa robe, et la peau encore marquée de son plaisir.

jeudi 2 janvier 2014

Histoires du XXème et du XXIème siècle



C’est une histoire qui commence au siècle dernier. La France vivait encore dans ceux  que les livres d’histoire des collèges appellent déjà « les années Mitterrand », et, là-bas, si loin, un conquérant moustachu lançait ses armées contre un pays aux allures de station service auquel un premier Président Bush allait faire la guerre. C’était ce temps où les français moyens découvraient cette drôle de boite à écran minuscule qu’on appelait le « Minitel ». Fin du fin de la technologie de l’époque la machine avait été distribuée gracieusement dans les foyers abonnés au téléphone, qui était alors un service public. En appelant un « serveur » par un numéro à quatre chiffres sur son téléphone (personne ne songeait alors à préciser « fixe » puisqu’on ne connaissait que celui là, installé sur sa tablette dans l’entrée de la maison ou dans la salle de séjour) on pouvait obtenir les horaires de la SNCF, l’annuaire téléphonique, et quelques autres services de ce genre, dont les résultats s’affichaient en lettres grises sur l’écran lui aussi gris, après qu’un sifflement aigu ait attesté de la mise en relation avec le service demandé. Une débauche d’affiches « quatre sur trois » aux looks les plus affriolants les uns que les autres avaient très vite invité le bon peuple à détourner cet objet de la technologie avancée française vers la débauche ou les illusions. Si composer le « 3611 » mettait en relation avec des services forts administratifs, composer le « 3615 » permettait ‘entrer en relation avec des services moins politiquement corrects. Les uns proposaient de la voyance télématique, c'est-à-dire en gros les mêmes fadaises que peuvent débiter les professionnelles dans leurs caravanes ou leurs loges de concierges, mais sous forme de messages s’incrustant sur écran. Les autres s’adressaient sans ambages au cochon qui, parait-il sommeille au fond de chaque homme. Leurs affiches n’en faisaient pas mystères, utilisant des noms féminins sensés fleurer bon l’aventure (on se souvient du célébrissime « 3615 ULLA ») et des graphismes sans équivoques. Combien de parents ont découvert avec effroi des factures de téléphones astronomiques (en ces temps lointains le coût du service était proportionnel au temps passé en communication, et la mise en relation avec ses services équivalait à une communication téléphonique) dues aux pérégrinations de leurs adolescents sur ces services dont les pubs constituaient une tentation permanente et qui furent pour certains l’ouverture vers les mystères de la sensualité. Il parait qu’au XIXème siècle les jeunes bourgeois étaient parfois emmenés au bordel par leurs pères, le début du XXème siècle avait été le temps béni des « livres cochons » qu’on s’échangeait sous le manteau, le milieu du siècle celui des cinémas classés « X » et diffusant à longueurs de séances des navets pornographiques (qui sembleraient souvent bien prudes aux amateurs d’images fortes de nos jours)° et aux revues de petits formats vendus en kiosques. La fin du siècle serait celle de la découverte des émotions érotiques via des mots et des pictogrammes pour le moins stylisés sur le verre froid d’un écran d’une vingtaine de centimètres. 

Pour elle comme pour lui, cette machine fut très vite investie comme machine à fantasmes. Lui le plus souvent depuis son bureau, pour éviter de faire exploser les factures du domicile et parce qu’il y était seul, elle depuis la maison où elle devait rester après la naissance de son premier bébé.  Elle garda d’ailleurs l’habitude de communiquer devant l’écran quand elle eut repris le travail. Et son compagnon fut au moins une fois plus qu’interpellé par le montant d’une facture proprement astronomique. Quant à lui son épouse ne fut pas tout à fait dupe, et la découverte de sa quasi addiction à ce qu’elle pensait être d’abord des sites de textes érotiques fut l’occasion de quelques tensions dans le couple.  Elle avait choisi comme pseudo « B*** », sans savoir peut-être elle-même si le mot faisait allusion à son état d’esprit,  ou au style de musique ethnique qu’elle affectionne. A moins qu’il s’agisse de la couleur, celle de ses yeux, ou celle du ciel ? Pour lui, l’indicatif était moins poétique mais plus direct : « FESSEE ».  Le mot, dans sa brutale simplicité, indiquait ainsi sans barguigner l’objet de ses fantasmes. Quelques échanges de messages suffirent pour vérifier que le mot ne la laissait pas non plus indifférente. Pourtant elle n’avait de la chose qu’une connaissance toute fantasmatique et toute théorique. Comme elle lui confia sans tergiverser, c’est peut-être justement parce qu’elle n’avait jamais été fessée, même enfant, que la chose l’intriguait et l’attirait Elle su du reste très vite que, lui non plus, n’avait pas connu cette punition infantile. Mais que pourtant, sans qu’il soit en capacité d’en expliquer l’origine, tout ce qui tournait autour d’elle le troublait depuis avant l’adolescence. Des jeux ambigus avec des copains d’école, au cours desquels les perdants recevaient quelques coups de badines sur les fesses, sans pourtant qu’elle soient en rien dénudées. Et aussi des expériences de claques auto administrées accompagnant ses premières expériences de masturbation.  Il n’était  pourtant passé à l’acte que bien plus tard, une fois marié avec celle qui était aussi sa première amante. Jusque là, il s’était pourtant largement gavé de récits trouvés au hasard des articles de ces petite revues qui, à l’époque, présentaient le sexe sous une forme quelque peu scientifique. La plus courante d’entre elles, « UNION » portait d’ailleurs curieusement le sous titre quelque peu ambitieux de « revue internationale des relations humaines » Après quelques séances d’échanges télématiques, il lui confia sans beaucoup de prudence son numéro de téléphone. Et comme son bureau était derrière un standard, il eut l’émotion d’entendre s le standardiste lui annoncer qu’une « Madame B** » demandait à lui parler. Leurs conversations devinrent régulières. Il lui proposait des scénarios dans lesquels, bien sur, elle recevait des sévères fessées. Parfois même il lui fit entendre le bruit du cuir de sa ceinture, pour rendre le récit plus réaliste. Ils s’échangèrent aussi des confidences fortes impudiques sur leurs vies sensuelles respectives. Elle lui racontait comment l’homme avec lequel elle partageait sa vie lui faisait l’amour. Il lui détaillait les fessées qu’il administrait à son épouse. Ces fessées moins mises en scènes que celles qu’il imaginait pour elle, mais oh combien plus réalistes. Chaque fois qu’ils le pouvaient, quand ils étaient seuls dans l’appartement et qu’aucune oreille enfantine ne pouvait entendre les bruits caractéristiques de la tannée des fesses de maman, leurs câlins conjugaux commençaient ainsi par une solide fessée.  Agenouillé sur le lit, il installait l’Epouse allongée au travers de ses cuisses, l’invitant souvent à « mieux présenter ses fesses », ce qu’elle faisait sans se faire prier, arquant les reins et tendant le derrière vers la main qui allait, elle le savait, les fustiger. Il n’hésitait pas à raconter à son interlocutrice combien il se régalait de la vue de ce derrière confortable virant peu à peu au rouge cramoisie. Des mouvements des globes ballotant au rythme des claques. De la raie parfois réduite à une mince ligne, les fesses serrées étant alors comme une pierre dure, un granit. Puis au contraire de ce même cul relâché, abandonnant le combat, devenant lune soumise, la raie s’élargissant assez pour laisser voir le divin petit trou. Il lui fit aussi partager le plaisir qu’il avait à agir de la même manière lors de leurs nuits à l’hôtel. Le trouble naissant de l’idée que les voisins de chambres eurent pu les entendre. Cette fessée reçue par elle dans un hôtel de Brugges, fenêtre ouverte sur le canal, par laquelle ils entendaient les commentaires des guides touristiques. Ou de cette autre, flanquée en plein après-midi dans un hôtel parisien aux couloirs déserts, lors de laquelle c’est elle qui avait demandé à ce qu’il fasse moins de bruit. L’amenant ainsi, pour lui être agréable, à remplacer la main par sa ceinture, qui lui avait flagellé les fesses à les marquer. Mais les fesses de l’Epouse étaient plus souvent concernées par les lanières du martinet dont il avait fait l’acquisition dans une supérette, au rayon animalerie. L’instrument était depuis rangé dans le tiroir de la table de nuit, où il avait été rejoint par une sorte de petite balayette de paille dure. De son coté, « Blues » en vint à lui faire aussi confidences de se expériences hors de son couple. La première rencontre avec un homme qui devint son amant, la rudesse de l’arbre sur lequel elle était appuyée pour recevoir ses assauts. Les initiatives perverses d’un autre amant, médecin de son état, au sein même de son cabinet. Et surtout la première rencontre avec un « maître fesseur » La Découverte. Une chambre d’hôtel, une main d’artiste, un martinet, un monde qui se révèle.  De part et d’autre, des aveux sans restriction, sans faux fuyant, sans retenues. Et pourtant paradoxalement presque pudiques. Sans affectation, sans une once de grossièreté et sans jamais rien de graveleux. Du reste, plus ils échangeaient ces propos intimes et ouvertement sexuels, plus ils abordaient aussi d’autres sujets de conversation. Par petites touches,  presque délicatement, ils s’exposaient l’un à l’autre. Et presque plus spirituellement que physiquement. En tout cas, pour elle, l’aveu de son plus intime secret d’enfance, sa blessure originelle, si longtemps enfouie, fut à l’évidence plus difficile à faire mais en quelque sorte aussi plus indispensable que les récits de ses frasques sensuelles. Du reste, elle eut besoin, pour ce faire, de passer par la voie de l’écrit. En effet elle continuait à se sentir plus libre par l’écriture sur le papier que par la parole ou les échanges télématiques, avec leur immédiateté. Multipliant les prudences pour éviter qu’elles ne tombent devant d’autres yeux que les leurs, ils échangèrent donc des courriers. Elle lui fit même le cadeau d’une lettre dont l’encre violette était quelque peu délayée pour avoir été mise au secret dans l’intimité de sa culotte. Manière pour elle de lui offrir symboliquement le parfum secret de son corps. Elle su pourtant écrire l’indicible. Ce qu’elle n’avait alors pu révéler à personne. La faille secrète. Elle en fut à la fois soulagée et éperdue de peur. Peut-être su-t-il lire ces mots, les absorber, sans que rien ne se casse dans cette relation qui, dés lors, changeait de portée. Peut-être aussi eut-il raison de ne pas répondre à ce qui n’était pas une question. Peut-être enfin ce courrier qui allait infiniment plus loin dans le secret et dans l’intime que quelque récit de partie fine contribua-t-il à transformer ce qui aurait pu n’être qu’une histoire de cul en une histoire tellement personnelle, tellement intime, tellement forte qu’elle ne pouvait que s’étioler faute de pouvoir aller plus loin. Par ailleurs, la rencontre de l’Amour, de son Amour, de l’Homme qui allait faire naître en elle ce volcan de sensualité et d’amour bien au-delà du physique, l’amenait aussi à ne pouvoir mener de front deux relations, l’une virtuelle et l’autre dans le réel. Même si, peut-être, la première était nécessaire pour que la seconde puisse d’épanouir. Il n’y eut cependant pas de rupture entre eux. Ni l’un ni l’autre ne rit explicitement la décision de cesser leurs confidences mutuelles. Elles se firent seulement moins assidues. Comme un ruisseau qui se perd peu à peu dans les sables, et dont on ne sait jamais vraiment s’il était mort ou seulement momentanément tari.



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C’est une histoire du XXIème siècle. Pour les fondus de politique, un autre président socialiste a succédé, après tant d’épreuves et de déconvenues pour ce camp, au premier président socialiste de la France. Le monde n’est plus divisé entre deux blocs, l’un d’entre eux s’étant dissout presque  de lui-même. Ce monde n’est plus tétanisé par l’angoisse d’une conflagration entre ces deux géants qui possédaient chacun plusieurs fois la capacité à rayer toute vie de la terre. Celle-ci n’est pourtant pas devenue l’espace de paix dont avaient rêvés certains. D’autres guerres le ravagent. Là-bas, loin, dans des pays parfois inconnus jusqu’à ce qu’ils s’embrasent. Et les boites à images montrent toujours autant d’enfants qui souffrent, autant de combattants qui s’entretuent, et autant de leaders bien vivants qui les y invitent. C’est aussi et c’est surtout une histoire rendue possible par la révolution technologique de ce qu’il est convenu d’appeler « la toile ». Ce qui était dans les dernières années du siècle précédent un outil réservé aux élites militaires et scientifiques est devenu en à peine une décennie l’apanage de tous ou presque. Internet, puisque c’est de cela qu’il s’agit, a révolutionné toutes les méthodes de recherche, d’apprentissage, d’échanges.  En sciences, en  matière culturelle, en propagande politique, en économie, bien sur, mais aussi pour le prosélytisme du meilleur comme du pire, Internet a modifié de fond en comble les méthodes, les modes d’échanges, les manières de chercher et de découvrir. Langue d’Esope de notre temps, il est  bien sur le pire et le meilleur. Comme l’écriture avait permis la diffusion du savoir, mais aussi celle de l’innommable et de l’abominable,   le « réseau » porte indifféremment le beau, l’amour, la compassion, la connaissance, ou la haine, la diffamation, la mise à mort. Au début des années 2000, l’une et l’autre ont découvert ce monde virtuel. Ils l’ont utilisé pour leurs passions avouables. La poésie et l’art pour elle, la politique et l’histoire pour lui. Ils ont bien vite aussi tapé leurs mots secrets, l’expression de leurs fantasmes, sur les « moteurs de recherche » Et ils ont découvert qu’après tout ils n’étaient peut-être pas aussi marginaux qu’ils auraient pu le croire ou le craindre. Au mot « FESSEE » dans sa brutale simplicité, répondaient des dizaines d’occurrences. Des sites entièrement consacrés à leur passion commune et secrète. Des monceaux de textes, de récits réels ou imaginaires, de photos  troublantes ou effrayantes, de confessions, de conseils. Et aussi, et peut-être surtout, des lieux d’échanges, de dialogues. Un véritable réseau ou des centaines de francophones – ni l’une ni l’autre ne sont assez polyglottes pour se lancer dans le monde des sites de « SPANKING » anglo-saxons si ce n’est que pour y voir les images – dissimulés sous des pseudos, partagent leur passion. L’une et l’autre ont ainsi fréquenté « FESSES ROUGES », site mythique, emblématique, des amateurs de fessées. Ils ont sautillés de « liens » en « liens » vers d’autres sites. Reculant parfois devant certains, entrés de plain pied dans le monde su « S.M. » S’attendrissant d’autre fois de la fraicheur et de l’amour qui ruisselait de tel site ou un homme détaillait, image et son à la fois, les fessée qu’il donnait – et en l’occurrence il s’agissait bien d’un véritable cadeau – à son épouse avant que celle-ci ne disparaisse. Ils ont partagé les errances des uns, les hésitations des autres, les lassitudes de certains. Même si ni lui ni elle ne sont vraiment rentrés dans cette communauté virtuelle, ils en ont été les témoins, amusés parfois, émus souvent, émoustillés surtout. Ils ont aussi découvert qu’en dehors de leur permettre de trouver un nouvel espace pour leur fantasme, Internet proposait des services qui les ont stupéfiés.  Après bien des hésitations et des réticences, il s’était ainsi inscrit dans un « réseau social » La platitude des échanges qu’il y lisait l’avait du reste assez vite détourné de le visiter quotidiennement.  Pourtant il avait un jour tapé, comme on lance une bouteille à la mer, le nom – le vrai nom – de sa correspondante de naguère. Et en une fraction de seconde il avait été orienté vers la page de celle-ci sur ce même réseau. Il apprendrait, plus tard, qu’elle avait fait de même à son égard. Il hésita pourtant longtemps avant de s’adresser à elle via ce nouveau média. Pouvait-il savoir si elle avait le souvenir de ces échanges vieux de plus de vingt ans ? Voudrait-elle s’en souvenir, ou revendiquerait-elle, légitimement, le droit à l’oubli, à l’effacement ?  Il fit le choix d’un message fort banal, feignant de se demander si elle était bien  celle qu’il pensait. Il su aussi par la suite qu’elle avait pensé à faire de même, sans  passer à l’acte. Internet ne passe pas pour un outil particulièrement délicat, loin s’en faut. Pourtant ils se redécouvrir avec une infini délicatesse. Par petites touches. A la manière des impressionnistes. Jamais le mot de ce fantasme ne fut directement écrit lors de leurs premiers échanges. Il leur fallait s’apprivoiser. Vérifier ce qu’ils étaient devenus, ce que le temps avait fait, ce dont ils se souvenaient ou voulaient se souvenir. Entre le temps du Minitel et celui des Smartphones connectés sur Internet, le temps avait en effet passé. Leurs enfants étaient devenus adultes. La vie, comme le chante Jacques Brel « ne fait pas de cadeau ». L’une et l’autre auraient pu dire comme Marcel Pagnol « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins » Auraient-ils ajouté comme l’écrivain « il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants » ? Ils avaient vécus, avec le lot de souffrances,  de déceptions, de regrets, de défaites qui fait la vie. La maladie, ce putain de « crabe », avait touché leurs conjoints réciproques. Leurs vies en avaient été bien sur plus qu’affectées.  Pour elle plus encore que pour lui, il y avait désormais un « avant » et un « après » puisque la salope à la faux avait frappée son compagnon alors que la maladie avait mordu dans les chairs de son épouse. Ils ne s’étalèrent pas sur ces moments, mais ils sont en filigrane de leurs échanges, puisqu’imprimés dans leurs vies. Ils n’étaient plus, bien sur, ce qu’ils étaient naguère. Qu’importe les évolutions de leurs vies professionnelles, ou publiques, ce ne sont que les clapotis de la mer. Il est parvenu au seuil de la soixantaine, elle en est un peu moins proche. Leurs corps ont subis des épreuves. Ils ont su se le dire sans s’y étendre, avec pudeur, mais sans rien cacher de l’inexorable travail de sape du temps. Elle a pu lui dire que les douleurs physiques n’étaient pas pour rien dans le fait que sa vie sensuelle soit si calme. Encore que les circonstances, les hasards de la vie, la disparition du compagnon,  et peut-être un reste de la peur initiale n’y soient peut-être pas totalement étrangers. Il a pu lui écrire qu’une intervention que les chirurgiens des hommes vieillissants présentent comme de routine avait radicalement modifié le fonctionnement de son système sexuel. Elle était la première personne, en dehors bien sur de celles qui ne pouvaient pas ne pas s’en rendre compte, à qui il parle de cette blessure. Elle avait été une « poly amoureuse », elle avait longtemps eu « deux amours », elle lui révéla – ou lui rappela ? – des expériences fortes, osées, risquées, en matière de sexualité. Elle était aujourd’hui abstinente de relations réelles. Il avait été un époux fidèle, limitant ses frasques à la sphère virtuelle. Il vivait depuis des années une double vie, avec une maîtresse régulière, rencontrée elle aussi sur Internet, mais qui lui avait permis de découvrir une autre face de la sensualité. Si la fessée était restée l’apanage de l’Epouse légitime, la « Seconde » n’ayant aucune attirance pour la chose, celle-ci lui avait fait découvrir d’autres manières, d’autres pratiques, d’autres plaisirs. Il avait aussi noué d’autres relations virtuelles, toujours via cette « toile » mondiale. Echangé des confidences. Echangé des photos, parfois très osées. Il constatait, en renouant avec cette correspondante de naguère qu’elle ressemblait finalement beaucoup aux femmes de sa vie, réelles ou virtuelles. Des femmes rondes, aux formes opulentes. Tellement différentes des canons des magazines. Mais aurait-il du s’expliquer sur ce gout des rondeurs ? Aurait-il du s’excuser de rester fou des fesses de l’Epouse, aussi fou de celles de la Seconde, d’avoir demandé, obtenu et enregistré une photo de celles d’une amie virtuelle et de rêver parfois qu’une autre retrouvée ….. ?