dimanche 13 juin 2010

mes villes du monde

ORIENT EXPRESS N°9

Je sais déjà, je sens d’instinct, que cette ville que je ne connais que par les livres et les images de film, est faite pour l’amour. Venise, ville des amoureux, ville romantique, surement. Mais aussi ville de la sensualité, j’en suis sure. N’est-elle pas aussi la ville de Casanova ? La ville des plaisirs interdits qu’on s’autorise au motif d’un masque qui permet les folies ? Et puis, ne suis-je pas venue ici, au fond, d’abord pour cela ? Au fond de moi, je savais bien, en acceptant cet improbable voyage, qu’il serait aussi, sinon surtout, celui du plaisir. De celui que l’on donne, comme je l’ai fait hier soir à mes deux amants en promesse. Et de celui que l’on reçoit, comme quand ils rempliront pleinement les leurs en me faisant jouir. Et je ne doute pas un instant de leurs capacités en la matière.

Pour le premier je le sais, si je puis dire, d’expérience. Notre relation n’a pas été très longue, les impératifs de nos vies nous ayant imposé une séparation peut-être prématurée. Mais elle est restée dans mon souvenir comme une période faste pour mes sens. Dés notre première nuit, il s’était montré un amant endurant, attentif à sa partenaire, sachant lui procurer le plaisir mais n’hésitant pas aussi à la solliciter pour la réciproque. Je n’étais plus une oie blanche depuis bien longtemps, il l’a senti et a agit en conséquence. Comme s’il voulait que les choses soient claires dés leur commencement, il m’a en quelque sorte exposé sa conception de l’amour avant même que nous n’ayons fait vraiment connaissance. Nous nous étions croisés au hasard d’une soirée passablement ennuyeuse. J’avais craqué pour son regard d’acier et son sourire un peu équivoque. Il m’avait abordé d’une phrase qui n’était même pas une question :

« Venez, allons nous – en »

« Où ça et pourquoi faire ? »

« Chez moi et pour faire l’amour, cela vous convient ? »

Et je l’avais suivi. Moins d’une heure après, j’étais dans son lit, nue et offerte. Nous n’avions pas échangé dix phrases durant le trajet jusque chez lui. A quoi bon ? Nous étions tous les deux adultes, son invitation était sans fard, mon acceptation aussi. Nous n’avions pas « flirté », cela aurait été déplacé. Il n’avait pas tenté ces classiques et parfois exaspérantes manœuvres d’approche de ceux qui cherchent à vérifier si leur proie est prête à aller plus loin. Il n’en doutait visiblement pas, et comme il avait raison ! Il avait su aussi, dés notre arrivée chez lui, alterner les marques de respect, les gestes tendres et attentifs, et l’expression sans dissimulation de ses envies qui devenaient des exigences à peine les avait-il exprimées. Ainsi pouvait-il m’aider fort galamment à retirer mon manteau, veiller à me laisser la priorité à chaque porte que nous devions franchir, jusqu’à en être presque désuet, puis, la minute d’après, et qui plus est sans changer de ton me lancer :

« Maintenant déshabille-toi, j’ai envie de te voir à poil, tout de suite »

Et bien sur, je m’exécutais. Et je le fis sans baisser les yeux, ne quittant pas les siens du regard. J’ai passé les mains dans mon dos pour faire glisser la fermeture de la robe, et je l’ai laissé tomber sur le sol. Je me souviens avoir alors pensé à cette phrase d’une chanson d’Yves Montand « et to robe est tombée sur le parquet ciré, sans faire plus de bruit qu’une écorce d’orange ». Je ne luis ai pourtant pas fait un strip-tease sensuel (je sais faire mais ce n’était pas sa commande) je suis allé à l’essentiel. Mains dans le dos une deuxième fois, et le soutien gorge rejoint la robe sur le sol, libérant mes seins dont je sais les pointes déjà durcies. On était au printemps, je n’eu donc à quitter ni collants ni bas. Il me suffit de faire descendre ma culotte qui s’ajouta au petit tas de mes vêtements pour être comme il l’avait exigée. Nue, ou plus exactement « à poil » pour reprendre ses mots. Je restais ainsi, sans rien cacher de moi-même, sans le geste de pudeur qui aurait été déplacé de dissimuler mes seins dans mes bras ou mon sexe derrière mes mains. Il me laissa ainsi debout tandis qu’il se mettait sans barguigner dans la même tenue que moi. La chemise laissant apparaître un torse décoré de poils noirs et frisés, puis le pantalon sous lequel le sexe déformait déjà d’une manière prometteuse le caleçon. Promesse tenue quand il l’eût ôté. Une belle queue, fièrement dressée, noueuse à souhait, ornée d’un gland épanoui. Un bel outil à faire jouir. Et il remplit son office. Comme le chante Jean Ferrat, je fus « prise par devant » mais aussi « par derrière » mais je ne fus pas « femme honnête » puisque le plaisir fut au rendez vous, et plusieurs fois. Du reste mon partenaire n’était pas en reste et il su me prouver qu’il pouvait agir par deux fois sans faiblir. J’avais déjà « un peu » vécue, et ce n’est pas ce soir là que j’ai découvert qu’il existait d’autres positions que celle préconisée par les missionnaires aux colonies. Ni qu’on pouvait utiliser d’autres voies que celles initialement prises en ces circonstances. En un mot comme en mille, il m’était déjà arrivé d’être sodomisée. Mais jamais peut-être dés la première nuit, et surtout jamais avec cette tranquille assurance que je ne m’y refuserais pas. Il ne m’y a cependant en rien contrainte. Mais en même temps il ne m’a pas non plus vraiment consultée. Il m’a simplement demandé, que dis-je commandé, mais sans violence, comme si la sollicitation était juste de pure forme, de « présenter mon cul ». Je le fis moi aussi sans feindre d’hésiter ni tenter de me faire prier. Il m’en su gré, et me fit jouir par là avec autant de bonheur qu’il l’avait fait auparavant par l’autre coté. C’est du reste en accompagnement de cette visite par « l’autre porte » qu’iol me gratifia de quelques vigoureuses claques sur le cul, que j’avoue ne pas avoir alors identifiées comme les promesses d’autres à venir, et autrement plus cuisantes. En effet, ce pouvoir érotique de la fessée, c’est bien lui qui me le fit découvrir. Bien sur il était arrivé à d’autres amants de m’envoyer là des mains bien appliquées, mais aucun d’entre eux n’avait ainsi fait de la fessée un acte sensuel en lui-même. Je n’ai d’ailleurs pas pratiqué cette activité avec d’autres depuis notre séparation, et j’ai constaté dés nos retrouvailles que ses gouts en la matière n’ont pas fondamentalement –c’est le cas de le dire- changés. J’ai aussi eu la satisfaction de constater que mon cul semble le mettre toujours en appétit ! Pourtant il n’est en rien un adepte de pratique sadiques. Même s’il n’ignore pas (il n’est pas imbécile, et pas sourd, or même avec un peu d’entrainement il est des fois où il est difficile de ne pas exprimer la douleur par quelques cris perçants) que la fessée, surtout quand elle est donnée avec quelque instrument cinglant, peut être fort douloureuse, et même si cette douleur fait partie, à ses yeux, de la découverte, elle n’en est pas le but principal. Et je dois dire qu’à part pour mes fesses, jamais il n’a eu un geste brutal à mon égard. Tout juste s’est-il autorisé parfois quelques pincements un peu secs sur mes seins, mais il avait bien vu que j’en étais plus demandeuse qu’autre chose. En effet si j’aime qu’on me dorlote parfois, je fonds aussi quand on maltraite quelque peu mes tétons. Il ne fut du reste pas le seul des hommes de ma vie à parvenir à me faire jouir rien qu’en s’acharnant sur eux. Il me souvient d’un amant qui me menait ainsi à l’orgasme sans même me déshabiller, seulement en faisant rouler les bouts de mes seins entre ses doigts à travers un corsage….

Quant à l’autre, celui qui n’est plus tout à fait mon inconnu, tout indique qu’il n’a pas l’intention d’être en reste. Même si’l n’a pas usé de mon séant de manière aussi cinglante que son compère, il n’a pas caché, dés les premières secondes de notre rencontre, qu’il aimait à dominer. Et comme je n’ai pas fait semblant de m’en offusquer, il y a fort à parier qu’il aura d’autres occasions de se faire obéir quand nous serons arrivé au terme de notre escapade. Je compte bien que celui qui l’a organisée se soit préoccupé de tout, et d’abord des moyens de trouver l’extase pour lui, pour l’autre, et bien sur pour moi. Ainsi Venise d’ajoutera-t-elle aux villes du monde associées pour moi à tel ou tel amant, ou à telle ou telle découverte. EN effet, si je suis loin de rechigner à l’amour « à ma maison » ou « chez eux » je dois dire que l’ambiance des hôtels, l’éloignement, le dépaysement, me font un effet aphrodisiaque certain. Il est bien rare, quand je voyage ainsi avec un homme, que le lit de la chambre d’hôtel ne soit pas rentabilisé. Parfois ce fut en arrivant, juste un petit coup avant de dîner, au retour de celui-ci, puis le matin au réveil et encore une fois, les bagages bouclés, avant de partir …Il me semble que c’est dans un hôtel londonien, guindé en diable, que j’ai découvert la sodomie. Et que c’est sur le large balcon d’une résidence à Barcelone que je me suis laissé prendre alors qu’il eut suffit que les voisins aient l’idée de passer sur leur propre balcon pour nous voir en pleine action. Du reste, à postériori, j’ai presque regrettée qu’ils n’aient pas eu envie de prendre l’air. Finalement, il ne m’aurait pas déplu qu’ils assistent à ces moments forts, d’autant que mon amant de l’époque avait un gout certain pour les situations proches de l’exhibitionnisme. C’est ainsi lui qui m’amena, pendant toute une semaine de vacances en sa compagnie à renoncer totalement aux sous vêtements, même quand il insistait pour que j’aille dîner en jupe courte (je me souviens du clin d’œil complice d’un mari dont la femme n’a jamais compris pourquoi il était aussi souriant, mais qui en a, j’espère bénéficié une fois qu’ils eurent rejoints leur chambre) ou en chemisier largement ouvert (ho la tête du serveur quand il s’est penché pour me servir le potage !) Il faut dire que l’hôtel permet aussi ces rencontres furtives, ces découvertes que la morale réprouve, et ces distractions qui me font me trouver nue quand le garçon d’étage apporte le plateau du petit-déjeuner ou entrain de me faire sauter par mon amant quand la femme de chambre pensait pouvoir refaire le lit. Et ces lieux permettent aussi, s’il m’arrive d’exprimer un peu fort mon approbation aux attentions du monsieur, que les voisins de chambre n’en perdent rien. Avec le petit bonheur, le lendemain matin, des regards selon les cas ou égrillards, ou presque reconnaissants, ou offusqués. Il nous est d’ailleurs arrivé, en retour, de participer auditivement aux bonheurs de couples voisins, et même une fois de les en remercier le lendemain. La femme, russe je pense, ne parlait que quelques mots de français. Mais il ne fallait pas être polyglotte pour comprendre que l’homme qui l’accompagnait n’était pas paresseux au lit. Les cris aigus, les râles profonds, les halètements, et finalement des « Da ! da ! » qui ne pouvait pas désigner des chevaux, à moins qu’elle ne fut la monture, nous avaient permis de suivre comme on dirait en direct les activités sensuelle de ce couple. Le hasard m’a fait me trouver seule dans l’ascenseur avec cette belle jeune dame blonde comme les blés et à la poitrine généreuse le lendemain, quand je descendais au petit-déjeuner. En articulant bien je lui ait dit :

« Merci, madame »

« Merci ? Vous me dire ça pourquoi ? »

« Hier soir, monsieur … amoureux ? »

Elle a juste un peu rougi et acquiescé de la tête. J’ai alors ajouté :

« Monsieur à moi a entendu, et a fait pareil »

« Pareil ? Je ne connais pas pareil »

Alors, ce langage là étant international, je mimais la chose, indiquant par mon sourire et la langue dardée au coin de la bouche que ce moment avait été à mon gout. La belle de l’est compris tout de suite, elle éclata d’un bon rire franc et au moment où la porte de l’ascenseur s’ouvrait elle proposa avec un gentil sourire :

« Ce soir, vous et vous monsieur, venez avec monsieur à moi ? »

Et en effet, le soir même, après bien sur en avoir parlé à mon compagnon de voyage, lui et moi découvrions avec le même plaisir la vodka au poivre … et l’échangisme entre couples !

Ces souvenirs qui se bousculent dans ma tête me confirment dans mon envie d’ajouter la cité lacustre ma géographie érotique. Et je sais déjà qu’elle restera associée à un trio dont je serais la soliste.