samedi 22 mai 2010

ORIENT EXPRESSE N° 8


« .Le lendemain la lagune »

« Le train avait franchi la nuit comme un pont. » Ceux (et peut-être celles ?) qui ont eu le bonheur de ne pas découvrir dés leur pré adolescence les films pornos sur leur console de jeux, mais ont pu construire leurs fantasmes par la lecture de quelques livres érotiques qui semblerait de la littérature pour midinette aux jeunes de notre temps mais qui leur procuraient pourtant de belles et bonnes émotions, reconnaîtront peut-être dans ces mots un pastiche d’une phrase de « Emmanuelle ». L’auteur du livre avait situé dans un vol long courrier les premières scènes de son livre. La jeune femme se donnant du plaisir, masturbant son voisin, puis se faisant baiser par un autre. Quand les premières lueurs de l’aube ont coloré les vitres de ma cabine, ces mots me sont venus presque aussitôt à l’esprit. Je me remémorais aussi l’héroïne de ce livre culte dont le chemisier avait été maculé du sperme de son voisin et à qui l’hôtesse de l’air devait prêter un autre vêtement. Je n’avais pas à affronter le même problème, dans la tenue où j’avais opéré la veille au soir, je ne risquais pas de salir mes vêtements. Par contre j’embaumais le foutre et j’en sentais la trace durcie et collante sur ma poitrine sur mon cou et jusque dans mes cheveux. Enroulée dans mon drap, je me suis levée et je suis allé ouvrir la fenêtre. L’air frais est venu me gifler, c’était fort, froid, dur, et en même temps tonique et agréable. Et surtout cela allait permettre à l’odeur « d’amour chaud et de goudron » comme le chante Brassens de se dissiper. Tout le compartiment, en effet, était imprégné de cette odeur de sperme entêtante. Certes, je serais injuste de médire de la senteur épicée de cette matière dont je m’étais régalée une fois de plus. Eh oui, en un mot comme en mille, j’aime le sperme. J’en aime la texture moelleuse et onctueuse. J’en aime la chaleur douce et rassurante. J’aime le contraste entre la vigueur d’un jet éjaculatoire qui vient vous frapper le visage comme la corde d’un arc qui se détend, et la nonchalance d’une coulée qui serpente sur un sein ou sur la rondeur du ventre pour aller se perdre dans la forêt frisée. J’en aime aussi le goût, dois je dire je l’avoue ou j’en suis fière ? En tout cas cette appétence pour le jus de ces messieurs m’a permis d’en ravir plusieurs à qui personne n’avait jamais fait le cadeau d’absorber le fruit de leur plaisir. Or presque tous les hommes rêvent qu’on les boive ainsi. Je sais que pour beaucoup de femmes, le faire est une sorte de sacrifice, un geste qu’elles concèdent à leur amant. Parfois avec des difficultés à cacher leur répulsion, sinon leur haut le cœur. Certaines parviennent à grand peine à laisser leur homme jouir dans leur bouche mais sont incapable d’avaler sans nausée. Il leur faut alors aller cracher au lavabo, voire dans une serviette, ce qui, convenons en nous, a tout du tue l’amour. D’autres (je le sais par des confidences de copines ou par les récriminations d’amants) se dépêchent d’avaler comme elles le feraient d’une potion amère. Une sorte de « mauvais moment à passer ». Rien de tel chez moi. Je n’avale pas seulement pour plaire à ceux qui partagent un moment fort avec moi. Mais parce que j’aime ça. Tout simplement. D’abord j’aime sucer. J’aime les positions qu’il me faut prendre pour se faire. Tête bêche pour un bon vieux « 69 » bien de chez nous, où l’excitation de l’un(e) s’accroît de celle de l’autre. Ou à genoux devant Monsieur qui reste debout, position que tant d’hommes affectionnent et qui me plait aussi, à la seule condition que le sol soit doux à mes tendres genoux. Ou encore agenouillée sur le lit, entre les jambes écartées du monsieur, en petite chatte gourmande de cette friandise tendue et offerte à ma bouche. J’aime à en user comme d’un épi de maïs grillé, en le grignotant comme le fait un écureuil. En le mordillant même un peu, au risque de faire peur à l’homme, que je sais écartelé entre le plaisir que je lui procure et qu’il ne veut pas interrompre et la crainte séculaire de la femme castratrice. Ou comme d’une sucette, d’une barbe à papa de foire, d’un bâton glacé. Alternant les petits coups de langue qui feront durée l’opération et les grands léchouilles mouillées qui l’envelopperont des couilles au gland. Promenant ma langue dardée sur le dessous de la verge, là ou la peau est si fine, en descendant jusqu’aux bourses que je ne néglige jamais, tant j’aime sentir leur fragilité sur mes lèvres. Ou au contraire sur la face externe de la bite, avec parfois cette grosse veine noueuse sur laquelle peut se guider la langue. Bien sur le gland, qu’il soit couvert de son prépuce tendu comme la peau d’un tambour ou qu’il soit dégagé, déjà offert comme un champignon hallucinogène, est l’objet de tous mes soins. Titillé, agacé, dardé, léché, humecté, mordillé, aspiré, embrassé, il est alors prêt à être embouché. La bouche parfois distendue quand l’organe du monsieur est de bonne taille, je l’engouffre dans ma bouche. Creusant les joues, je pompe, j’aspire, je taille une pipe pour dire les choses telles qu’elles sont. J’enrobe le sexe de ma langue, Je fais glisser mes lèvres sur lui, le sortant presque entièrement avant de le reprendre, plus loin, plus fort, plus profond. Je renverse la tête en arrière pour permettre au dard d’entrer plus loin dans la gorge. Technique que je me souviens avoir lu dans un livre qui expliquait la « gorge profonde ». J’ai du être bonne élèves, mes amants m’ont souvent avoué ne jamais avoir été « bouffés aussi profond », et ils ne s’en sont jamais plaints. La bouche emplie du sexe, réduite à respirer par le nez, je sens parfois la bite presque frotter sur mon arrière gorge, il me faut alors refréner les ardeurs pénétrantes du monsieur si je ne veux pas déclencher une nausée incontrôlable. Je repositionne alors la queue bien en bouche pour reprendre ma succion. J’aime à sentir le gland qui repose sur ma langue comme sur un confortable coussin. J’aime à sentir la bite qui frémit, se tend plus encore, vibre. Avant peut-être qu’il ne le sache lui-même, je sais quand le point de non retour est arrivé pour mon partenaire. Il est arrivé que certains d’entre eux, peut-être s’étant déjà vu reproché de ne pas l’avoir fait, fassent alors mine de se retirer. Et, une fois encore, ce n’est pas seulement pour leur complaire que je maintiens leur sexe dans ma bouche. C’est aussi parce que je ressens une onde de bonheur à sentir cette bite proche de l’explosion. Et surtout à sentir, après quelques soubresauts de la bête, et souvent un râle ébaudi de son propriétaire, le jet fort, grisant, enivrant, emplissant, débordant, du foutre qui jailli. Qui inonde ma langue, ma bouche, mes gencives. Comme je soude ma bouche au ventre de l’homme, il ne peut pas reculer. Et sa bite occupant l’espace, le sperme déborde. Parfois, j’en laisse couler une partie à la commissure de mes lèvres, image qui, souvent, ravit ces messieurs. Mais toujours j’en laisse couler l’essentiel dans mon gosier. J’en savoure la texture, le goût, comme un bon vin. Je le garde un instant en bouche, à l’œnologue, avant de déglutir. Je me régale des saveurs différentes des liqueurs qu’il m’a été donné de savourer. Celle-ci plus piquante, épicée, presque agressive. Celle-là tendre, onctueuse, crémeuse, presque écœurante de douceur. L’une abondante et liquide, qui coule sur ma langue, entre mes dents, presque gouleyante. L’autre épaisse, moelleuse, que l’on a envie presque de mâcher. Oui, j’aime ce gout du sperme comme d’autres aiment le vin ou les fruits. Et, bien sur, j’en aime aussi l’odeur. Quand il m’arrive de faire jouir un homme dans mes mains, j’aime à ne pas les laver à grande eau, pour que, plus tard dans la journée, il me suffise de porte les doigts à mon nez pour retrouver le parfum de l’homme à qui j’ai fait du bien quelques heures auparavant. Quand, plus jeunes, ils nous arrivait de devoir « finir » dans un mouchoir, il m’est arrivé de substituer celui-ci après le départ de mon petit copain, pour le plaisir sensuel et interdit, de renifler l’odeur de son jus des heures après.
Mais quelle que soit mon amour pour les fragrances du sperme, il est des moments où il me faut aussi retrouver la fraicheur de mon corps et de ma peau. L’air frais m’a remis les idées en place, il me faut maintenant remettre mon corps à neuf, en tout cas autant que je peux le faire avec les moyens du bord. Pas question de bain ni de douche, bien sur, dans cet espace confiné. Le mince filet d’eau qui sourd du robinet me parait bien maigrelet, et l’eau un peu tiédasse. Je prends alors l’option « bombe d’eau thermale » et je m’asperge consciencieusement de cette eau en spray. Le visage, le cou, les épaules, les aisselles, puis les seins, en insistant sur les pointes qui réagissent en se dressant à l’agression fraiche. Puis le ventre, les hanches, les reins, les fesses. Je les écarte d’une main pour que le jet d’eau atteigne bien au fond. Attentive à me faire nette, je ne dérive pas de ma ligne de conduite, me refusant la plus petite caresse sensuelle, le plus petit titillement du doigt. J’asperge ensuite mon sexe, ma touffe, mes grandes lèvres. Là aussi, j’ouvre, j’écarte, j’entrebâille. Puis j’arrose ainsi les cuisses, les jambes, les pieds. Je laisse les gouttelettes d’eau ruisseler sur ma peau. Je dégouline. Je m’enveloppe dans une serviette, je tamponne, je sèche. Puis je prends ma bouteille d’eau de toilette, et j’en fais couler une rasade entre mes seins, la laissant descendre jusqu’à ma touffe. J’ajoute une touche sur chaque bout des seins, pour le plaisir de la morsure piquante de l’alcool sur les auréoles et les tétons qui se redressent de colère. Je retourne, toujours nue, dans le compartiment. Et c’est l’illumination. Qui n’a pas vu la lagune de Venise, au soleil levant aura du mal à comprendre l’émotion qui me saisit. C’est un gigantesque tableau de Turner qui se peint sous mes yeux. Une palette de couleurs alliant pastel et rougeoiement du soleil qui se lève. L’étendue d’eau incommensurablement calme, avec juste, au loin, quelques silhouettes de bateaux qui la traversent. Une lumière irréelle. Tamisée, transparente, irisée. Avec, au loin, encore presque embrumée, presque incertaine, l’ébauche de Venise. Je suis restée debout, nue, transie par l’air froid qui entre par la fenêtre, et pourtant incapable d’aller la refermer. Je m’empli les yeux de cette vision irréelle et unique, et je sens que les larmes coulent sur mes joues. Venise est là, à portée de vue. Dans moins d’une demi-heure nous arriverons à la gare centrale. J’ai juste le temps de m’habiller. Je sais déjà que j’irais boire un de ces cafés si noirs, si amers, si forts que savent faire les Italiens. Puis que nous irons jusqu’à la Place Saint Marc. Je veux profiter de cette ville d’un autre temps. De cette ville où faire l’amour est d’une telle évidence qu’il ne sera pas nécessaire de nous presser.


dimanche 16 mai 2010

Orient Express N°7

Deux hommes à mes mains

Une fois entrés dans la cabine, et sans que j’ai eu besoin de l’exprimer par des mots, il semble acquis que c’est à moi de prendre la direction des opérations. « Il » s’est assis sur la banquette, et son compère qui s’était arrêté, un instant à sa propre cabine l’a rejoint presque aussitôt, les bras chargés d’une bouteille et de trois petits verres. Comme j’ai signifié d’un geste que je ne partagerais pas leur digestif, il a servi emplit deux verre de ce que j’identifie comme un vieux cognac tandis que, restée debout, j’entreprends de m’effeuiller pour eux. D’abord relever la robe pour atteindre les jarretelles, défaire celles-ci, puis faire rouler sensuellement les bas jusqu’aux pieds. A l’excitation que le crissement des ongles sur le nylon me procure, je peux comprendre que peu d’homes résistent à cette opération. Surtout que, garce jusqu’au bout, je fais cadeau à chacun de mes admirateurs d’un bas encore chaud de mon corps et plein de mon odeur femelle. Ne portant plus aucun sous-vêtement, le strip-tease sera nécessairement rapide, faute d’éléments à enlever. Il ne me reste donc qu’à me retourner, à passer les mains dans mon dos pour baisser la fermeture à glissière, puis à laisser tomber la robe sur le sol, « comme une écorce d’orange sur le parquet ciré » comme le chantait Yves Montand. Je leur laisse le temps d’admirer comme il convient – et comme il le mérite ! – mon coté pile, je dénoue mes cheveux pour les laisser tomber en cascade sur mes épaules, puis je me retourne d’un bloc pour leur présenter, mains nouées derrière la nuque, mon coté pile. Les seins dressés, le ventre plat, le sexe juste orné de son étroite bande de poils noirs et drus, les cuisses longues. Qu’ils s’en emplissent les yeux, la chaleur de leurs regards met du soleil sur mon corps offert.

Ils regardent, sagement, comme deux enfants sur les bancs de l’école. Sauf qu’ils ont aussi un verre à la main et se sont allumé chacun un cigare, reproduisant à merveille une scène de ces cabinets particuliers où des messieurs bien habillés se régalaient des formes de femmes vénales. Ou bien ce fameux tableau de Manet, « le déjeuner sur l’herbe »présentant une femme nue devant deux hommes habillés. Mais il est clair que je ne leur imposerait pas de rester ainsi engoncés dans leurs vêtements, sure qu’au moins au niveau de leurs bas ventre, la compression doit commencer à être pénible. Je m’approche alors d’eux, je m’agenouille, et leur susurre : « maintenant je vous veux hommes – objets, messieurs » Et sans attendre qu’ils acquiescent, je dénoue successivement la cravate de l’un puis de l’autre, avant de m’attaquer à leurs chemises. D’abord celle de mon inconnu, dégageant bouton après bouton un torse orné d’une bande de poils noirs frisés, dans lesquels je fourre mon nez avec délice, y retrouvant sans étonnement la fragrance du vétiver. Quand au torse de l’autre, je le sis glabre, et je sais aussi qu’il suffira d’un baiser sur chaque téton pour les faire se durcir Je m’attaque ensuite aux ceintures, jouant à les faire glisser dans les passants, avec ce bruit qu’il m’est arrivé de trouver si sensuel quand « il » retirait ainsi sa ceinture de cuir noir dont il allait me flageller le cul. Je me relève en le tenant en main, et je la fait claquer trois fois sur mes fesses, à la volée. Puis, pour en pas faire de jaloux, je pratique de même avec la ceinture fauve de l’inconnu. Il ne me reste qu’à me retourner pour leur offrir la vue de mon postérieur marqué de la trace des morsures du cuir. Et, pour faire bon poids, je me penche pour qu’ils découvrent aussi la raie de mes fesses et l’ouverture déjà béante de mon sexe que je sais déjà couvert de rosée. Sans que j’ai eu besoin de les solliciter, ils se sont levés et se sont débarrassés de leurs pantalons. L’inconnu porte un caleçon dont la braguette a du mal à contenir l’érection de son sexe. L’autre – je souris en constatant qu’il n’a pas changé ses habitudes, est resté fidèle au slip qui cache mal le même état du sien. Décidée à donner la priorité au dernier arrivant, j’ouvre le bouton du sous-vêtement et aide la bite à en jaillir. J’en caresse la peau tendue et en apprécie en connaisseuse la rigidité, et j’honore d’une pichenette de la langue le gland déjà en partie découvert. Puis je masse le sexe de l’autre au travers du tissu, l’aidant à se développer encore, pour mieux profiter de la promesse contenue dans cette déformation que je sais devenir quasiment douloureuse. Mais je ne la libère pas encore, retournant à l’autre bite, passant mes mains par les jambes du caleçon pour aller à la découverte à l’aveugle des bourses volumineuses et massives. Je laisse mes doigts jouer avec la toison que je devine drue, je soupèse le paquet de la paume, et, se faisant, je laisse glisser un doigt un peu plus loin, vers cette partie si tendre, si fragile, si sensible, entre l’arrière des couilles et les abords du trou du cul. Puis ma bouche repart s’activer sur l’autre bosse. Cette fois c’est sur les fesses que mes mains se plaquent, se glissant sous le slip, tandis que je salive abondamment sur la prééminence de ce vit qui peine de plus en plus à tenir dans son écrin. Je tête ainsi son sexe au travers du tissu, constatant l’humidité qui en sourd. Compatissante quand même à la torture que doit constituer l’emprisonnement d’un vit aussi bandé, je le libère en tirant brusquement le slip vers le bas. La bite en jaillit littéralement, venant claquer contre son ventre comme la corde d’un arc. Je retrouve avec plaisir cette érection de fer dont j’ai tant de souvenirs mouillants. Respectueuse d’une stricte égalité des traitements, je fais faire au caleçon de son compère le même mouvement, libérant ainsi une deuxième bite tout aussi dressée que la première. Et me voilà donc à genoux, devant ces deux messieurs nus, les sexes tendus à l’extrême. Celui de l’inconnu, que je découvre, est plus râblé, plus court, mais aussi plus large que l’autre que je connais de mémoire. Une bite d’une couleur presque brique, d’où émerge un gland qui tire sur le violet, entouré d’une sorte de col roulé de peau brune, et surmontant des bourses elles aussi colorées, et si grosses qu’elles empliraient presque ma main ouverte. Son sexe à « lui » est plus effilé, plus long, plus fin. Il me revient en mémoire que nous avions joué un jour à le mesurer, et sa joie presque enfantine quand il avait découvert, sur je ne sais quel site Internet, que ces 18 centimètres le mettait dans les dix pour cents des hommes le mieux pourvus en longueur. Je me souviens aussi de notre fou rire quand à ce « 18 » de longueur il avait associé un « 14 » de circonférence. « Les dates de la grande guerre » avait il remarqué, avant d’ajouter que cela valait mieux pour moi que celles de la seconde guerre mondiale. Je retrouve aussi la peau si douce, presque cirée, si fine, avec son réseau de petites veines bleues et aussi cette grosse veine turgescente qui coure de la base jusqu'au gland, et que j’aimais tant suivre du doigt comme la ligne d’un fleuve. Ses couilles pendent un peu plus que con confrère, me permettant de les caresser doucement, de jouer alternativement avec l’une puis l’autre, de retrouver l’asymétrie, la droite plus basse que la gauche, celle-ci remontant au fur et à mesure de son excitation. Quand je tire sur les deux prépuces, celui de l’inconnu libère ipso facto le gland violacé, se décalottant avec aisance, alors que le sien reste plus à l’étroit, plus confiné, plus caché. Je sais d’expérience qu’il ne sortira complètement de son enveloppe que lors de la pénétration, et je veille à ne le solliciter que jusqu’à la limite de la souffrance.
Dans mon enfance, peut-être gauchère contrariée, on m’a parfois qualifiée d’ambidextre. Et aussi parfois accusée « d’avoir deux mains gauches ». Je profite de cette heureuse disposition pour dispenser à mes deux partenaires les mêmes traitements, en parallèle. Les mains ouvertes qui flattent les fesses, je sais d’expérience que les hommes, même s’ils en conviennent rarement, adorent qu’on leur caresse ainsi le derrière. Les index qui explorent les vallées d’entre les fesses, qui font d’abord mine d’éviter les petits trous, pour rejoindre plus vite la naissance des couilles, avant de se reprendre, de rebrousser chemin, de revenir à ces trous que les hommes ont tellement de mal à admettre aimer qu’on les titille. A faire mine de les découvrir, presque étonnée. D’en faire juste le tour, en curieuse respectueuse. Puis de juste en tester la résistance à l’intromission. Et, constatant qu’elle n’est que de principe, et que ce que la tête prétend refuser, l’anus ne demande qu’à en profiter, les doigts s’immiscent. Pénètrent, forcent l’entrée, s’imposent, s’introduisent. Je sens les corps se raidir. Les respirations s’accélérer, les fesses se serrer, tenter de s’opposer au viol. Mais j’ai décidé d’être maîtresse. Je ne renonce pas, bien au contraire. J’enfonce les doigts plus loin, plus fort, presque avec violence. Ah mais, messieurs, il faudrait voir à être cohérents. A ce que je sache, vous ne détestez pas nous prendre par là n’est-ce pas ? Et bien souvent, que se soit à cause des réticences des dames ou pour des raisons strictement physiques en termes de tailles, il vous faut quelque peu forcer le passage et vous imposer. Du reste ne vous est-il pas arrivé, dans l’enthousiasme d’une pénétration jouissive pour vous, de vous écrier que vous alliez « nous défoncer » ? N’est ce pas justice que, pour une fois, ce soit votre cul qui soit forcé, défoncé, enculé ? De plus, quoique vous en pensiez consciemment, les soubresauts de vos queues ne laissent aucun doute sur les sensations causées par ces doigts qui pénètrent vos fondements. Je crains même un instant, devant les tremblements convulsifs de la bite de l’un d’entre vous, qu’elle n’exprime trop vite son contentement. Eh oui, messieurs, fûtes bien proche de jouir de cet enculage manuel. Il faudra vous faire à cette idée. Aussi hétéros que vous soyez, votre cul ne déteste pas d’être pénétré. Et c’est un euphémisme !

Mais il n’est de bonne compagnie qui ne s’achève. Mes doigts quittent leurs refuges. Je sais déjà que je pourrais, tout à l’heure, m’enivrer des senteurs poivrées qui s’y seront déposées. S’empoigne alors à pleine main les deux bites maintenant tendues à l’extrême. Je sais, je sens, qu’elles ne tiendront plus longtemps avant que d’exploser. Mais là aussi je veux être à l’origine de la chose. Il ne me reste plus qu’à branler bien franchement les queues que j’ai en mains. Pour l’une, en faisant glisser le prépuce sur le gland. Découvert, recouvert, découvert à nouveau. Avec, à chaque aller et retour, la sensation de cette excroissance qui m’oblige à élargir le cercle de mes doigts. De ce gland charnu, véritable champignon au bout de sa tige. Pour l’autre, je ne décalotte qu’à demi, préférant faire glisser les doigts sur la peau tendue à l’extrême, réduite à une pellicule quasi translucide, persillée de veinules bleues formant comme le réseau d’un fleuve et de ses affluents. Pour faciliter le mouvement de coulissage, j’humidifie mes doigts d’un peu de salive. Puis, considérant que la lubrification n’est pas assez glissante à mon gout, je vais chercher au creux de moi – même l’onctueuse huile qui oint de ma chatte. Ainsi le mouvement de haut en bas de ma main prend son rythme naturel. La bite frémit sous mes doigts, nerveuse, noueuse, alliant grâce et dureté, quasi violence et fragilité. Par instant, je lâche une des queues pour la transformer en bâton de glace à sucer. Ma langue commence son voyage aux couilles, et remonte à grandes lèches mouillées jusqu’au gland. Elle agace celui-ci, l’entoure, le titille. Puis ma bouche se fait avaleuse. Elle tente d’introduire les couilles en elle, devant y renoncer pour l’un des deux au vu de la taille de la chose. Mais elle se venge en engouffrant la tête de la bite jusqu’à la garde. Aspiration, succion, mordillements. La bite est tenue entre mes lèvres, puis quasiment avalée, jusqu’à presque buter contre le fond de ma gorge. Je pompe jusqu’à ce que le tressaillement de la queue me fasse craindre le jaillissement que je n’ai pas décidé d’accueillir dans ma bouche, ne pouvant y placer les deux bites en même temps. Alors je relâche la pression, je laisse la bite reprendre son souffle, je lui accorde quelques instants de tranquillités. Ma main reste seulement posée sur elle, ou sur les couilles qui l’accompagnent. Alors que l’autre s’active d’autant plus sur le sexe de l’autre, ou que ma bouche, passant de l’une à l’autre, viennent sucer aussi celle-là. Mes deux victimes, oh combien consentantes, expriment leur approbation de mes manières par quelques grognements de satisfaction. L’un d’eux a tenté de saisir mes cheveux pour imposer son rythme à ma fellation. Mais, rebelle, j’ai secoué ma crinière pour lui signifier qu’il n’en est pas question. En d’autres circonstances, une main impérieuse plaquant ma bouche sur une queue fière et exigeante a pu couronner la pipe. Mais aujourd’hui, une fois encore, c’est moi, et moi seule, qui décide du rythme et du tempo. Et quand je sens, dans mes mains, sur mes lèvres, sur la langue, qu’ils ne vont plus tenir longtemps sans conclure par un feu d’artifice jaillissant, je décide d’y mettre moi-même le feu. Mes deux mains accélèrent le rythme. Je branle à tout va. A grands coups de poignets. A m’en donner des crampes. J’accompagne mon mouvement de « han » de bucheron. D’un mouvement de tout le corps, qui fait balancer mes seins comme des cloches. Je voudrais avoir trois mains pour pouvoir me branler en même temps qu’eux. Ma chatte est brûlante, ruisselante, béante. Je sens l’orgasme qui nait, là, tout au fond de moi, au creux de mon ventre. Je lève la tête, mon regard croise les leurs. Leurs yeux m’implorent d’aboutir. Les miens leur accordent. J’incline les deux queues vers moi, et j’accélère encore le rythme de mon astiquage. C’est l’inconnu qui cède le premier. Sa bite semble sur le point d’éclater, elle se tend, tressaute, et soudain laisse échapper de grandes lampées de sperme chaud qui s’écrasent sur ma poitrine puis maculent mon visage. La vision de ces longues trainées blanchâtres déclenche la jouissance de l’autre, qui lui aussi éjacule violemment. Là aussi, je dirige le jet vers mon visage. Le premier jet m’inondant les lèvres entrouvertes, les autres mêlant leur jus à celui du premier sur mes seins. J’abandonne alors ces deux bites qui ont remplis leur office, et j’étale largement les crèmes onctueuses sur mes seins, sur mon ventre, sur mon nombril. Je mélange ainsi leur jouissance, les unissant sur moi. Ma main droite se crispe sur mon sein, à lui faire mal. L’autre est déjà entre mes cuisses, à la recherche de mon bouton. Mais à peine l’ai-je touché de mes doigts gluant de sperme que l’orgasme explose, m’anéantit, me casse. Je jouis dans un râle brutal. La tête renversée, les yeux écarquillés, les cuisses écartées. Impudique, animale, démesurée. De longs tremblements parcourent mon corps. Comme les vagues qui viennent mourir les unes après les autres sur la plage, après la tempête. Avec peine je me remets sur mes genoux, et trouve juste la force de dire à mes deux merveilleux amants :

« Maintenant partez, je vous retrouve demain à Venise, là nous ferons l’amour. »

Et je me jette sur la banquette, nue, roulée en boule, fœtale, la tête entre mes bras. Je ne les vois ni les entends partir. Je ne me soucie pas de la fermeture de la porte. Je sombre dans le sommeil. Demain, à Venise, nous ferons l’amour.