samedi 22 mai 2010

ORIENT EXPRESSE N° 8


« .Le lendemain la lagune »

« Le train avait franchi la nuit comme un pont. » Ceux (et peut-être celles ?) qui ont eu le bonheur de ne pas découvrir dés leur pré adolescence les films pornos sur leur console de jeux, mais ont pu construire leurs fantasmes par la lecture de quelques livres érotiques qui semblerait de la littérature pour midinette aux jeunes de notre temps mais qui leur procuraient pourtant de belles et bonnes émotions, reconnaîtront peut-être dans ces mots un pastiche d’une phrase de « Emmanuelle ». L’auteur du livre avait situé dans un vol long courrier les premières scènes de son livre. La jeune femme se donnant du plaisir, masturbant son voisin, puis se faisant baiser par un autre. Quand les premières lueurs de l’aube ont coloré les vitres de ma cabine, ces mots me sont venus presque aussitôt à l’esprit. Je me remémorais aussi l’héroïne de ce livre culte dont le chemisier avait été maculé du sperme de son voisin et à qui l’hôtesse de l’air devait prêter un autre vêtement. Je n’avais pas à affronter le même problème, dans la tenue où j’avais opéré la veille au soir, je ne risquais pas de salir mes vêtements. Par contre j’embaumais le foutre et j’en sentais la trace durcie et collante sur ma poitrine sur mon cou et jusque dans mes cheveux. Enroulée dans mon drap, je me suis levée et je suis allé ouvrir la fenêtre. L’air frais est venu me gifler, c’était fort, froid, dur, et en même temps tonique et agréable. Et surtout cela allait permettre à l’odeur « d’amour chaud et de goudron » comme le chante Brassens de se dissiper. Tout le compartiment, en effet, était imprégné de cette odeur de sperme entêtante. Certes, je serais injuste de médire de la senteur épicée de cette matière dont je m’étais régalée une fois de plus. Eh oui, en un mot comme en mille, j’aime le sperme. J’en aime la texture moelleuse et onctueuse. J’en aime la chaleur douce et rassurante. J’aime le contraste entre la vigueur d’un jet éjaculatoire qui vient vous frapper le visage comme la corde d’un arc qui se détend, et la nonchalance d’une coulée qui serpente sur un sein ou sur la rondeur du ventre pour aller se perdre dans la forêt frisée. J’en aime aussi le goût, dois je dire je l’avoue ou j’en suis fière ? En tout cas cette appétence pour le jus de ces messieurs m’a permis d’en ravir plusieurs à qui personne n’avait jamais fait le cadeau d’absorber le fruit de leur plaisir. Or presque tous les hommes rêvent qu’on les boive ainsi. Je sais que pour beaucoup de femmes, le faire est une sorte de sacrifice, un geste qu’elles concèdent à leur amant. Parfois avec des difficultés à cacher leur répulsion, sinon leur haut le cœur. Certaines parviennent à grand peine à laisser leur homme jouir dans leur bouche mais sont incapable d’avaler sans nausée. Il leur faut alors aller cracher au lavabo, voire dans une serviette, ce qui, convenons en nous, a tout du tue l’amour. D’autres (je le sais par des confidences de copines ou par les récriminations d’amants) se dépêchent d’avaler comme elles le feraient d’une potion amère. Une sorte de « mauvais moment à passer ». Rien de tel chez moi. Je n’avale pas seulement pour plaire à ceux qui partagent un moment fort avec moi. Mais parce que j’aime ça. Tout simplement. D’abord j’aime sucer. J’aime les positions qu’il me faut prendre pour se faire. Tête bêche pour un bon vieux « 69 » bien de chez nous, où l’excitation de l’un(e) s’accroît de celle de l’autre. Ou à genoux devant Monsieur qui reste debout, position que tant d’hommes affectionnent et qui me plait aussi, à la seule condition que le sol soit doux à mes tendres genoux. Ou encore agenouillée sur le lit, entre les jambes écartées du monsieur, en petite chatte gourmande de cette friandise tendue et offerte à ma bouche. J’aime à en user comme d’un épi de maïs grillé, en le grignotant comme le fait un écureuil. En le mordillant même un peu, au risque de faire peur à l’homme, que je sais écartelé entre le plaisir que je lui procure et qu’il ne veut pas interrompre et la crainte séculaire de la femme castratrice. Ou comme d’une sucette, d’une barbe à papa de foire, d’un bâton glacé. Alternant les petits coups de langue qui feront durée l’opération et les grands léchouilles mouillées qui l’envelopperont des couilles au gland. Promenant ma langue dardée sur le dessous de la verge, là ou la peau est si fine, en descendant jusqu’aux bourses que je ne néglige jamais, tant j’aime sentir leur fragilité sur mes lèvres. Ou au contraire sur la face externe de la bite, avec parfois cette grosse veine noueuse sur laquelle peut se guider la langue. Bien sur le gland, qu’il soit couvert de son prépuce tendu comme la peau d’un tambour ou qu’il soit dégagé, déjà offert comme un champignon hallucinogène, est l’objet de tous mes soins. Titillé, agacé, dardé, léché, humecté, mordillé, aspiré, embrassé, il est alors prêt à être embouché. La bouche parfois distendue quand l’organe du monsieur est de bonne taille, je l’engouffre dans ma bouche. Creusant les joues, je pompe, j’aspire, je taille une pipe pour dire les choses telles qu’elles sont. J’enrobe le sexe de ma langue, Je fais glisser mes lèvres sur lui, le sortant presque entièrement avant de le reprendre, plus loin, plus fort, plus profond. Je renverse la tête en arrière pour permettre au dard d’entrer plus loin dans la gorge. Technique que je me souviens avoir lu dans un livre qui expliquait la « gorge profonde ». J’ai du être bonne élèves, mes amants m’ont souvent avoué ne jamais avoir été « bouffés aussi profond », et ils ne s’en sont jamais plaints. La bouche emplie du sexe, réduite à respirer par le nez, je sens parfois la bite presque frotter sur mon arrière gorge, il me faut alors refréner les ardeurs pénétrantes du monsieur si je ne veux pas déclencher une nausée incontrôlable. Je repositionne alors la queue bien en bouche pour reprendre ma succion. J’aime à sentir le gland qui repose sur ma langue comme sur un confortable coussin. J’aime à sentir la bite qui frémit, se tend plus encore, vibre. Avant peut-être qu’il ne le sache lui-même, je sais quand le point de non retour est arrivé pour mon partenaire. Il est arrivé que certains d’entre eux, peut-être s’étant déjà vu reproché de ne pas l’avoir fait, fassent alors mine de se retirer. Et, une fois encore, ce n’est pas seulement pour leur complaire que je maintiens leur sexe dans ma bouche. C’est aussi parce que je ressens une onde de bonheur à sentir cette bite proche de l’explosion. Et surtout à sentir, après quelques soubresauts de la bête, et souvent un râle ébaudi de son propriétaire, le jet fort, grisant, enivrant, emplissant, débordant, du foutre qui jailli. Qui inonde ma langue, ma bouche, mes gencives. Comme je soude ma bouche au ventre de l’homme, il ne peut pas reculer. Et sa bite occupant l’espace, le sperme déborde. Parfois, j’en laisse couler une partie à la commissure de mes lèvres, image qui, souvent, ravit ces messieurs. Mais toujours j’en laisse couler l’essentiel dans mon gosier. J’en savoure la texture, le goût, comme un bon vin. Je le garde un instant en bouche, à l’œnologue, avant de déglutir. Je me régale des saveurs différentes des liqueurs qu’il m’a été donné de savourer. Celle-ci plus piquante, épicée, presque agressive. Celle-là tendre, onctueuse, crémeuse, presque écœurante de douceur. L’une abondante et liquide, qui coule sur ma langue, entre mes dents, presque gouleyante. L’autre épaisse, moelleuse, que l’on a envie presque de mâcher. Oui, j’aime ce gout du sperme comme d’autres aiment le vin ou les fruits. Et, bien sur, j’en aime aussi l’odeur. Quand il m’arrive de faire jouir un homme dans mes mains, j’aime à ne pas les laver à grande eau, pour que, plus tard dans la journée, il me suffise de porte les doigts à mon nez pour retrouver le parfum de l’homme à qui j’ai fait du bien quelques heures auparavant. Quand, plus jeunes, ils nous arrivait de devoir « finir » dans un mouchoir, il m’est arrivé de substituer celui-ci après le départ de mon petit copain, pour le plaisir sensuel et interdit, de renifler l’odeur de son jus des heures après.
Mais quelle que soit mon amour pour les fragrances du sperme, il est des moments où il me faut aussi retrouver la fraicheur de mon corps et de ma peau. L’air frais m’a remis les idées en place, il me faut maintenant remettre mon corps à neuf, en tout cas autant que je peux le faire avec les moyens du bord. Pas question de bain ni de douche, bien sur, dans cet espace confiné. Le mince filet d’eau qui sourd du robinet me parait bien maigrelet, et l’eau un peu tiédasse. Je prends alors l’option « bombe d’eau thermale » et je m’asperge consciencieusement de cette eau en spray. Le visage, le cou, les épaules, les aisselles, puis les seins, en insistant sur les pointes qui réagissent en se dressant à l’agression fraiche. Puis le ventre, les hanches, les reins, les fesses. Je les écarte d’une main pour que le jet d’eau atteigne bien au fond. Attentive à me faire nette, je ne dérive pas de ma ligne de conduite, me refusant la plus petite caresse sensuelle, le plus petit titillement du doigt. J’asperge ensuite mon sexe, ma touffe, mes grandes lèvres. Là aussi, j’ouvre, j’écarte, j’entrebâille. Puis j’arrose ainsi les cuisses, les jambes, les pieds. Je laisse les gouttelettes d’eau ruisseler sur ma peau. Je dégouline. Je m’enveloppe dans une serviette, je tamponne, je sèche. Puis je prends ma bouteille d’eau de toilette, et j’en fais couler une rasade entre mes seins, la laissant descendre jusqu’à ma touffe. J’ajoute une touche sur chaque bout des seins, pour le plaisir de la morsure piquante de l’alcool sur les auréoles et les tétons qui se redressent de colère. Je retourne, toujours nue, dans le compartiment. Et c’est l’illumination. Qui n’a pas vu la lagune de Venise, au soleil levant aura du mal à comprendre l’émotion qui me saisit. C’est un gigantesque tableau de Turner qui se peint sous mes yeux. Une palette de couleurs alliant pastel et rougeoiement du soleil qui se lève. L’étendue d’eau incommensurablement calme, avec juste, au loin, quelques silhouettes de bateaux qui la traversent. Une lumière irréelle. Tamisée, transparente, irisée. Avec, au loin, encore presque embrumée, presque incertaine, l’ébauche de Venise. Je suis restée debout, nue, transie par l’air froid qui entre par la fenêtre, et pourtant incapable d’aller la refermer. Je m’empli les yeux de cette vision irréelle et unique, et je sens que les larmes coulent sur mes joues. Venise est là, à portée de vue. Dans moins d’une demi-heure nous arriverons à la gare centrale. J’ai juste le temps de m’habiller. Je sais déjà que j’irais boire un de ces cafés si noirs, si amers, si forts que savent faire les Italiens. Puis que nous irons jusqu’à la Place Saint Marc. Je veux profiter de cette ville d’un autre temps. De cette ville où faire l’amour est d’une telle évidence qu’il ne sera pas nécessaire de nous presser.


1 commentaire:

  1. salut pour une première visite je dirai que ton blog est super je reviendrai.bon soirée

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