samedi 15 mai 2010

Orient Express N°6

ORIENT EXPRESS
N°6
Un train, un repas et une lune.

De nouveau l’enfilade du couloir, les wagons, la traversée du bar où quelques couples prennent le café ou des alcools, confortablement installés dans ces fauteuils où était assis tout à l’heure mon inconnu. Sur les tabourets où je m’étais juchée trois hommes d’âge mur et deux filles plus jeunes, court vêtues, ce qui laisse voir haut leurs cuisses. Je suis mon guide jusqu’aux premières tables du restaurant. Bruit des couverts, brouhaha des conversations, et, en fond sonore, les notes d’un piano – bar. Mon guide se tourne vers moi et m’indique : « votre table est au fond, à droite » et il s’efface. Il me faut donc traverser tout le long wagon, dans cette allée entre les deux rangées de tables. L’a-t-« Il » fait exprès pour que je sente les regards sur moi, sur mes fesses gainées dans ma robe moulante ? Bien sur, je sais qu’elle n’est pas assez fine pour que l’absence de culotte puisse se deviner. Mais je ressens quand même, comme à chaque fois qu’il m’est arrivé de sortir ainsi nue sous une robe ou une jupe, cette petite tension, à mi chemin entre l’angoisse et le plaisir, entre la peur et la fierté. Je découvre les convives, presque tous des couples. Les hommes sont habillés avec élégance, voire avec classe. Costumes, cravates, quelques nœuds papillons, quelques écharpes blanches un peu rétro mais tellement stylées. Certaines femmes portent des robes longues. D’autres des modèles moins « couture » mais presque toutes élégantes. Je remarque quelques décolletés plongeants. Je souris intérieurement en pensant que le serveur, stylé et compassé, ne doit pas en manquer une miette quand il se penche vers ces dames pour les servir. La robe que j’ai passée ne dévoile pas autant ma poitrine, mais je sais qu’elle la moule et en révèle la rondeur et la générosité. Du reste quelques regards égrillards de messieurs et quelques grimaces proches de la haine des dames qui les accompagnent me le confirment. Au bout de wagon, une sorte de grille en fer forgé, un peu du style des stations de métro parisien, sur laquelle grimpe une plante verte isole un espace qui fait en quelque sorte pendant au bar de l’autre coté. Je comprends qu’il me faut la dépasser, et je découvre une table ronde où sont déjà assis deux messieurs. D’une certaine manière, je suis à peine étonnée. Les choses m’apparaissent presque naturelles. Je vais dîner avec un amant que j’ai quitté depuis plus de cinq ans et un homme que je n’avais jamais vu avant aujourd’hui et qui, tout les deux, m’ont fait jouir comme je n’avais pas joui depuis longtemps. Comment pourrai-je m’en plaindre ? Et pourquoi feindrai-je l’étonnement ? Après tout depuis que j’ai mis les pieds dans ce train j’ai accepté d’être dans une sorte de monde parallèle, que je savais an fond de moi être voué aux plaisirs et au sexe. Et j’ai bien l’intention d’y demeurer.
A mon arrivée, ils se lèvent tout les deux galamment, et, jouant parfaitement leur rôle de messieurs distingués dans un train qui respire les bonnes manières d’antan, ils me font tour à tour un baisemain quelque peu suranné mais tellement distingué. Et jusqu’à la fin du repas – par ailleurs de qualité – ils ne se dépareront jamais ni l’un ni l’autre de leur distinction presque exagérée, de leur politesse exquise, et de leur galanterie affectée. Mais en même temps, profitant de notre relatif isolement et du bruit de fond qui l’accroit, leurs mots vont jouer la contradiction et le paradoxe. Plus les locuteurs seront corrects, plus leurs mots seront crus :
« Notre ami m’avait souvent parlé de votre cul, chère madame, mais il était en deçà de la vérité. Il est peut-être des postérieurs qui peuvent disputer la palme de la beauté et de la générosité avec le votre. Mais j’en connais peu qui aime autant la bite. Il ne m’avait pas dit à quel point votre petit trou était accueillant et gourmand. Si c’était pour m’en faire la surprise, je vous en remercie, mon cher, cela a été vraiment fort agréable d’enculer cette belle dame. »
« Ho, mon cher, je ne vous avais jamais promis de tout vous révéler avant votre rencontre. Du reste, les talents et les aptitudes de la belle sont si divers que j’aurais toujours été en dessous de la vérité. Et puis je ne pouvais deviner que vous choisiriez spontanément de l’enfiler par là. Vous eussiez pu préférer la baiser de manière plus conventionnelle, et je gage que vous n’auriez pas été déçu non plus. Elle est tout aussi bonne par devant que par derrière, je vous l’assure. »
Et ils poursuivent leur conversation, dont je reste le seul sujet, multipliant les louanges à mon égard, mais sans jamais renoncé à appeler un chat un chat, et pour l’heure une chatte une chatte.
Bien sur son petit trou est délicieux, mais vous découvrirez que sa chatte l’est au moins autant. J’ai encore sur les lèvres le souvenir de son gout, un mélange d’épices et de miel de grand cru. Il est vrai qu’elle aime qu’on la lèche et qu’on boive son suc, qui est un vrai nectar.
Ils ne s’arrêtent pas de parler ainsi de moi et de mes charmes, même quand le serveur apporte les plats. Il reste impassible, mais il ne peut pas ne pas entendre et ne pas comprendre. Ils continuent ainsi à parler de moi comme d’une bête à plaisirs, comme d’un objet sexuel, peut-être comme d’une putain. Je devrais être outrée, choquée, humiliée, honteuse. Et non. Encore une fois il me semble que tout se déroule dans la normalité. J’ai montré mon cul à celui-ci, il en exprime son contentement, et j’en suis heureuse et fière. Celui-là vante les qualités que l’autre n’a pas encore découvertes, et je sais déjà qu’il ne tardera pas à le faire. Pourtant je ne me sens pas dominée et soumise. Si l’un et l’autre ont joué de cette corde plus tôt, rien dans leur attitude ne reprend celles de dominateurs en présence d’une soumise. Du reste « Il » veille à ce que je ne reste pas coite et à ce que je participe à la conversation, et je ne m’en prive pas :
« Mais peut-être mon ami a-t-il eu le bonheur de gouter ton petit trou avant de l’investir ma chérie ? Il me semble que tu aimes que la langue prépare ainsi le terrain pour la bite. »
« Hélas non, monsieur n’a pas eu cette prévenance, mais je l’en excuse volontiers, l’investissement de ses doigts dans mon fondement a suffit à préparer la route à un sexe pourtant de belle taille à ce que j’en ai senti »
« C’est aussi que votre rondelle si joliment présentée entre vos fesses puissante m’a trop donnée envie de vous la défoncer pour que je prenne le temps d’y mettre la langue. Espérons que ce n’est que partie remise. »
« Au moins, avez-vous prit le temps d’apprécier les lolos de la belle, mon ami ? Ces deux globes s’entendent à merveille quand il s’agit d’abriter une bite bien dressée. Nuls n’ont leur pareil dans la pratique de la cravate de notaire, je vous en réponds. »
« J’en ai apprécié la ferme douceur, et mes doigts on été ravis d’en triturer les tétons, mais j’avoue ne pas avoir pris non plus le temps ni de les admirer des yeux, ni de leur rendre hommage de la bouche. »
« Il est dommage que tu ai choisis une robe qui ne te permette pas de nous les faire admirer tout de suite. Mais au moins pourrais-tu laisser tes nénés un peu plus libres, que nous profitions de leurs balancements ? »
Il n’a pas besoin d’en dire plus. Sans cesser de sourire, je passe la main par le col de ma robe, dans le dos, j’atteins l’agrafe du soutif et je l’ouvre. Je n’ai jamais compris pourquoi les hommes avaient autant de mal à ouvrir un soutien gorge, j’y arrive très bien avec seulement deux doigts et dans le dos ! Puis, fort tranquillement, je passe l’objet par ma manche et je le pose sur la table. D’un commun accord ils semblent décidés à le laisser là. Je me permets cependant de suggérer :
« Si vous pouviez ne pas l’abandonner, puisque j’ai retrouvé le slip coordonné, autant garder aussi celui-ci. »
Ils ont le bon gout d’en rire, et l’inconnu de faire disparaitre la sous vêtement dans sa poche. Mais, visiblement, cela ne suffit pas à son bonheur :
« Bien sur, votre effort permet de mieux apprécier les formes de vos seins, et je m’en félicite. Mais il reste que je n’ai toujours profité que de votre revers, or si j’en crois ce que m’en dit notre ami ici présent, l’endroit veut bien l’envers »
«Mais je vous le présenterais avec plaisir dés que nous aurons rejoint un lieu un peu plus discret »
«Ne craignez vous pas que dans ce cas nous devions bâcler la fin de ce repas qui s’annonce délicieux ? Je suis certain que vous pouvez me faire profiter, ne serait-ce que subrepticement, d’une vue charmante entre deux plats. »
Je dois avouer qu’il sait aussi bien « demander » par la voix qu’il ne sait le faire par le geste. Comment refuser une demande aussi délicate ? J’acquiesce donc d’un mouvement de tête ? Je laisse le serveur débarrasser la table, le gratifiant d’un sourire carnassier, puis je me lève, comme si je devais me rendre aux toilettes. J’avance vers le fond du wagon, mais arrivée à la porte je me retourne, j’attrape le bas de ma robe et je la retrousse au dessus de ma taille. Je plante mon regard dans les yeux de l’inconnu, et je m’avance lentement vers la table, jusqu’à mettre littéralement ma chatte sous son nez. Il a l’élégance de s’en rendre compte, de l’approcher plus encore de ma touffe, de la humer avec un sourire radieux, puis de se tourner vers « lui » en disant :
« Vous aviez raison, mon cher, elle a une chatte tout à fait agréable, et d’un parfum subtil. Bien qu’à l’évidence elle soit passée par la salle de bain, son sexe sent l’amour et presque le foutre. »
Je m’autorise à remarquer, tout en laissant retomber ma robe sachant que le serveur va revenir bientôt :
« Et pourtant, messieurs, ni l’un ni l’autre d’entre vous ne ma fait le cadeau d’une belle aspersion de vos jus. Mais je gage que vous aurez à cœur de réparer cet oubli sans trop tarder, ma peau réclame sa crème de beauté »
Ni l’un ni l’autre je juge utile de répondre ou de promettre, mais le brillant de leurs regards me laisse croire que la perspective de m’asperger leur sied. Et c’est « lui » qui reprend :
« Mais je constate que tu te coiffe la chatte maintenant ? Naguère il me semble que tu avais pour habitude de la laisser en jachère. »
« Et il me semble que ma pilosité ne te rebutait pas, tu m’avais même conseillé de ne pas épiler mes aisselles il me semble. Mais un autre ami ne partageait pas tes gouts en matière de poils, et il ma amené à une chatte toute lisse »
L’inconnu tient à apporter son avis sur la question :
« Je ne suis pas fan des sexes ressemblant à ceux des gamines. Mais parfois, un petit abricot tout lisse peut avoir du charme. Le cunnilingus en a un autre gout. »
« C’était l’avis de cet ami, en effet. Et je dois dire qu’il avait une science de la langue assez remarquable. Mais comme je ne tenais pas trop à user du rasoir aussi régulièrement que les messieurs pour leur menton, il s’est vite plaint qu’à la repousse l’effet papier de verre irritait sa zigounette. »
Nous partons tout les trois d’un rire franc. Avant que je ne précise :
« C’est pourquoi, maintenant, j’en suis venu à une sorte de mi chemin »
« La taille qu’on appelle, je crois, « en ticket de métro »
Complète mon inconnu qui, décidément, semble fort intéressé. Et le repas se poursuit, entre allusions coquines et plaisanteries par toutes sexuelles. Nous en venons même à échanger quelques considérations culturelles sur les richesses de Venise. Après tout, cela reste quand même la destination de ce train. Et cela « lui » permet de nous ramener à « nos moutons » alors que le serveur a amené les desserts :
« Si vous le voulez bien, nous nous consacrerons aux beautés de la Cité lacustre demain matin. Pour l’instant il me semble que nous avons mieux à faire. »
« Il est vrai que tu n’as pas encore trempé ton biscuit mon chou ! Dépêchons nous de rejoindre nos appartements, je ne voudrais pas que tu t’touffe !»
Et nous voilà repartis, moi devant, eux derrière, dans le couloir. Avant d’arriver à ma cabine, l’idée me vient de leur offrir un cadeau en remerciement de l’agréable dîner que nous venons de partager. Et, sans cesser de marcher, en relevant une nouvelle fois ma robe, je découvre ce qu’à vrai dire l’un et l’autre ont déjà vu cet après-midi, mais dans l’intimité. Et l’inconnu de commenter :
« La lune sur la lagune, quel joli tableau ».

jeudi 13 mai 2010

Orient Express N° 5

ORIENT EXPRESS
N°5
Un train, des souvenirs.

Alors que tout mon corps a été mis en appétit de douceurs, de caresses, de flatteries, alors qu’il n’aspire qu’à poursuivre dans la jouissance promise, c’est une gigantesque claque qui s’abat sur mon cul. Un bruit assourdissant, un cri primal de ma part. Une fois encore j’ai failli m’écrouler, les jambes coupées, les mains incapables de rester crispées sur leur appui. Au prix de je ne sais quelle contorsion, je reprend cependant la position, à l’instant même ou une deuxième claque, peut-être encore plus violente que la première, s’écrase sur l’autre fesse. Fulgurante douleur, comme si la peu de mes fesses avait été arrachée. Mais en même temps, paradoxalement, explosion de plaisir dans ma tête. Dans la fraction de seconde entre l’impact de cette main brutale sur ma peau et l’irradiation de douleur qui emplit mon être, le message est parvenu à mon esprit : « c’est LUI ». Avant que la seconde claque, succédant pourtant à la première du temps qu’il faut à un bras pour aller de droite à gauche et revenir en revers, mon esprit a vu défiler une rafale d’imagés de violences, et de plaisirs, tellement rassurantes. On dit parfois qu’au moment de trépasser on voit défiler toute sa vie, comme si on traversait un couloir à une vitesse incroyable. Toutes proportions gardées c’est le même sentiment pour moi. Comme dans un cinéma devenu fou de vitesse, les souvenirs des moments forts de notre liaison se succèdent et se superposent. Les avais-je oubliés ? Certainement pas. Et pourtant, au moment où l’invitation au voyage en chemin de fer m’avait amené à deviner son auteur, une sorte de censure inconsciente avait occulté de mon souvenir les moments les plus chauds, les plus particuliers pour moi et les plus troublants de ces quelques semaines passées ensemble. Et c’est vraiment dans les quelques secondes pendant lesquelles mes fesses fustigées balancent au gré des coups de ces battoirs qui « lui » servent de mains, que ces images me reviennent en flashs surexposés. Moi, innocente, balancée au travers de ses genoux et recevant une magistrale fessée pour une raison qu’il allait m’expliquer calmement être un prétexte, presque le premier jour de notre rencontre. Nous n’avions fait l’amour qu’une fois auparavant. Je n’avais jamais reçu de punition corporelle dans mon enfance, et encore moins vécu de relation « SM » dans ma vie de jeune femme pourtant délurée et libérée. J’aurais volontiers arraché les yeux – et même autre chose – à celui qui aurait prétendu s’arroger le droit de lever la main sur moi. Jusqu’à ce jour où je m’étais senti basculer au travers de ses cuisses, et où, alors que, bêtement, je demandais « mais qu’est ce que tu fais ? » je m’étais entendu répondre « je vais te coller une fessée ! » Comment avais-je pu ne pas me révolter ? J’avais subit ce qu’il avait ensuite qualifié « d’initiation » non sans broncher (il m’avait même raconté en riant ensuite combien j’avais battu des jambes, ajoutant avec ce sourire coquin et carnassier qui n’étais pas pour rien dans son charme, combien ces mouvements désordonnés découvraient mon intimité) mais en tout cas sans la refuser vraiment. La surprise, l’étonnement pour ne pas dire la stupéfaction, auraient pu expliquer cette acceptation ébahie, cette soumission tellement loi de ma nature. Il aurait alors été naturel qu’une fois remise sur pied ou je le quitte ou je le prévienne qu’une autre tentative de ce genre serait rédhibitoire pour notre relation. Or non seulement je n’en avait rien fait ; j’étais restée comme une gourde à pleurnicher (il n’y avait pas été de main morte pour cette première, et les larmes avaient vite enrouées mes cris d’orfraie) en me frottant les fesses tout en piétinant d’une jambe sur l’autre ; mais encore je ne l’avait même pas agoni d’injure quand il avait déclaré, après m’voir câliné tendrement il est vrai : « tu verras, c’était la première, mais ce ne sera pas la dernière, tu as un cul qui appelle la fessée ma chérie ». De tout autre, en tout autre temps, une telle grossièreté, une telle vulgarité, une telle certitude insolente, aurait été comprise par moi comme le summum du mépris, de la misogynie à deux balles, de la baufitude du connard sur de la supériorité masculine. Et donc aurait valu ipso facto rupture totale et définitive des relations avec un tel primate. Et voilà que non seulement je n’avais pas hurlé, je n’étais pas partie, mais même, à ma grande honte rétrospective mais tardive et inutile, un sentiment de fierté m’avait envahie quand il avait ainsi qualifié mon derrière ! J’avais bien sur conscience d’avoir des fesses larges, ce que certains appellent un pétard généreux. J’en avais fait un complexe dans mes toutes jeunes années, un argument de séduction plus tard, quand j’avais compris que les hommes dissertent souvent sur les « petits culs » mais préfèrent bien souvent honorer de leurs caresses des fondements plus développés. D’autres que lui, dans les moments d’intimité, m’avaient montré de galante façon que cet arrière train confortable ne les laissaient pas indifférents. Certains avaient même su mettre en mots le plaisir que leur procurait cette lune réjouie et accueillante. Mais personne encore n’avait décrété avec cette tranquille certitude qu’il « était fait pour la fessée » ou que « ne pas fesser un cul comme le tien serait un pêché » En tout cas, si c’était le cas, il ne fut pas pêcheur durant les quelques mois que durèrent notre relation. Il fut même particulièrement pieux, et mes fesses payèrent leur part de sa sanctification ! Curieuse relation entre le cul et le cerveau, il avait donc suffit d’un aller et retour de claques sur le premier pour que le second repasse, en vitesse accélérée, les images de ces semaines d’initiation, puis de perfectionnement à mes yeux, à la fessée. La fessée reçue dans cette chambre d’hôtel à Nice, alors que nous savions que les voisins étaient rentrés dans leur chambre, et qu’ils ne pouvaient pas en pas entendre le bruit des claques sonores, et peut-être les cris de souris qui m’échappaient malgré mes tentatives de les étouffer. Celle donnée sur ce parking d’autoroute, lui assis sur le siège passager, moi les jambes hors de la voiture, alors que nous entendions les cris des enfants sur l’aire de jeux voisine, et que lui, il me l’a dit après toujours avec ce rire désarmant, voyait les automobilistes aller et venir, grillant leur cigarette avant de reprendre la route. Ces fessées longues, interminables, où il prenait le temps de laisser la flaque de douleur de chaque claque s’étaler largement avant d’en envoyer une nouvelle. Ou au contraire ces fessées crépitantes, en averse, en rafales, en cascades, lors desquelles le cul semble criblé, explosé, ravagé. Les fessées motivées, justifiées. Par un prétexte, un regard soi disant adressé à un autre, au café, le matin, valant une magistrale fessée le soir. Trois tasses à café pourtant bien ordinaires, malencontreusement renversées, justifiant trois soirs successifs de fessées magistrales, de plus en plus insupportables, les unes venant réactiver la sensibilité de la peau des fesses mise à vif la veille. Et au contraire les fessées sans autre justification que « j’en avais trop envie », « pour le plaisir de voir ton cul rougir ma chérie » ou encore, et cela me faisait défaillir de fierté « parce que tu as un trop beau cul ». Reconstitution à postériori du cours de mes pensées, ou pas, c’est à ce moment précis que ces mots, ceux-là, précisément, me revenaient en mémoire. C’est au moment même où il me semble que je revoyais le lieu et le moment précis où il me les avait dits. Cette petite maison que nous avions louée en Normandie pour quelques jours, ce cellier imprégné de l’odeur des pommes à cidre, où nous passions avant de sortir pour aller visiter le Pont de Normandie. Moi avec cette jupette pourtant plutôt sage, mes petites bottes et mon manteau de pluie rouge. Et lui qui m’impose, comme cela, sans raison, alors qu’à la seconde d’avant il avait déjà les clefs de la voiture en main, de me pencher par-dessus son genou, alors qu’il a posé le pied sur la deuxième marche de l’escalier qui mène à la maison. Qui relève ma jupe d’un large mouvement qui la rabat sur mon dos, entrainant le bas de l’imperméable en même temps. En y repensant j’ai encore dans le nez le mélange de l’odeur aigrelette des pommes et de celle, plus lourde, du caoutchouc de mon vêtement de pluie. La culotte qu’il baisse comme si sa vie en dépendait, jusqu’à mes genoux qu’elle entrave. Et sa main qui se met à frapper mon cul à la volée, fort, vite, en rafale ininterrompue, violente, douloureuse. Je trépigne, je gigote, je crie, je hurle. De douleur, bien sur. Il me fait mal, très mal. D’autant que le veille, mais cette fois avec une vague raison d’un soi-disant retard à notre rendez – vous, mon cul a déjà subit une longue et douloureuse fessée, récompensée, il est vrai, par un long câlin passionné qui explique aussi que, ce matin, j’ai les jambes en coton et l’humeur plutôt guillerette. J’admets d’autant plus mal d’être ainsi fessée cul nu alors que je n’ai été qu’attentions et tendresse depuis mon réveil. Mais quand, enfin, il cesse de battre mes fesses comme plâtre, quand avant même de remonter ma culotte je me retourne et continue à protester, la colère et la douleur se mêlant pour expliquer les larmes qui me coulent sur le visage, il me regarde avec cet air enfantin, presque naïf, qui fait mordorer ses yeux gris bleu, et il se justifie par cette phrase : « C’est juste parce que tu as un trop beau cul, et qu’il est encore plus beau après la fessée ! » C’est donc à l’instant où il me semble que ce souvenir me remontait à la mémoire que la volée de claques s’est interrompue. Au regard de ce que j’avais connu naguère, finalement avant que mon cul ne soit vraiment malmené. Du reste j’ai juste laissé échapper un cri lors du premier assaut, presque plus d’étonnement que de douleur. Puis j’ai serré les dents sur ce bâillon qu’il m’a mis sur la bouche. Je n’ai pas consciemment décidé de le faire, et à vrai dire je ne me souciais pas du fait qu’on puisse m’entendre geindre. Du reste le train faisait assez de bruit pour que, si j’y avais réfléchi, je sache qu’il n’y avait guère de risque. Pourtant, étonnante mémoire du corps plus que de l’esprit, j’ai serré des mâchoires comme, en effet, j’avais appris à le faire quand il convenait naguère à mon tendre tourmenteur de « m’en coller une » dans des conditions où la discrétion était de mise. Il m’est revenu à la mémoire plus tard que c’est, justement parce que je m’étais plainte du bruit des claques qui me semblait résonner dans les couloirs d’un hôtel, à Beaune, qu’il avait tenu, le jours même, à faire l’acquisition d’un martinet. Prenant le temps de m’expliquer – toujours pédagogue – que c’était l’instrument punitif le moins bruyant, les lanières cinglant mais ne claquant pas comme une ceinture ou un « paddel ». Bien entendu l’instrument, acheté dans un bazar à ma grande honte – « Monsieur » prenant le temps d’examiner longuement la chose avant de faire son choix, avec une telle insistance qu’il aurait fallu que le vendeur soit abruti pour qu’il ne comprenne pas l’usage que son client comptait en faire, à tel point qu’il nous gratifia d’un ironique « bonne soirée, madame, monsieur » quand nous sortîmes de son échoppe – fut utilisé non pas le soir même, mais dés notre retour à l’hôtel, en pleine après-midi. Et, toujours prévenant, « il » m’avait prévenu que pour une « novice » la première séance de martinet « pouvait sembler douloureuse » - doux euphémisme ! – et conseillé « puisque tu crains que nos voisins ne soient informés de l’infortune de tes fesses, ma chérie, et si tu veux être sure qu’ils n’entendent pas ta voix, je te propose de te bâillonner », ceci dit en me tendant gentiment un foulard. Là aussi, je retrouve dans ma mémoire la texture et presque le gout âcre de ce foulard de soierie dans ma bouche alors qu’il me présente un tissu à mordre. J’aurais pu supporter la suite de la fessée sans recourir à ce stratagème, mais pourtant je mords ce bâillon improvisé. J’en sens le gout un peu chaud, un peu piquant, indéfinissable pourtant. Et, à mon grand étonnement, à peine m’a-t-il ainsi contrainte au silence que l’averse des claques s’arrête brusquement. Retrouvant d’instinct les règles apprises naguère, je ne bouge pas, je ne me retourne pas, je ne me frotte pas les fesses pour atténuer la brûlure. Je reprends juste mon souffle, et pour la première fois, j’ouvre franchement les yeux. C’est pour découvrir, sans réel étonnement, son visage se reflétant dans la vitre de la fenêtre. A peine vieilli, avec toujours ce regard d’acier qui m’avait conquise, et peut-être un peu moins de cheveux. Il est tout contre moi, sa tête au dessus de mon épaule, les yeux brillants, et il murmure à mon oreille ces mots qui me semble faire écho à ceux d’hier : « Tu as toujours un aussi beau cul, tu sais. » Et l’émotion m’emplit, me submerge, mêlant ses larmes à celles causées par la fessée que je viens de retrouver après si longtemps. J’amorce le mouvement de me retourner, je veux le voir, l’étreindre, l’embrasser, le remercier de ce cadeau, lui montrer mon amour, qu’il sache que je suis redevenue celle qu’il avait initiée, celle à qui il avait fait découvrir un nouveau versant du plaisir. Je veux baiser sa bouche, baiser ses mains qui m’ont fustigée, coller mon corps au sien. Je veux que ses mains poursuivent leur œuvre, qu’elles me fassent en bien ce qu’elles m’ont fait en douleur. Qu’elles me fassent jouir comme elles m’ont fait souffrir. Je veux sa bouche sur la mienne, là maintenant, tout de suite. Je veux son corps, je veux son sexe, je veux sa queue, vite. Je sens au creux de mon ventre ce besoin irrépressible d’être prise, d’être emplie de lui. Je sens ce besoin de retrouver cette sensation alliant la jouissance au souvenir de la cuisson de ma peau. Je veux être baisée, maintenant. Mais sa poigne m’impose de rester retournée. Il me tient aux poignets, collant son corps au mien, si fort que je sens son érection au traves de son pantalon sur mon cul endolori. Et bien oui, s’il veut me baiser par là qu’il en soit selon son choix, mais qu’il me baise ! Mais ses mains ne lâchent pas les miennes, je reste écartelée, bras en l’air. Et je l’entends dire, en murmurant encore mais de cette voix qui n’admet et ne suppose aucune réplique : « on se retrouve au wagon restaurant, pour le deuxième service, ne soit pas en retard ! »Avant que je n’ai vraiment saisi ce qu’il eut dire par là, il m’a lâchée et s’est reculé. Mais quand moi-même je me retourne, il est déjà devant la porte, il l’ouvre et disparaît dans le couloir. Non ! Il ne peut pas me laisser ainsi ! Je me précipite sur la porte, je l’ouvre, il est déjà presque au bout du wagon. Je ne peux quand même pas lui courir après à poil ! Je referme la porte à la volée et je m’écroule contre elle, anéantie, rageuse, frustrée. Et pourtant je sais déjà que j’obéirais à sa consigne. Je le rejoindrais. Je me précipite dans la salle d’eau, j’arrache mes bas et ce qui les retient. Me voilà nue. D’un coup d’œil je vérifie l’état de mes fesses. Elles sont bien sur rouges cramoisies, mais elles ont encore figure humaine. Elles ont connu pire, tellement pire ! J’ouvre en grand les robinets et je m’asperge d’eau fraiche. Mais je me lave comme un chat, je suis trop pressée de le rejoindre pour m’attarder à ma toilette. LE passage d’un gant de toilette parfumé suffira. L’eau fraiche me fait frissonner, et c’est délicieux. J’inonde ma touffe d’eau froide, à m’en faire mal. Même traitement pour ma raie encore collante. C’est bon, si bon que je ne résiste pas à l’envie de laisser ma main s’attarder sur ma chatte. En caresser l’entrée qu’il n’a pas voulu honorer alors qu’elle en a tellement besoin. Mais là non plus, pas de fioriture. Foin des trésors de délicatesse de mes séances de masturbation solitaire. Je veux jouir, là, vite. J’écrase mon petit bouton et, presque instantanément, c’est la déflagration. Une onde de plaisir part du fond de mon ventre et électrise tout mon corps. Je me laisse tomber à genoux en lâchant un grognement guttural. La jouissance me fait trembler de la tête aux pieds, sexe béant, seins durcis, cul palpitant. Mais il me faut faire vite, déjà j’entends au loin l’infernale cloche qui annonce le deuxième service. D’instinct j’ai retrouvé ce besoin de me conformer à sa volonté, donc de ne pas être en retard. Je me précipite sur ma valise, j’en sors une jupe, un pull, un soutien gorge mauve. Mais où est donc la culotte assortie, je suis sure de l’avoir prise, moi qui ne déteste rien tant que de ne pas être coordonnée, même quand personne d’autre que mo ne le saura. Où est passé cette putain de culotte ? Tant pis, je choisirais un autre ensemble. Le blanc peut-être, voilà le soutif … mais pas non plus de slip ! Je retourne la valise su le sol, j’éparpille son contenu. D’autres bas, des collants – il faut bien parfois – deux autres soutien gorge – je ne voyage pas léger – quelques pulls, des jupes, deux robes, deux pantalons, des nuisettes. Mais pas un seul slip ! Je ne peux pas ne pas en avoir pris. Ce n’est pas possible ! Il faut pourtant m’y résoudre, je n’en porterais pas. Après tout, c’est loin d’être une première pour moi, surtout après une fessée ! J’enfile une robe, passe un gilet, repasse devant le miroir pour arranger un peu mes cheveux. En revenant dans le compartiment, je ramasse presque machinalement un bout de tissus noir. C’est ce qui m’a servi de bâillon, ce qu’il m’a quasiment imposé pour retenir mes cris. Il est tout humide me ma salive. Mais je reconnais surtout … ma culotte. Ma culotte noire, celle que j’étais certaine d’avoir abandonnée dans le compartiment de mon inconnu. L’aurai-je donc reprise ? Mais alors, pourquoi « l’autre » l’aurait-il eu en mains ? Cette sensation poivrée, alors que je mordais à belles dents dans ce tissu, c’était donc le gout de ma propre intimité, de mon plaisir, de ma mouille ? Je ne comprends plus, je perds mes repères. Qui est-il ? Qui est cet inconnu ? .Je ne sais plus ce que je veux faire. Le rejoindre, sans slip ? Attendre qu’il revienne ? L’interroger ? Faire celle qui n’a rien compris, rien remarqué ? Je n’ai pas le loisir de m’interroger plus longuement. Un coup discret est frappé à la porte, je sursaute, elle s’entrouvre et un agent de la compagnie passe la tête et me dit : « Vous êtes attendue au restaurant, madame. » Et avant que j’ai pu répondre ou l’interroger il ajoute : « je vais vous y accompagner, tout de suite » La manière dont il a prononcé ces derniers mots enlève toute incertitude, anéantit toute idée de discussion. Je me lève et je le suis.

Orient Express N° 4

ORIENT EXPRESS
N° 4
Un train, des retrouvailles.

« Premier service dans quinze minutes »
C’est le signal. C’est la consigne. Je dois « regardez le paysage et attendre ». Je ne devais pas aller dîner, j’ai respecté la demande, qui ne précisait pas que je ne devais pas quitter ma cabine. Mais il me faut maintenant, tout de suite, la rejoindre. D’un bond je suis sur pieds, tentant maladroitement de rajuster mes vêtements. Ma jupe retombe, et ce n’est qu’alors que je me rends compte que malgré le traitement qu’il a réservé à mon cul il n’a même pas faut sauter les jarretelles. Je remets vaille que vaille mes seins dans leur écrin de soie noire. Les mamelons sont encore durs et douloureux d’avoir été malmenés. Et dans ma précipitation, j’ai du mal à remettre en place correctement mes deux globes qui débordent et pigeonnes grotesquement. J’essaye de le cacher en ramenant les pans de mon chemisier et j’entreprends de le reboutonner. Mais mes mains tremblent, mes gestes sont mal assurés. C’est alors qu’il me tend un peignoir rouge foncé, le même que celui que j’ai vu pendu dans la salle d’eau de ma cabine. Galamment il me le présente pour que je l’enfile en disant seulement : « Mettez cela et filez ! » Avant que j’ai pu répondre il m’a déjà quasiment poussé dans le couloir. Ce n’est qu’arrivée à ma propre cabine, que je me souviendrais que mon inconnu ne m’a pas rendu ma culotte. Et c’est plus tard encore que je me souviendrais qu’alors que j’étais déjà hors du compartiment il avait ajouté « Allez vite, ne soyez pas en retard ».J’ai en effet fait le chemin de retour aussi vite que je le pouvais. Le peignoir ramené sur ma poitrine et les pieds nus. Ce n’est aussi qu’arrivée « chez moi » que je m’en rendrait compte, mais il sera trop tard pour retourner chercher mes chaussures et, du reste il ne pouvait être question ni de traverser encore une fois ce couloir où j’ai croisé deux couples qui se rendaient au wagon – restaurant et qui ont du se demander quelle était cette folle qui se baladait en peignoir de bain alors que chaque cabine dispose de ses propres commodités, ni surtout de ressortir de ce lieu qui m’apparut alors comme un refuge.
« Bienvenue dans ce train des mystères, belle dame. N’allez pas dîner seule. Quand vous entendrez le steward annoncer le premier service, allez à la fenêtre, regardez le paysage et attendez… »
Je connais les termes des consignes par cœur, et pourtant je veux les relire avant de passer me rafraîchir et me rhabiller correctement. Je prends la feuille laissée à sa place, je la déplie, et je lis, stupéfaite :
«, Allez à la fenêtre, regardez le paysage et attendez…, faite le tout de suite, sans rien changer. »
Les mots « tout de suite » sont soulignés. Ce n’est pas le papier de tout à l’heure. Quelqu’un – lui ? – est donc entrée dans ma cabine pendant mon absence. Mais que signifie ce « sans rien changer » ? Je me précipite vers la salle d’eau, il faut quand même bien que je recoiffe un minimum mes cheveux qui pendent autour de mon visage, que je mette un peu d’eau sur celui-ci, et surtout que je rafraichisse et nettoie ce qui a été forcé, sublimé certes, mais aussi souillé par mon inconnu. Je sens l’onctuosité collante de sa liqueur entre mes fesses. Et je sais que l’intérieur de mes cuisses doit être marqué des traînées de sperme comme une feuille par celles d’un escargot. Les mots, vulgaires, s’imposent à mon esprit : « il faut que je me rafraichisse le cul ! » Je me débarrasse du peignoir que je laisse tomber sur le sol et j’ouvre la minuscule porte du cabinet de toilette. Mais au moment d’ouvrir le robinet, alors que je découvre dans le miroir mon visage congestionné et hagard et mes seins qui débordent en désordre de mon soutif, je vois, posé contre le robinet en laiton une autre feuille de papier avec ces mots en majuscules :
« SANS RIEN CHANGER ! »
Le message est clair, limpide même, évident. Pas le temps de réfléchir, de me demander comment « il » a pu savoir que j’aurais quelques chose à changer. A vrai dire ni le temps ni la capacité de réfléchir à quo que se soit. Vite, maintenant, tout de suite, « aller à la fenêtre et regarder le paysage », rien d’autre à faire. Et je le fais, hagarde, obéissante au-delà du raisonable. Mais ne suis-je pas au-delà de la raison depuis que j’ai admis l’idée même de prendre ce train ? Et me voici donc le front contre la vitre froide, qui réfléchit mon image incertaine. Une femme dépenaillée, dépoitraillée, hirsute. Mes cheveux collés par la sueur contre mon front, les seins à moitié sortis de leur protection, le cul que je sais nu sous la jupe fripée, la raie du cul que je sens poisseuse du jus d’un inconnu. Le paysage a quasiment disparu dans la nuit qui tombe. Par instant des éclairs de lumière crue, de passages à niveau éclairés, des gares désertes. Par instant le tumulte d’un train qui croise le notre, dans un effrayant rugissement sifflant. Puis, brusquement, c’est l’absorption par le trou noir d’un tunnel. Pendant quelques instants, la vitre devient vraiment miroir. Le décor de ce compartiment apparaît dans tout son luxueux décor, sa distinction surannée et quelque peu guindée. Bois précieux, laiton ou cuivre brillant, verre dépolis décorés façon Arts Déco. Un monde du luxe, du bon gout, de la bienséance. Et puis une femme à demi nue, comme une tâche, comme déplacée, comme provocation. Quelle image doivent en avoir ceux qui, sur le quai des gares que nous traversons d’un trait ou qui attendent que la barrière du passage à niveau s’ouvre ? Un éclair de lumières brutales, succession de carrés éclairés et de carrés noirs des compartiments où l’on a baissé les stores. Sorte de cinéma en accéléré, avec, comme une image furtive dont on se demande si elle a existé ou si elle n’est qu’un effet de notre imagination, un fantasme, le haut du corps d’une femme, impudique, dénudée, peau blanche barré d’un soutien gorge noir incapable de contenir une poitrine qu’on a à peine le temps de deviner tellement généreuse que l’image est déjà disparue depuis longtemps. Je suis comme au centre d’une bulle lancée à une vitesse incommensurable dans un univers pétrifié. Comme si ce train qui m’emmène était le seul lieu du vivant dans un monde mort, désert, hors du temps. Combien de temps suis-je restée ainsi, sentant peu à peu le froid qui sourd de la vitre se transmettre à mon visage, à mes épaules, à ma poitrine, à mon ventre. La nuit est devenue plus noire. Par comparaison, l’éclairage de la cabine semble être plus lumineux. Plus la nuit tombe, plus elle devient ténèbres, moins la réalité extérieure reste visible, et lus ma propre image devient nette par son reflet dans la vitre. Le bruit de la portière qui s’ouvre. Est-ce le contrôleur, le chef de rang, un voyageur qui se trompe de compartiment ? Ou est-ce « lui ». Bien sur qu’il faut que je me retourne, mais alors je présenterais inévitablement cette poitrine découverte, obscène, provocante. Bien sur qu’il faut que je sache qui est là. Bien sur. Et pourtant je ne bouge pas, je ne me retourne pas, je de tourne même pas la tête. Il me suffirait de me déplacer un tout petit peu pour voir qui est entré dans le reflet de la vitre. Pourtant non seulement je ne bouge pas, mais je ferme les yeux. Sur la moquette profonde qui couvre le sol, les quelques pas que celui qui vient d’entrer doit faire n’ont fait aucun bruit. J’ai cependant entendu la porte se refermer. Est-il sorti, est-il resté ? A peine ai-je eu le temps de me le demander que deux mains se sont posées sur mes épaules, répondant à la question. Je suis donc seule avec un homme, avec « lui » peut-être - mais comment en être sure ? – dans un espace réduit, isolé de l’environnement par sa fermeture et par le bruit lancinant du train. Les mains agrippent l’échancrure de mon chemisier et d’un seul geste, brusque, brutal, violent, elles en écartent les pans. Un bouton saute, le tissus craque, se déchire, s’arrache. Mes bras son ramenés vers l’arrière, prisonniers du vêtement Un cri d’étonnement, peut-être de peur, m’a échappé. J’ai ouvert les yeux. Je sais maintenant que c’est bien « lui ». Dois-je en être rassuré ? Que sais-je vraiment de lui, de ce qu’il me veut, aujourd’hui, ici ? Il arrache complètement mon chemisier, et le jette sur la banquette. Il dégrafe mon soutif qui prend le même chemin. La fermeture éclair de ma jupe coulisse, et la jupe tombe au sol. Ma voilà nue, à l’exception des jarretelles et des bas. Je me sais au-delà de l‘indécence. Je sais que l’image furtive mais tellement réaliste d’une femme dénudée doit apparaître dans la lumière crue de ce train à ceux qui sont dans l’autre monde, celui des immobiles. J’ai failli perdre l’équilibre au moment où le train amorçait une courbe et se penchait. « Il » m’a saisi les poignets, me maintenant debout. « Il » relève mes bras, au dessus de ma tête, faisant ainsi plus encore ressortir mes seins. « Il » amène mes mains jusqu’à la barre de fer au dessus de la fenêtre. D’instinct je m’y agrippe, comme si je m’y suspendais. Pour ce faire je dois monter sur la pointe des pieds, ce qui va rendre la position plus inconfortable. Ses mains, incroyablement douces, descendent le long de mes bras. La pulpe de ses doigts caresse l’intérieur de mes poignets, l’intérieur de mes bras, le creux de mes aisselles, les cotés de mes seins, de on ventre, mes hanches pleines, l’arrondi en guitare de mon fondement, mes cuisses, mes genoux, mes mollets, jusqu’à mes pieds nus. Quand les doigts atteignent la plante des pieds, la décharge électrique qui parcourt tout mon corps manque de me faire lâcher prise. Mes reins se creusent, mes muscles se tétanisent, mais je parviens à rester accrochée à cette barre de métal froid et dur. Et déjà les mains ont repris leur voyage, en remontant cette fois. Par l’arrière du tendon d’Achille, le gras du mollet rond, l’intérieur des cuisses. Elles remontent, elles approchent de cette zone échauffée, brûlante, moite et poisseuse. Les doigts vont accéder à mes fesses. Vont-ils s’égarer sur elles, voyager sur cette lune ronde, pleine et opulente ? Vont-ils se contenter d’en dessiner les contours ? Ou bien vont-ils choisir de s’insérer dans le canyon qui sépare les hémisphères ? Vont-ils s’enfoncer dans mon antre tiède et ruisselante ou au la négliger pour violer à nouveau le trou encore douloureux de ce qu’il a connu précédemment ? Les images de pénétrations se mélangent dans ma tête. Je ne sais pas si j’espère ou si je crains la percussion de ces doigts. Et soudain, c’est une explosion, une déflagration, un tsunami.

Orient Express N° 3

ORIENT EXPRESS

N° 3

Un train, une obéissance.

Nous sommes là, face à face, à moins d’un mètre de distance, dans cette cabine où flotte une odeur de vétiver, ce doit être l’eau de toilette de mon inconnu. Je me sens à la fois comme l’animal terrorisé par la lumière des phares et qui, bêtement, reste immobile au milieu de la route, et en même temps immensément calme, presque sereine. Avant même qu’il fasse un geste où qu’il ne prononce un mot, je sais déjà que je vais faire ce qu’il va m’ordonner. Pas par crainte, je n’ai pas peur, je sais, au fond de moi, qu’il ne peut rien m’arriver de fâcheux. Pas par soumission à l’Homme. J’étais une femme libre, indépendante, j’ai toujours refusé de me plier à l’autorité de qui que se soit, je sais que je n’ai pas changée. Encore moins par calcul ou par besoin de sexe. J’ai un homme dans ma vie, il m’arrive d’avoir des aventures de quelques soirs, je ne me sens pas en manque, d’autant moins que tout indique qu’un autre homme s’apprête à me rejoindre, sans que je sache s’il est déjà dans le train ou s’il me retrouvera plus tard. Pourtant je sais que je vais continuer à faire ce qu’il attend de moi. Parce que c’est ainsi, que c’est ce que j’ai à faire, que c’est ce que je veux faire. Il l’a compris, lui aussi. Nulle menace dans son regard, nulle violence, nulle agressivité. Mais nulle tendresse non plus. Seulement une sorte d’immense certitude. Avec, peut-être, une ébauche de lueur amusée dans ces yeux d’un bleu métallique. Nulle dureté non plus dans sa voix, mais un ton là aussi étonnamment ordinaire, étonnamment calme quand il ordonne, ou demande, ou plus simplement indique : « Retires ta culotte, et donne la moi » Sans que mes yeux quittent les siens, je passe les mains sous ma jupe, j’agrippe mon slip avec mes pouces, et, lentement, je la fais glisser le long de mes jambes. Puis, toujours mes yeux dardés dans les siens je la retire, une jambe puis l’autre, je me redresse et tend vers lui mes deux mains, présentant le morceau de tissus noir comme on présente une offrande. Il me la prend des mains, exprime sa satisfaction d’un imperceptible mouvement de tête, puis porte la culotte à son nez, la hume longuement, réitère son approbation de la tête, puis glisse le slip dans sa poche de veste. Une nouvelle fois sa voix presque sans passion : « montre moi tes seins »Comme j’ébauche le geste de retirer mon chemisier la vois m’arrête, plus sèchement peut-être : « non, sors les sans rien retirer »Je n’envisage même pas de demander pourquoi. Je glisse les mains par en dessous dans les bonnets, et je fais jaillir mes seins par-dessus. Et sans qu’il ait besoin de me le demander, parce que cela me semble une évidence, je lève les bras et croise les doigts derrière ma tête, faisant ainsi mieux ressortir les deux fruits pleins. Il n’a même pas bougé la tête, mais je lis dans ses yeux qu’il est satisfait. Je sais qu’il apprécie leurs rondeurs, le grain de la peau, la large auréole rosée, et les tètons que je sens durs et tendus. La voix encore : « retourne toi et penche toi, tes mains sur la tablette » Bien sur j’obtempère. Je me tourne vers la fenêtre. Je me penche, le corps plié à 90°. J’appuie mes deux mains sur la tablette sous la fenêtre. Et je ferme les yeux, puisque je ne peux plus voir les siens. Je sens ses mains qui se posent sur mes hanches, et qui remontent vers ma poitrine. Je sais que mes seins volumineux pendent, comme deux grosses gouttes d’huile, comme deux belles poires mures. Ses mains s’en emparent. Deux larges mains, à la paume chaude. Ses mains les malaxent, les triturent, les soupèsent. Je sais, je sens qu’il apprécie leur poids, leur fermeté matinée de moelleux. Ses doigts se concentrent sur les pointes. Les effleurent d’abord, avec une infinie douceur. Puis le fait rouler, doucement, presque tendrement, entre les pouces et les index. Je sens que, malgré moi ma respiration s’accélère. Et les doigts continuent leur manège, accentuant la pression. Plus fort, plus fermement, d’une pression maintenant continue. Le pincement devient douloureux, et tellement délicieux. J’ai du mal à réprimer un gémissement de douleur, et un râle de plaisir. Il les pince avec encore plus de force, jusqu’à ce qu’un bref cri de douleur m’échappe. Il me lâche alors les seins, et ses mains redeviennent douceur, remontent sur mes épaules, glissent sous mes aisselles que je sais moite de la sueur que m’a occasionné tant le plaisir que la souffrance, continuent sur mes flancs, jusqu’à la ceinture de ma jupe. Je garde la position, immobile, pliée en deux, seins ballants et yeux fermés. Je sens ma jupe qui remonte, je sens ses mains qui l’accompagnent le long de mes cuisses. Je sens qu’il relève ma jupe plus haut, qu’il dégage mes fesses. Qu’il rabat la jupe sur mon dos. Les lares mains flattent maintenant mon cul. Elles le traite comme elles ont traité mes seins. D’abord par de longues et douces caresses qui en électrisent la peau. Je sens que mes fesses se couvrent de chair de poule. Puis les caresses se font plus appuyées, se font massage profond, se font pétrissage. Mon cul est devenu entre ses mains boule de pâte entre celles du boulanger. Les hémisphères s’écartent, s’entrouvrent. Je sais que, ce faisant, mon petit trou lui aussi s’entrouvre, béant, offert. Et avant même peut-être qu’il sache lui-même qu’il va le faire, je sais, je sens qu’il va m’enculer. Je veux qu’il m’encule. J’ai besoin qu’il m’encule. Je n’ai pas entendu son pantalon descendre si se ceinture s’ouvrir. Mais ses mains ont quitté mon derrière un instant. Puis je sens qu’elles écartent encore mes fesses. Un doigt vient chercher au creux de mon antre le miel onctueux qui en sourd. Je sais, je sens que je mouille tellement que la liqueur coule à l’intérieur de mes cuisses. Le doigts s’enfonce dans mon sexe puis reprend le chemin de mon trou du cul. Il en dessine le contour. Il l’enduit. Il le lubrifie. Il le prépare. Il s’y enfonce. Son pouce le distend. Ses deux mains écartent encore plus mes fesses. Enfin je sens la bite qui se présente à l’orée du chemin secret. Qui pousse et qui force l’entrée. Elle se défend à peine. Mon cul ne se refuse pas à cette intromission. Il la veut, il la demande, il supplie, il espère. Elle est si grosse qu’elle l’écartèle. La violence du plaisir et de la déchirure est si vive que mes jambes me lâchent. Je tombe à genoux, la queue toujours plantée entre mes fesses. A genoux derrière moi il lance de longs coups de reins qui me défoncent le fondement. Comme il a mis un préservatif, je ne sens pas sa jouissance exploser. Mais je sens la vibration de sa queue s’accélérer. Il m’a saisi à pleines mains aux hanches, et s’enfonce encore plus profondément. La vague de mon plaisir née à l’entrée de mon cul. S’étend en lui, s’élargi comme une tâche jusqu’à mon sexe. Et c’est le feu d’artifice. Je jouis sans pouvoir retenir un long cri de plaisir. Quand il sort de mon cul, je reste un instant en position fœtale, roulée en boule par terre. A ce moment, dans le couloir, la cloche du maître d’hôtel retenti accompagné de l’annonce : « premier service dans quinze minutes »…

Orient Express N° 2

ORIENT EXPRESS
N° 2

Un train, un inconnu

Le couloir que j’ai déjà pris tout à l’heure pour accéder à ma cabine est maintenant désert. J’apprécie la douceur de la moquette qui tapisse le sol, assourdissant le bruit des pas. Je travers un premier wagon, puis un second. Là un homme est appuyé à la fenêtre, le front posé sur la vitre. Visiblement avec le bruit du train, il ne m’a pas entendu arriver. Pour masser, je dois me coller contre la paroi du compartiment, mais le couloir est si étroit que, en me mettant de profil, ma poitrine frotte contre son dos. Il grommelle une vague excuse, se déplace quand même un peu pour me faciliter le passage, mais il le fait de manière anagramment si gauche qu’il se retourne lu aussi, et que nous nous retrouvons face à face, son torse collé contre le mien. J’esquisse un sourire contraint, me glisse plus avant, puis reprend mon chemin sans me retourner. Pourtant je suis sur que, lui, me suit des yeux. Le lent balancement du convoi m’empêché de marcher vite, et je sais que ma démarche hésitante dans ce corridor étroit contribue a faire aussi balancer mes arrières. Je sens presque physiquement son regard sur mes fesses. Alors je lui en donne pour son argent, accentuant encore un peu le déhanchement pour mieux mettre en valeur ces courbes qui, j’en suis bien consciente, attirent le regard des hommes. Arrivée à la porte qui sépare le wagon du suivant, je tourne la tête et regarde par-dessus mon épaule. Ses yeux sont en effet encore dardés sur moi. Il détourne un instant le regard, comme gêné d’avoir été surpris en flagrant délit de matage. Mais le sourire charmeur que je lui décroche vaut excuse et autorisation. Et pour faire bon poids, j’inspire un grand coup, histoire de lui montrer que les formes du devant valent celles du derrière. Quand je passe la porte, le courant d’air entre les deux wagons, là ou le vacarme éclate et où on aperçoit furtivement la voie qui défile à toute vitesse, fait brusquement voleter ma robe. Il aura donc en prime une image de mes jambes.

Au wagon-restaurant, le maître d’hôtel s’excuse en expliquant que ses serveurs sont entrain de dresser les tables. Bêtement ce verbe pourtant utiliser à bon droit me donne envie de rire comme une gamine en pensant que, moi, je pourrais peut-être les aider à dresser autre chose. Mais il me propose de me servir au bar si je souhaite un thé. Je m’installe sur un des tabourets hauts sur patte, ce qui m’oblige à relever un peu ma jupe pour ne pas avoir les jambes entravées. Je me tourne de coté et croise les jambes, ce qui a pour effet de dégager encore un peu plus ma cuisse. Charmant et professionnel le barman s’enquière de ma commande, puis m’apporte une théière, puis la tasse, puis le sucre. J’ai très nettement le sentiment qu’à chaque passage, depuis la position surélevée qu’est la sienne dans son comptoir, son regard s’égare dans mon décolleté. Est-ce la glissade contre le torse de mon inconnu du couloir, deux boutons se sont ouverts et les deux monts arrondis sont largement visibles. Je constate même que mon gentil serveur ne peut ignorer la couleur et la texture de mon soutif. Bien sur je pourrais ramener les pans du chemisier, ou mieux encore refermer un bouton. Mais à quo bon ? Le bar est désert, le serveur beau garçon et solitaire, pourquoi ne pas lui offrir une vision plaisante avant le début du service ? Tant que j’y suis, j’accentue un peu l’entrebâillement en me penchant opportunément pour chercher ma carte dans mon sac. Je sais qu’ainsi la vallée profonde s’élargie, et je ne doute pas que son regard y glisse jusqu’au fond. C’est alors qu’entre dans le bar mon inconnu du couloir. Est-il timide ? En tout cas il ne s’approche pas du bar et s’installe dans un des fauteuils club en cuir brun qui décorent l’autre coté du wagon. Timide, peut-être, mais en tout cas pas aveugle, une fois encore son regard est braqué vers moi, sans impertinence, mais aussi sans la moindre gêne visible. Pas un sourire, pas un clignement d’yeux, pas un geste de complicité. Mais des yeux braqués sur mes jambes. Des yeux à peine plissés, mais d’une insupportable fixité. Il a commandé un scotch, il boit, pose son verre, sans qu’une seule seconde son regard se soit décollé de mes jambes. Comme si j’entendais son désir ou ses ordres, lentement, je décroise les jambes les laissant un instant assez écartées pour qu’il en soit satisfait. Alors, pour la première fois depuis son entrée, il hoche la tête, imperceptiblement, en signe d’approbation. Mais quand je croise à nouveau les jambes, tout aussi imperceptiblement mais sans ambiguïté, c’est un refus absolu qu’il m’adresse. Ses yeux ont pourtant quitté mes gambettes pour me regarder dans les yeux. Il a posé les mains sur ses genoux, poings fermés. Il tend alors les deux index, et, toujours en me fixant droit dans les yeux, il écarte vivement les deux doigts. Le geste est impératif, vulgaire, mais transparent. Sans le quitter des yeux, j’obéis et écarte les genoux. Je sais maintenant qu’il peut voir l’intérieur de mes cuisses jusqu’à la lisière de mes bas. Quand je fais mine de refermer le compas son regard devient métallique, et il n’a même pas besoin de refaire le geste pour que j’obtempère. J’écarte les cuisses, largement. J’ai à peine le temps de penser que, dans la demi-pénombre il ne pourra pas voir ma culotte sombre que le regard s’est adouci, en signe d’approbation. Mais cette fois, se sont les deux pouces qui se lèvent, puis eux aussi s’écartent vivement. En même temps, le regard a glissé vers ma poitrine. Je ne peux ignorer le sens de l’ordre. Sans refermer les jambes j’écarte les pans de mon chemisier, dégageant encore un peu plus le haut de mes seins. Mais cela ne lui suffit pas. Le pouce glisse sur la première phalange de l’index. Je comprends l’ordre aussi clairement que s’il l’avait crié au travers du bar : « Ouvre un bouton de plus ». Je sais que le barman a lui aussi les yeux sur moi, mais il ne peut pas voir le manège de « l’autre ». Alors, sans baisser les yeux, j’obéis. Maintenant quatre boutons du chemisier sont ouverts. J’ai quasiment la poitrine offerte à sa vue. Je suis là, belle grande femme, cuisses et seins offerts à la vue d’un inconnu. Il lève son verre, le hoche à mon intention comme pour porter un toast, le vide, puis se lève et me fait juste un signe du menton. Il ne m’invite pas à le suivre. Il m’ordonne de le précéder. Comme hypnotisée, je signe la carte de bar que le barman a posé devant moi, je descend du tabouret, je ramène les pans de mon vêtement mais, sans qu’il me l’ai explicitement défendu je sens qu’il me l’aurait interdit, je ne referme pas les boutons. Je sors du bar et m’engage dans le couloir. Je ne me retourne pas, je sais qu’il me suit. Arrivé à l’endroit où il m’avait barré la passage tout à l’heur je ralentis et j’hésite. J’entends alors sa voix : « cabine 55, entrez ! » Je fais glisser la porte, j’entre dans une cabine, copie conforme de la mienne et je me retourne. Il est entré lui aussi.