samedi 13 octobre 2012

Fessée du matin ...


La fessée du matin,
comme un chant du coq.
Sur ce corps encore tiède de la nuit, ces fesses encore ensommeillées,
que les premières claques étonnent, surprennent, réveillent.
La fessée du matin, celle qui ne nécessite aucune préparation du terrain.
Ni culotte à baisser, ni même vêtement à trousser.
Le derrière encore souple, qui tressaille d’abord, les deux hémisphères ballotant au rythme
des premiers assauts. Laissant voir sans retenue les mystères qui se cachent entre elles.
Ce parfum de nuit, un peu lourd, épicé, entêtant, qui s’exhale de cette lune qui ne prend conscience de ce qui lui arrive qu’après plusieurs attaques. Et qui alors se crispe, se contracte, cherche à échapper à ce qu’elle devrait pourtant savoir inexorable.
Les protestations encore embrumées, à peine audibles, recouvertes par le bruit de l’averse qui se fait plus drue à mesure qu’elle est refusée. Et la sonorité de ce tambour qui se modifie à mesure que la peau se tend, et à mesure qu’elle passe du rose tendre au carmin, puis au cramoisie.
La fessée du matin, un peu plus appuyée, pour être certain que, tout au long de la journée,
il y aura cette infime crispation chaque fois qu’en s’asseyant le souvenir de son réveil claquant s’imposera à elle.
La fessée du matin, qui l’accompagnera ainsi jusqu’au soir, avec l’espoir qu’il n’y aura pas d’autres motifs pour faire rougir à nouveau la lune avant que le soleil ne soit couché.
La fessée du soir,
pont entre les artifices de la vie et le réel de la sensualité ou du sommeil.
Celle dans laquelle passeront toutes les envies, toutes les frustrations, toutes les colères de la journée. Celle que la main attend, espère, impatiente. Celle aussi qui est attendue, sinon espérée, mais qu’on sait inévitable, nécessaire, indispensable, due.
Mais aussi celle dont elle ne sait jamais quand elle sera donnée. Attendra-t-il me moment du coucher, le retour dans la chambre, ce lieu des secrets et des amours ? Ou bien prendra-t-il ce qu’il considère comme son du dés qu’ils se retrouveront ? Ce soir sera-t-elle soubrette accorte qu’on trousse dans la cuisine, les mains dans la farine, ou bien sera-t-elle convoquée dans le bureau directorial pour la recevoir, les mains posée sur la table de travail, ou penchée par-dessus le dossier du fauteuil de cuir fauve ? A moins qu’il ne fasse le choix du salon, avec en prime la crainte qu’on puisse deviner ce qu’elle est entrain de subir au travers de la baie vitrée imparfaitement protégée par les rideaux de tulle ?
Cette fessée du soir, sera-t-elle appliquée dés son retour, comme en urgence, signe de son impatience, de son attente, de sa fébrilité ? Aura-t-il en rentrant ce regard de félin qui déniche enfin sa proie ? Cette fessée du soir, l’aura-t-il préparée, imaginée, rêvée, anticipée ? Aura-t-il senti, dans la journée, cette fièvre qui lui monte derrière la nuque ? Ce frémissement presque animal des narines, comme s’il la pistait de loin ? Aura-t-il parfois perdu le fil de la conversation parce que les images subliminales d’un derrière tendu et offert seront venu se substituer aux courbes et aux graphiques qu’il est sensé analyser ? Aura-t-il nerveusement ouverte et fermé la main, comme pour vérifier qu’elle répondrait bien à ce qu’il attendra d’elle ?
Sera-t-il si impatient qu’il exigera qu’elle soit reçue sans délais, sans attendre, sans même qu’ils aient échangés ni mots ni baisers ? Sera-t-elle donc fessée dans le hall, penchée sur les premières marches de l’escalier ?  Rapidement, sans préparation ni avertissement, en rafales rageuses. La jupe juste troussée, la culotte arrachée plus que baissée, restant coincée aux genoux ou aux chevilles ? Le cul claqué à toute volée, comme les cloches qui sonnent la victoire ou la joie. La peau devenant brûlante et rouge brique sous une averse ininterrompue, sans pauses, sans moments de répit. Elle n’aura plus alors, une fois la chose terminée, qu’à remonter prestement sa culotte avant de « reprendre ses activités normales ».

Ou bien choisira-t-il au contraire de la laisser mariner, attendre ce qu’elle sait inéluctable ?
Attente si angoissante que parfois elle en viendra à solliciter d’elle-même qu’il passe à l’acte ? Transformant alors ce qui aurait pu être une fessée donnée, reçue, imposée, en une fessée demandée, suggérée, presque implorée. Dans ce cas il préférera surement poursuivre l’ambiguïté de la situation en renonçant à la mettre lui-même en tenue a adéquate. C’est alors elle-même qui devra dénuder ce qui sera fustigé. Encore ne devra-t-elle le faire qu’au rythme qu’il aura souhaité. Relever la jupe, « plus haut ! » baisser la culotte, ou l’enlever complètement et la ranger soigneusement sur le dos d’une chaise, marque symbolique de la fessée acceptée. Et parfois marque qui restera jusqu’au lendemain sa propriétaire étant privée de culotte, avec la crainte qu’un visiteur imprévu s’interroge sur la raison de ce vêtement oublié.
Fessée du soir, souvent longue, soignée, élaborée, presque mise en scène.
Fessée manuelle, régulière, fesse gauche – fesse droite, alternativement. Régularité de métronome. Ou au contraire fessée irrégulière, imprévisible, alternance de rafales et de moments d’armistices, toujours rompus par une nouvelle offensive. Séries de roulements de tambours jusqu’au paroxysme de la douleur, ou longue succession de coups réguliers, comme le glas sonné aux clochers des églises.
Ou fessée qui fait danser sur les fesses victimes les lanières d’un martinet qu’il aura décroché de son clou ou qu’elle aura du apporter, comme un agneau apporterait le couteau à son boucher. Qu’elle aura du présenter, mains ouvertes, comme un cadeau. Flagellation qui la fera danser d’un pied sur l’autre, sautiller, piailler.
Fesses marquées, des traces de la main, des marques des lanières, de celles d’une ceinture, ou d’une cravache, ou de verges, selon son bon vouloir.
Plaisir.
Jouissance.
Fessée du jour. Fessée en journée
Moments volés.
Dans la maison, sieste crapuleuse
ou rendez-vous prévu pour solder quelques comptes.
Ou  bien dans l’anonymat troublant d’une chambre d’hôtel.
Moment presque rituel à l’occasion d’un voyage,
ou chambre réservée dans le seul but d’une fessée décidée.
Sentiment d’être ailleurs,
hors du monde, hors de son monde.
Troublante crainte que des voisins de chambre puissent entendre.
La fessée est-elle alors plus bruyante, les claques plus sonores, ou est-ce seulement l’illusion qui nait de l’inquiétude ?
Et est-ce seulement de l’inquiétude, de la peur, ou aussi, quelque part, une sourde envie que d‘autres sachent ce qu’elle est entrain de vivre ?  
Que d’autres, anonymes, imaginent ce qui lui arrive.
Cette femme croisée dans le couloir, tout à l’heure, sait-elle maintenant que la dame qui sortait de l’ascenseur est maintenant le cul nu, fustigée par la main de l’homme qui l’accompagnait ?  Imagine-t-elle les fesses qui rougissent, la peau qui s’enflamme,
les globes qui tressautent ?
A-t-elle, elle aussi, déjà connu cela ? A-t-elle été fessée ? A-t-elle crié sous les claques, et souhaité qu’il en ait d’autres ?
A-t-elle imploré qu’il arrête, et craint qu’il ne le fasse ?
A-t-elle partagé cette honte délicieuse, cette douleur jouissive ?
Fessée de jour, fessée en journée, fessée au soleil.
Fenêtre ouverte, persuadée que le bruit d’entend du dehors.
Fessée dans la lumière.
Fessée en plein air. La fraicheur du vent alternant avec la chaleur des gifles.
L’impudeur complète. L’exhibition symbolisée.
Personne ne voit, mais tout le monde pourrait voir, aurait pu voir.
Fessée reçue juste penchée sur une souche, le cul offert, exposé, tendu.
Le bruit qui emplit la forêt. Qui semble résonner sur le lac.
Et cette branche qui devient baguette pour mieux fustiger.
Fessée dont elle reviendra le derrière marqué, zébré.

Fessée de douleur
Fessée de punition
Fessée cadeau

Fessée d’amour
Fessée plaisir.