jeudi 9 mai 2019

La maman et l'institutrice





Alain Eloge







La maman et l’institutrice




Table des matières




Mathilde, l’agent d’entretien de l’école où travaille Hélène, est une bavarde incorrigible. Alors qu’elle nettoie les tables de la classe tandis que la maîtresse de la « section des grands » prépare  le tableau pour la classe du lendemain, elle parle presque sans arrêt, et Hélène l’écoute d’une oreille distraite.

« Ah, vous savez, on en voit des choses quand on va chez les gens.Si on disait tout ce qu’on sait, eh ben, il y en a qui feraient moins les fiers. Mais moi, vous me connaissez, hein, madame Georges, c’est pas moi qui irait raconter des histoires. Enfin, comme on dit, on sait ce qu’on sait et on voit ce qu’on voit. »

Hélène se contente de montrer qu’elle écoute par de vagues « hà cà .. » ou « ho, sûrement » alors que Mathilde lui révèle, ce qu’elle sait depuis longtemps, qu’en dehors de l’école, elle fait le ménage dans quelques maisons du village. Bien qu’elle affecte de ne citer personne, la maîtresse n’aurait aucun mal à deviner qui sont ceux dont « la cuisine est  dans un état que vous n’imagineriez même pas »  ou ceux « qui doivent changer leurs draps tous les trois mois ... » Mais elle se contente de sourire intérieurement, sans vraiment chercher à identifier ceux dont la femme de ménage met ainsi l’intimité à jour. Et celle-ci continue son bavardage :

« Quand on voit des enfants aussi mignons qu’Eric et Jeanne, hein qu’ils sont sages comme des images, madame Georges, eh ben j’peux vous dire que chez eux, ça marche à la baguette. Quand vous pensez que le martinet est pendu à un clou ! Comme chez moi quand j’étais petite. Enfin, j’espère pour eux qu’il sert moins souvent qu’à mon époque. Ha là là, en c’temps là les parents nous faisaient marcher droit. Enfin, chacun fait comme il veut, mais quand on voit des enfants qui font la loi chez eux, c’est triste, hein, madame Georges. Mais est-ce qu’il faut en arriver à ça ? »

Une fois encore, Hélène ne réponds que par un « Ha ça c’est sûr » qui n’engage à rien. Mais la remarque de Mathilde a quand même retenue son attention. Eric, ce mignon bambin qu’elle a dans sa classe et sa sœur, Jeanne, qui est en CP à l’école d’à côté, seraient-ils élevés « à l’ancienne » ? Cela l’étonne, d’abord parce qu’en effet, ce sont tous les deux des enfants plutôt sages et calmes, ensuite parce que leurs parents, monsieur et madame Lefranc, lui apparaissent comme des gens modernes, ouverts, impliqués dans la vie de l’école, et en rien comme des nostalgiques du temps passé. Et, tandis que Mathilde continue son  babillage qu’elle n’écoute plus, elle se dit qu’elle aurait du mal à imaginer les deux enfants victimes de châtiments corporels d’un autre temps.

Pourtant, dés le lendemain, Hélène met un petit mot dans le cahier de liaison d’Eric :

« Madame, je souhaiterais vous rencontrer quand cela vous est possible. Je suis disponible tous les soirs de 16h30 à 17h30 ou le samedi à 11h30 à l’école. Cordialement, Mme Georges »

Quand Karine, la maman des deux enfants, prend connaissance de ce mot, elle s’inquiète de savoir quelle bêtise a pu faire Eric, mais devant ses dénégations, elle préfère ne pas insister, et dés le surlendemain, après s’être arrangée pour quitter son travail plus tôt que d’habitude, elle est dans le couloir de l’école. Hélène l’accueille avec le sourire et la fait entrer dans le bureau du directeur, le temps de surveiller la sortie des enfants. Tandis qu’elle l’attends, Karine se dit que la maîtresse a vraiment la tête de l’emploi. Hélène est une femme plutôt jolie, grand et élancée, mais elle semble tout faire pour se donner l’allure sérieuse sinon sévère d’une institutrice. Les cheveux toujours réunis en queue de cheval, des vêtements toujours plutôt stricts, mais jamais de pantalon, et les inévitables lunettes d’écaille sur le nez. Tous les parents, que Karine rencontre lors des réunions de parents d’élèves, s’accordent pour la considérer comme une enseignante compétente et dévouée, très impliquée dans son métier, ouverte au dialogue avec eux, mais restant toujours un peu sur sa réserve. « Après tout, ce dit Karine, moi aussi je respecte une sorte de « dress-code » quand je vais au travail » Ce soir là, elle porte en effet la tenue presque caricaturale de « l’exécutive women » qu’elle est dans une grande société d’assurance. Jupe droite, chemisier sage, et maquillage léger. Quand la maîtresse la rejoint elle s’assoit de l’autre côté du bureau et engage aussitôt la conversation :

            « Je vous remercie d’être venue aussi vite, Madame Lefranc, mais il n’y avait pas urgence, vous savez, cela pouvait attendre samedi »

            « Ho, j’ai préféré en avoir le cœur net le plus vite possible, et savoir ce qu’Eric a bien pu faire pour justifier cette convocation. »

            « Mais non, ne vous inquiétez pas, Eric n’a rien fait de mal, c’est un enfant adorable. Et je suis sûr qu’il est aussi sage à la maison qu’à l’école, non ? »

            « Vous me rassurez, madame. En effet, Eric ne nous pose pas trop de problèmes à la maison, mais c’est un enfant, pas un ange !  Il lui arrive aussi de faire des bêtises, comme sa sœur.»

            « Certes, mais quel enfant ne fait jamais de bêtise ? A vrai dire, ce serait presque inquiétant. Mais dites moi, si je peux me permettre, madame Lefranc, quand Eric ou Jeanne font ce que vous appelez  des bêtises, comment réagissez-vous ? »

            « Hé bien, comme tous les parents, je suppose, je les gronde bien sûr. Mais … pourquoi cette question, madame ? »

            « Je vous prie de m’excuser, madame, de cette question, mais comprenez-moi bien, cela fait partie de nos obligations professionnelles, vous savez. L’Inspection Académique nous rappelle souvent qu’il nous appartiens de faire ce que nous appelons un signalement quand nous avons des craintes. »

La maman fronce les sourcils et réplique, d’une voix brutalement plus sèche :

            « Mais de quelles craintes parlez-vous, madame ? Je ne vous suit pas bien. »

L’institutrice a bien remarqué que son interlocutrice a changé d’attitude, et elle s’empresse de la rassurer :

            « Je ne me permet pas de m’immiscer dans les méthodes éducatives des parents, vous savez, madame. Mais vous savez aussi que la loi interdit aujourd’hui les châtiments corporels, même à la maison »

            « Oui, et alors ? Ils sont aussi interdits à l’école, non ? »

Le ton de Karine est maintenant vraiment sec, trahissant visiblement l’irritation de la maman. Et Hélène réponds sur le même ton :

            « Bien sûr, et nous respectons strictement cette règle, je pense que vous n’en doutez pas, madame ? »

            « Je n’ai jamais dit le contraire, madame, mais je ne pense pas que c’est pour cela que vous m’avez convoquée ? »

Si Hélène fait preuve d’une grande patience avec les enfants, elle a plutôt la tête près du bonnet dans la vie courante, et le ton presque agressif de la maman l’amène a lui répondre sur le même ton :

            « Je ne vous ai pas convoquée, madame Lefranc, je vous ai juste invitée à me rencontrer, cela fait partie de mon métier, voilà tout. »

Sans que ni l’une ni l’autre ne l’ai vraiment choisi, le dialogue entre les deux femmes est devenu une sorte d’échanges de balles de tennis.

            « Je l’entends bien ainsi, je je suis là, madame, mais je ne comprends toujours pas pourquoi. »

            « Mais j’y viens, madame, j’y viens. »

            « Eh bien venez-y, je vous écoute, madame »

Le dialogue se poursuit, de plus en plus tendu :
            « Comme je vous le disais, madame, la loi interdit les châtiments corporels, même en famille »
            « Oui, vous me l’avez en effet déjà dit, et alors, en quoi suis-je concernée ? »
            « C’est moi qui suis concernée, madame, la loi m’oblige à vous poser la question sans détour, veuillez m’en excuser .. »
           
            « Mais quelle question donc ? Je ne comprends rien à vos circonvolutions ! »

            «Alors, je vais être plus directe, madame. Je suis au regret d’avoir à vous demander si vos enfants reçoivent la fessée à la maison. »

            « Mais de quel droit …. »

            « Je vous l’ai dit, madame, j’ai le devoir de signaler si des éléments m’amènent à supposer ... »

            « Mais je vous interdit de supposer quoi que se soit, madame ! Ni mon mari ni moi n’avons de comptes à vous rendre, et je ne vois d’ailleurs pas ce qui vous permet de supposer que je ... »

            « Je ne vous ai pas mise en cause, madame, je vous demande seulement si vous, votre mari ou qui que se soit ... »

Ni l’une ni l’autre ne laisse celle qui est devenue son adversaire finir ses phrases. Ainsi Karine reprend-elle, d’une voix plus aiguë :

            « Mais encore une fois, je vous interdit ... »

            « Vous n’avez rien à ‘interdire, madame ! »

            « Mais si, madame ! Vous portez des accusations sans le moindre fondement ! Mes enfants se sont-ils plaints auprès de vous ? »

            « Non, absolument pas, mais .. »

            « Auriez-vous remarqué des traces  de coups ? »

            « Mais non, bien sûr ! Sinon ... »

            « Alors ? Qu’est ce qui vous permet de colporter de telles rumeurs ? Vous savez que cela relève de la diffamation ? En tout cas, soyez sûre que j’en référerait à votre hiérarchie ! »

 Cette fois, Hélène sort de ses gonds. La menace ne lui fait pas vraiment peur, mais elle ne la supporte pas, et la réplique part comme une balle, avant même qu’elle n’ait vraiment réfléchie :

            « Ho ! Ça suffit, madame ! Il me semble que quand on exhibe un martinet chez soi ... »

Immédiatement, elle comprend que sa réplique a touchée juste. La maman se redresse, les yeux furieux, elle ouvre la bouche, mais pas un son n’en sort. Puis elle se tasse sur sa chaise, comme un pantin dont on aurait coupé les ficelles et elle balbutie :

            « Mais comment savez vous ... ? »

            « Il me semble que ce n’est pas la question, madame.  Nieriez-vous qu’un tel instrument soit présent chez vous, à la vue de tous ? »

Déstabilisée Karine réponds, avec une franchise qui amène Hélène à devoir se mordre la joue pour ne pas sourire :

            «Mais non ...il est dans notre chambre ! »

Etse rendant compte qu’elle vient de confirmer ce que lui reproche l’institutrice, elle portes ses deux mains devant sa bouche et bredouille, presque à voix basse :

            « ..et ...ce n’est pas ...enfin...ce n’est pas pour les enfants…je vous assure, jamais mon mari .... »

Hélène se contente de la regarder, le sourcil levé, interrogatif. Et Karine comprend qu’elle en a déjà dit trop, ou pas assez. Elle relève ses yeux, embués de larmes, et murmure :

            « Il ne l’a jamais employé que … que pour moi...madame. »

Et elle enfoui son visage dans ses mains, en pleurant maintenant sans retenue.  A travers ses sanglots, elle parvient cependant à bredouiller :

            « Je vous jure, madame, il n’a jamais levé la main et encore moins le martinet sur les enfants….  Je vous en supplie, ne l’accusez pas. Je vous jure, il n’y a que moi qui …. »

Et, brusquement, elle se lève, se tourne à demi et, sans hésiter, relève le bas de sa jupe en lançant :

            « La preuve ... »

Et Hélène découvre le haut des cuisses de la maman de son élève et le bas de ses fesses, moulées dans une culotte échancrée. Des cuisses et des fesses marquées de traces violettes … Karine laisse retomber sa robe, s’appuie des deux mains sur le bureau et en s’asseyant elle reprend :

            « Ne vous moquez pas, madame, s’il vous plaît. Ne me jugez pas ...j’ai tellement honte ! »


            « Mais honte de quoi, grands dieux ? »

Et comme Karine ne réponds rien, continuant à cacher son visage dans ses mains ouvertes, elle poursuit :
            « Votre mari vous flanque parfois la fessée, et alors ? Je ne pense pas que vous êtes pour autant une victime de violences conjugales ... »
Cette fois Karine relève la tête et réponds, presque fièrement :
            « Ho non, je ne prétends pas cela ...ne jugez pas mon mari, madame. »
            « Mais de quel droit jugerai-je ou vous ou votre mari, madame. C’est votre vie, c’est votre liberté. »
Et alors que son interlocutrice plante son regard mouillé dans le sien, elle ajoute, plus bas :
            « Et puis, qui vous dit que vous êtes la seule à connaître cela, Karine ? »
Celle-ci ne réagit pas au fait que la maîtresse vient d’abandonner le « madame » officiel pour l’appeler par son prénom, mais comme elle semble pas comprendre où elle veut en venir Hélène poursuit :
            « La fessée dans le couple, ou même une volée de martinet  de temps en temps,si les deux y trouvent leur compte, qui pourrait trouver à y redire ? »
Elle retourne alors vers son bureau, y prends une boite de mouchoirs en papier et la tends à Karine. Alors que celle-ci s’essuie les yeux et se mouche, elle s’assoit et dit :
            « Et non, ma chère Karine, que cela vous rassure ou vous déçoive, vous n’êtes pas la seule à connaître de temps en temps le pan pan cucu marital ... »
Et comme Karine lève les épaules en disant, la voix encore troublée par les pleurs :
            « Quand même … vous vous moquez de moi... »
Elle secoue la tête négativement et lâche :
            « Certainement pas, Karine, et croyez-moi, je sais de quoi je parle ... »
Karine relève la tête et la regarde, les yeux écarquillés d’étonnement. Hélène poursuit alors, d’une voix devenue un peu plus rauque :
            « Ben oui, quoi … moi aussi ...et je n’en suis pas morte ! »
            « Non … vous ne voulez pas dire que ... »
            « Mais si ! Et croyez-moi, Karine, je n’ai pas honte d’être régulièrement déculottée ... »
            « Vous, madame Georges ? Je ne vous crois pas ! »
            « Et pourtant … mais je ne peux pas vous faire constater de visu, Karine… la dernière remonte déjà à plusieurs jours, et il n’y en a plus de souvenirs ... »
            « Ho ! Ça, je ne l’aurais jamais cru, vous, une institutrice ! »
Cette fois, Hélène éclare franchement de rire :
            « Mais pourquoi voudrais-tu que les institutrices soient dispensées ? »
            « Ben, je sais pas ...vous avez, enfin tu as l’air si sévère ... enfin non, je veux dire si sérieuse...»
            « Mais je suis sérieuse ! Et tu es bien placée pour savoir que la fessée est une affaire sérieuse, non ? Mais, tu sais, ce n’est pas l’institutrice qui est déculottée, c’est l’épouse ! »
Et, souriant franchement cette fois elle ajoute, mutine :
            « Je suppose que chez vous aussi … »
            « Que chez nous aussi quoi ? »
            « Eh bien, que vous aussi … c’est ….comment dire … enfin c’est cul nu, non ? »
Pour la première fois, Karine ébauche un sourire et convient :
            « Oui … bien sûr ... »
            « Et c’est monsieur le mari qui ... ?»
Cette fois, Karine comprend, et elle répond franchement :
            « Oui ...il y tient ! »
Et Hélène, en riant franchement cette fois rétorque :
            « Ils sont tous pareils ! »
Et, comme si elles avaient toutes les deux oublié le début de leur conversation, comme si elles n’étaient plus « madame l’institutrice » et « madame la maman d’élève » mais deux copines, la conversation se poursuit, et elles passent spontanément au tutoiement, comme si leurs aveux réciproques les avaient subitement rapprochées :
            « Ça fait longtemps, pour toi ? »
            « Ben … on est mariés depuis onze ans ... »
            « Et … il a commencé dés votre mariage ? »
            « Oui … le soir de nos noces si tu veux savoir  !  Il m’a affirmé que c’était une tradition dans sa famille !»
            « Ha … drôle de nuit de noce quand même … enfin je suppose qu’elle ne s’est pas limitée à cela ! »
            « Ho non, heureusement ! »*
            « C’était la première fois, pour toi ? »
            « La première fois ? AH oui, je comprends. Oui ..enfin pour la fessée, pour le reste ...non ! »
            « Moi, j’ai été fessée avant d’être mariée!Au moins, je ne peux pas dire qu’il m’a prise en traître, je savais à quoi m’en tenir ... »
            « Et comme moi, ça ne t’a pas empêchée de l’épouser. »
            « C’est bien ce que je disais … c’est que, comme le dirait le psychologue scolaire, « on y trouve notre compte ...quelque part »
Cette allusion aux tics de langage de Monsieur Heuteau, le psychologue qui intervient dans l’école et organise de temps en temps des conférences à l’intention des parents et des enseignants, les fait rire de bon cœur toutes les deux.
            « Et, dis moi, chez vous … c’est souvent ? »
            « Je sais pas … pas tous les jours ... »
            « Heureusement pour tes fesses ... »
            « Oui … tu vois, la dernière fois, c’était avant-hier, et elles auraient du mal à en recevoir une autre avant quelques jours ... »
Hélène approuve de la tête :
            « Çà, je n’en doute pas ...il n’y ai pas allée de main morte ... »
            « Oh … non … mais c’est surtout que la ceinture, ça laisse plus de marques que le martinet ... »
            « La ceinture ? »
            « Ben oui … tu vois il aime « varier les plaisirs » comme il dit !
            « Et ça fait plus mal ? »
            « C’est différent, tu sais bien ! »
             « Ben, non. Tu sais, mon mari, c’est seulement à la main ... »
            « Mais tu me disais ... »
            « Je te disais seulement que, main ou martinet, ça ne change rien au fait … Et, tu sais, je suis sûre que mon mari a très envie d’en acheter un … »
            « Et il ne l’a pas fait ? »
            « Non … il m’a seulement dit plusieurs fois qu’au super marché de la place Jeanne d’Arc, il y en a au rayon animalerie… »
            « Peut-être attend-t-il que tu fasses l’achat toi-même ? »
            « Ha ben ça, il peut attendre longtemps ! Je ne vais quand même pas lui apporter ça en cadeau ! »
            « Ho, tu sais, il ne faut jamais dire « fontaine ... »
Comme elle se rend bien compte qu’Hélène n’a pas l’air de comprendre ce qu’elle veut dire, elle s’explique :
            « Tu sais, au début, chez nous … enfin..c’était comme chez toi. Alain, mon mari, savait bien que … comment dire … que j’étais novice en la matière. Je conçois bien que cela va te sembler ridicule, mais d’une certaine manière, il m’a amenée, je ne dirais pas à espérer qu’il passe ...à autre chose, mais à le considérer comme une sorte presque de récompense. »
            « Une récompense ? Avoir le cul flagellé ? »
            « Comment  te dire ? Il ne m’a jamais menacé d’utiliser autre chose que sa main, mais, un peu comme le tien si je comprends bien, il m’a parlé du martinet. De ce que représente cet instrument …. des traditions … Peu à peu, il m’a présenté le fait de recevoir le martinet comme une marque de respect, oui, on peut dire une récompense. Il a fini par me convaincre que je « méritais » de le recevoir, mais pas parce ce que je ne sais quelle faute aurait nécessité une sévérité plus grande. Mais parce que je « pouvais » le supporter … tu comprends ? »
            « Franchement, je ne suis pas sûre ... »
            « Je ne cherche pas à te convaincre, tu sais. Je pense que ça vient quand ça doit venir, c’est tout. »
            « Et, pour toi, c’est venu quand ? »
            « Deux ans après notre mariage à peu prés ... »
Karine ne s’adresse plus vraiment à Hélène, elle semble parler pour elle-même, les yeux dans le vague :
            « Non, vraiment, il ne m’a rien imposé. Je ne peux même pas dire qu’il m’a suggéré de le faire ...et pourtant je l’ai fait ! »
            « Tu as fait quoi ? »
            « Eh bien ...je l’ai acheté ! »
            « Attends .. tu veux dire que tu as acheté toi-même un ... »
            « Oui ! Nous nous promenions dans une rue de Rouen et nous nous étions arrêtés devant une vieille boutique de droguiste, très typique. Et, dans la vitrine, il y avait un martinet, exposé comme ça. Alain ne m’a rien dit, ne m’a même pas fait remarquer la présence pourtant incongrue de cet instrument au milieu des ustensiles ménagers. Et pourtant, sans rien expliquer, je suis entrée. Le propriétaire était un vieux monsieur, avec une blouse grise. Il m’a demandé ce qu’il pouvait faire pour moi, et je lui ai dit tout simplement « je voudrais un martinet, s’il vous plaît » C’est incroyable, je sais bien, mais le mot est sorti comme ça, comme si j’avais demandé un entonnoir à confitures ! Il a été décroché une sorte de grappe de martinets qui pendait du plafond, et m’a demandé, sans la moindre trace d’ironie, si j’avais une préférence pour la couleur du manche. Et, comme j’ai haussé les épaules sans répondre, il a choisi lui même un manche jaune en marmonnant entre ses dents « c’est vrai que c’est pas la couleur qui fait ... » J’ai payé, et il m’a encore demandé « je vous l’emballe ou c’est pour utiliser tout de suite ? » Cette fois j’ai bien compris qu’il se moquait de moi et j’ai rétorqué un peu vivement je le reconnaît, « ben oui, donnez moi un sachet ! » Il s’est exécuté, m’a tendu le paquet, et quand j’étais à la porte je l’ai entendu encore grommeler « ben au moins, ça lui apprendra peut-être la politesse ! »
            « Et tu es sortie comme ça, le martinet sous le bras ? »
            « Ben oui … Alain ne m’a même pas demandé ce qu’il y avait dans le paquet. Il m’a seulement dit « je pense qu’on va rentrer, hein ? »
            « Il avait deviné ? Et il voulait ... »
            « Bien sûr ! Il voulait l’utiliser tout de suite ! »
            « Mais … il n’avait pas de raison, tu n’avais rien fait ... »
            « Non, bien sûr. Mais j’aurais eu mauvaise grâce à lui refuser. Après tout,si je l’avais acheté, c’est bien pour qu’il serve, non ? Je devais bien savoir à quoi je devais m’attendre ... »
            « Il ne t’as même pas donné de raison ? »
            « Non, ce n’était pas la peine ... »
            « Et il l’a vraiment, comme tu dis « utilisé tout de suite » ?
            « Ha ça oui, ça n’a pas traîné ! A peine étions nous rentrés à la maison qu’il m’a dit « je vais dans mon bureau ma chérie, tu me rejoins ? » ça suffisait pour que je comprenne ... »
            « Pourquoi ? »
            « Parce que, vois-tu, c’est souvent dans son bureau que « ça » se passe, surtout quand c’est prévu d’avance. Bien sûr il m’arrive de « la » recevoir ailleurs dans la maison, dans la cuisine, dans la salle à manger, ou même dans la salle de bain, et bien sûr parfois dans notre chambre … tu sais pourquoi ! Mais il aime aussi que je me rende de moi-même dans son bureau, en sachant fort bien pourquoi. »
            « Et tu y es allée tout de suite ? »
            « Pas vraiment, j’ai pris le temps de prendre une douche … je savais bien que cela lui fournirait un prétexte pour justifier une fessée pour l’avoir fait attendre, mais je me sentais moite et en sueur et tant qu’à se mettre à poil autant qu’on sente bon, et qu’on porte une petite culotte sèche et propre, même si c’est pour la retirer ! Je me suis donc douchée, puis j’ai mis une petite jupe qui se trousse facilement,une petite culotte toute fraîche, et un petit haut. Puis je l’ai rejoint comme il me l’avait demandé. »
            « Tu .. tu avais apporté ..ce que tu venais d’acheter ? »
            « Oui, bien sûr, il n’aurait servi à rien de faire comme si je n’avais pas compris ... J’ai sorti le martinet de son sachet, et c’est seulement à ce moment là que je me suis rendu compte de ce que j’avais fait ! »
            « Tu veux dire que tu as eu peur ? »
            « Une trouille folle ! J’ai soupesé l’instrument,  j’ai fait glisser les lanières sur ma paume de main, je les ai agitées en l’air et je me suis rendu compte qu’elles allaient bientôt me cingler les fesses ! J’en avais des frissons et je sentais le sueur recommencer à couler entre mes omoplates. Pourtant, il était trop tard pour reculer … alors je suis entrée... »
            « Avec le martinet à la main ? »
            « Oui, en fait, tu vois, je te jure que je ne sais pas de où ça m’est venu, mais j’ai spontanément adopté l’attitude qu’il attendait de moi. »
            « Qu’est ce que tu veux dire ? »
            « Je trouvais qu’arriver dans son bureau avec ce machin à bout de bras, ça aurait l’air bête. Alors, j’ai choisi de porter le martinet sur mes deux mains ouvertes, bras tendus. Tu vois , Un peu comme si j’apportais, je sais pas, moi, une sorte d’offrande. Alain était assis sur le fauteuil, celui dans lequel il s’installe régulièrement quand .. enfin tu comprends. Je me suis approchée, je me souviens que je sentais mes jambes flageoler, et je lui ai tendu l’instrument. Il l’a pris, a caressé les lanières, a pris le manche en main et m’a dit : « c’est un bel instrument, ma chérie, tu as fait un bon choix » Je sais que tu vas trouver cela bête, mais j’ai été vraiment fière de ces mots. »
            « Non, je ne trouve pas cela bête, tu sais, je crois que je comprends ... »
Karine remercie Hélène d’un sourire, puis elle poursuit son récit :
            « Il s’est levé, le martinet à la main, s’est approché de moi, et il m’a embrassé en disant « je savais que ce moment arriverait un jour .. » Puis il a ajouté, en me désignant le fauteuil, « mets toi en place, tu te penches par dessus le dossier et tu mets tes mains sur les accoudoirs. »J’ai fait ce qu’il me demandait, et je me suis donc retrouvé le corps plié en deux, le ventre contre le dossier, et la tête plus bas que … que les fesses. Il a reprit : « tu retrousses, s’il te plaît » Je me suis relevée, j’ai relevé ma jupe au dessus de ma taille, et je l’ai coincée entre mon ventre et le fauteuil pour qu’elle ne retombe pas. Et là, à ma grande surprise il m’a demandé, je dis bien demandé, et pas ordonné : « tu baisses ta culotte, s’il te plaît » et il a ajouté : « elle ne doit pas tomber ... » J’avais bie sûr compris où il voulait en venir. Comme quand il me donne la fessée à la main, il me voulait « déculottée », pas toute nue. Sans me relever cette fois, j’ai passé mes mains dans mon dos, j’ai glissé mes pouces sous l’élastique de ma culotte et je n’ai fait glisser sous mes fesses, juste au pli entre elles et les cuisses. Et pour quelle ne glisse pas plus bas, j’ai un peu écarté les jambes, en étant consciente que j’exposais ainsi … mais il n’était plus temps de jouer les prudes. C’était comme si le temps s’était arrêté. J’avais l’impression qu’on entendait  mon cœur battre. Et en même temps, dans le silence de la pièce, j’entendais le tic-tac de la pendule de bureau. Et puis ...ça a commencé ! J’ai entendu une sorte de chuintement, et les lanières se sont abattues sur mes fesses. »
            « Ça doit faire   atrocement mal ! »
            « Ah, ça, oui, bien sûr, ça pique ! Mais, au fond, je ne dirais pas vraiment que ça fait plus mal qu’une bonne fessée classique. Je dirais plutôt que c’est … comment dire ...que c’est différent. D’abord parce que c’est toute la surface des fesses qui est concernée. Les lanières se répartissent sur tout le derrière, tu vois ? C’est comme si une multitude d’épingles se fichaient sur ton popotin en même temps. Mais, je ne sais pas si l’expression peut vouloir dire quelque chose pour toi,  je dirais que la douleur est en quelque sorte moins profonde, plus superficielle. Mais, oui, je ne vais pas te dire le contraire, ça fait mal …. »
Hélène écoute, fascinée. Elle n’interrompt plus. Elle ne pose plus de questions. Elle laisse Karine poursuivre son récit, captivée par le discours de cette femme qui ne laisse plus paraître la moindre marque de honte.
            « Mais, comme j’essayais de te le dire tout à l’heure, en même temps, je savais, je sentais, que mon mari était fier de moi, et moi, eh bien j’étais fière aussi. Oui, je l’avoue, j’étais fière d’être ainsi flagellée. Bien sûr, au bout de quelques coups, je n’ai pu retenir mes cris. Je sais que j’ai piaillé. Que j’ai gigoté. Mais j’étais fière de garder la position. Mes mains étaient crispées sur les accoudoirs, mais pas une seule fois je n’ai tenté de me protéger les fesses. Pas une seule fois je ne me suis relevée. »
Et, soudain, Hélène sent le rouge lui monter aux joues. Une femme qu’elle ne connaissait jusque là que comme une maman d’élève est entrain de lui raconter comment elle a été fessée au martinet, comment elle a gémit  sous les coups de martinet et même crié de douleur. Et elle sent qu’elle est entrain, elle, de mouiller sa petite culotte ! Elle en a honte, mais elle ne peut se le cacher, imaginer cette femme entrain de crier sous les coups de martinet l’excite !  Elle parvient cependant à cacher son trouble, et renonce à interroger plus avant celle qui est devenue de fait sa copine, de peur qu’elle ne devine à quel point son récit l’excite. De son côté, arrivée à ce point de ce qui ressemble à une confession, ou tout au moins à une révélation, Karine s’interrompt. Peut -être prend-elle conscience de ce qu’elle vient de révéler de son intimité. Elle aussi de trouble un moment, se mord les lèvres, évite le regard direct de l’institutrice, puis se lève en disant, d’une voix qu’elle cherche à rendre assurée :
            « Bien … je pense que ...que nous pouvons en rester là pour aujourd’hui ….madame ? »
Hélène comprend qu’il lui faut elle aussi reprendre une attitude plus conforme à leurs situations respectives. Elle acquiesce d’un mouvement de tête, mais ajoute cependant :
            Bien sûr, bien sûr … le … le malentendu est dissipé… mais ...je pense que nous pouvons nous tutoyer, n’est ce pas, Karine »
L’une et l’autre comprennent, sans qu’il soit besoin de l’expliquer, que s’il convient qu’elles reprennent leurs positions d’institutrice pour l’une et de maman d’élève pour l’autre, rien ne pourra redevenir complètement comme « avant » entre elles. Elles sont conscientes qu’elles partagent maintenant un secret que ni l’une ni l’autre n’a jamais partagé avec personne d’autre. Elles savent qu’elles sont toutes deux des épouses fessées, que l’une et l’autre sont régulièrement déculottées par leurs époux. Et surtout elles savent que l’une comme l’autre non seulement l’acceptent, mais, au fond font plus que s’en accommoder. Bien sûr, Karine n’a révélé la chose que parce qu’elle y a été acculée par le cours de la conversation avec l’institutrice, mais, après tout, rien ne l’obligeait à donner autant de détails, autant de précisions. Et Hélène a bien compris que, si l’aveu lui a été difficile, il s’est finalement transformé progressivement en une sorte de revendication. Oui elle a « avoué », mais elle en est arrivée à faire plus qu’assumer sa situation. Bien sûr, dans un premier temps, la honte l’a submergée, jusqu’à provoquer des larmes qui n’étaient pas feintes. Mais une fois que son interlocutrice lui a eu révélé qu’elle aussi connaissait la fessée conjugale, elle a presque revendiquée le fait d’être une épouse fessée. Du reste, elle n’a pas hésité à proclamer sa fierté de l’être. Quant à Hélène, elle est bien consciente qu’elle aurait pu entendre les explications de la maman de son élève, la rassurer, et en rester là. Or, alors que rien ne l’y obligeait, elle lui a révélé, sans la moindre honte elle non plus, être elle aussi une épouse fessée. Elles savent donc toutes les deux qu’elles partagent maintenant ce qui n’est ps seulement un secret. Karine n’hésite donc pas à accepter la proposition d’Hélène :
            « Bien sûr, Hélène, je te remercie de … de ton ouverture d’esprit, et de ta franchise. Tu sais …ça m’a fait beaucoup de bien. Pas seulement de savoir que toi aussi … mais surtout de pouvoir partager avec toi. »
            « Mais, c’est moi qui te remercie, Karine, ou plutôt qui te félicite de ta loyauté envers ton mari. Finalement, avec toi, j’ai compris qu’il n’y a pas a avoir honte de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, toi et moi ... »
           « Certainement pas ! Tu sais, au fond, mais il n’y a sûrement que celles qui … enfin qui sont comme nous deux, qui peuvent le comprendre, il me semble au contraire que nous pouvons en être fières. »
Les deux jeunes femmes s’embrassent, puis se quittent après que Karine ai murmuré à l’oreille de l’institutrice :
            « Je te souhaite le meilleur, ma chérie … je te souhaite de continuer à découvrir notre monde ... »
Hélène n’a pas demandé à Karine ce qu’elle voulait dire par là. Elle est rentrée chez elle, les jambes un peu en coton, et l’esprit troublé. Quand elle se réfugie dans sa chambre, elle vérifie ce qu’elle avait ressenti lors de sa conversation : sa petite culotte est moite, et même trempée. Elle ne peut le nier : les aveux de sa copine l’ont fait mouiller comme rarement. Quand elle porte, selon un geste qui lui est habituel, la petite culotte à son nez, elle perçoit la fragrance chaude et épicée qui ne peut la tromper. Et, en même temps, elle sent que les bouts de ses seins sont tellement tendus qu’ le frottement sur son soutien gorge en est presque douloureux.  Elle arrache ses vêtements plus qu’elle ne les retires, et elle se roule en position fœtale sur son lit, les cuisses serrées, les yeux fermés. Les images surgissent, comme sur un écran. Des images de fesses rougies, de derrière zébrés de marques violacées, de lanières qui volent … Elle se retourne et s’allonge sur le ventre, relevant les hanches pour glisser sa main droite sur son bas – ventre et faisant pointer son derrière, comme si elle le présentait pour une fessée. Dés que ses doigts se crispent sur son minou, la vague de la jouissance naît au creux de son ventre. Elle gonfle, s’amplifie, l’emplit. Puis elle déferle, impérieuse, indomptable, tandis qu’Hélène remue presque frénétiquement ses doigts dans sa chatte dégoulinante. Le torrent du plaisir jaillit. Son minou se crispe, baille. Hélène, les eux clos, la mâchoire serrée, fait pénétrer plus profondément son index et son majeur dans son sexe, et titille son petit trou du gras du pouce, avant de le faire lui aussi forcer l’anneau.  Quand le pouce pénètre profondément dans son petit trou, une douleur fulgurante explose. Mais, loin de renoncer, elle accentue au contraire les pénétrations, dans sa chatte comme dans son cul. Les mots que prononce son homme quand il la prend en levrette en la tenant par les hanches lui reviennent : « je vais te défoncer, je vais te démonter ! » Et elle jouit follement, avec, encore et toujours, ces images de derrière flagellé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire