samedi 28 août 2010

Le plénipotentaire 2ème partie

Mercredi14 mars.
De A*S* à E*

Monsieur,
(Puisque je pense que c’est ainsi qu’il convient de vous appeler en ces circonstances.)
Conformément à votre demande, je vous rends compte de l’exécution de la mission de votre agent. Elle a été exécutée, et, à mon humble avis, de belle manière. Pour ne rien vous cacher j’i beaucoup de mal à m’asseoir sans grimacer, et je vais devoir prendre bien garde à ce que mon homme ne remarque pas la teinte étonnante de la partie concernée de mon individu. Il me semble que j’ai rempli ma part de notre défi mutuel. J’espère vous lire bientôt.

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Vendredi 16 mars
De E* à A*S*

1) Je viens de vous lire. Nous aurons donc le plaisir de poursuivre nos échanges.

2) Je prends bonne note de l’exécution de la mission, je ne doutais pas de lui, et pour tout vous dire pas vraiment de vous.

3) Mais de qui vous moquez vous avec ce compte rendu presque administratif ? Si vous ne voulez pas mériter une sanction autrement plus sévère, j’attends de vous un récit circonstancié, précis et qui utilise les mots qu’il faut, sans barguigner. Et je suis sur que, là vous me comprenez.

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Vendredi 16 mars
De A*S* à E*

Merci et pardon, Monsieur.
Merci d’avoir répondu. Mais mon Dieu que je vous en veux d’avoir attendu aujourd’hui pour lire ce que je vous ai écrit avant-hier. J’ai eu si peur que vous disparaissiez de ma vie !
Et pardon d’avoir tenté d’esquiver la difficulté du récit. ? M’autorisez-vous quelques instants pour remettre … les choses dans l’ordre ? Et accepteriez-vous de me guider si je me perds ?
Et enfin, a-t-on le droit d’avoir envie d’embrasser son « monsieur » dans ce monde des femmes punies que vous me faite découvrir ?

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Vendredi 16 mars
De E* à A*S*

Pas des « femmes punies », mon A*, des femmes révélées à elles-mêmes. Le droit d’avoir envie d’embrasser ? Mais ce serait presque un devoir ! EN tout cas le Monsieur » lui, a une furieuse envie de vous embrasser, de vous couvrir de baiser tendres.
Mais cette envie ne le détourne pas de sa demande initiale, vous le savez bien. Alors allons-y. Je vous avez dit qu’il vous appartiendrait de décider si vous la recevriez, et si oui où et quand …. Allez-y.

Vendredi 16 mars
De A*S* à E*

Merci de m’aider par vos questions. Ainsi donc quand votre plénipotentiaire est revenu je lui ai proposé de nous rencontrer pour qu’il exécute sa mission et que cela se passe le lendemain, mercredi, dans un motel à la sortie de la ville.

Ce que ne précisait pas A* dans sa réponse c’est la durée de son incertitude, de ses hésitations, de cette « tempête sous un crâne » presque hugolienne . Dans son souvenir il ne reste rien de cette journée commencée par l’irruption dans sa vie de ce visiteur matinal, si ce n’est peut-être la violence du plaisir qu’elle s’est donnée à elle-même après son départ. Cette journée de balancement entre des décisions contradictoires successives reste dans son souvenir comme une journée – et une nuit – hors du temps. Peuplées ‘images violentes, mélange de souvenirs de photos vues sur Internet et d’images construite par son imagination. Scandée par des moments de folle colère contre cet individus qui prétend ainsi prendre la main sur sa liberté, et alors, elle en est sure, décidée, une fois pour toute et sans retour, jamais plus elle n’aura quelque contact que se soit avec ce triste sire, et si son machin ambassadeur à la con ose ramener sa fraise demain, elle en est bien sure, elle le menacera sans coup férir d’appeler la police et de le dénoncer pour harcèlement, Nom de Dieu. Puis par des moments de folle angoisse. Et s’il mettait ses menaces implicites en application ? Et s’il cessait de lui écrire. Elle ne pourrait pas. Elle ne veut pas. A aucun prix. Elle a trop besoin de ces mots qui lui disent qu’elle est belle, qu’elle donne envie, qu’elle lui donne envie. Et s’il faut en passer par « là », par la soumission de sa peau aux coups d’un intermédiaire, elle le fera, bien sur qu’elle le fera, bien sur qu’elle s’offrira en holocauste. Que peut valoir la douleur au coté du plaisir qu’elle prend à le lire et à lui écrire ce que, parfois, elle ose à peine s’avouer à elle-même ? A d’autre moments de cette folle journée, il lui apparait encore plus clairement qu’elle le fera, mais en aucun cas par peur de ses représailles, de son départ, de son abandon. Mais non, elle le fera parce qu’elle en en envie. Parce que ce fou de français, avec ces mots de feu a fait naître, au creux de son ventre, l’envie irrépressible de découvrir ce plaisir improbable, cette jouissance inversée. Elle, plutôt douillette par ailleurs, plutôt craintive devant la douleur, a senti, au fil des jours et des semaines, monter en elle non plus tant l’envie mais presque le besoin de ressentir ce que ces êtres étonnants du monde de la fessée exposent au fil des pages des sites spécialisés. La lecture du récit imaginée de sa « découverte » de la fessée la mise dans un état de manque dont elle prend conscience maintenant qu’elle sait avoir la possibilité d’y mettre fin. Oui elle accueillera ce représentant. Oui elle se soumettra aux ordres de son « Monsieur » lointain. Oui elle recevra cette fessée. Oui son corps sera meurtri. Oui elle passera ce cap, oui elle découvrira ce monde d’au-delà du connu. Et puis, dans la minute qui suit cette résolution, le monde de la vraie vie lui revenait en pleine face. Comment une jeune femme, indépendante, libre, moderne, évoluée, fille des années du féminisme militant, intellectuelle, pourrait-elle ainsi se vautrer dans la soumission à la force physique, aux coups, à la violence ? Comment pourrait-elle-même imaginer accepter d’être battue ? Et surtout peut-être comment pourrait-elle envisager seulement de se mettre en danger auprès d’un individu dont elle en sait rien si ce n’est qu’il connait un autre individu dont elle sait encore moins, sinon qu’il a un petit talent pour écrire quelques cochonneries pseudo érotiques et une sacrée tendance à aimer exhiber ses vielles couilles ! Bien sur qu’elle va envoyer paître ce connard, et de la belle manière ! Ou plutôt, elle ne le verra même pas, elle partira tôt demain matin, il aura l’air malin à sonner comme un con devant une porte fermée. Mais s’il fait de u scandale ? S’il tambourine, s’il interpelle les voisins ? Mon Dieu, la honte ! Mais non, celui qui lu écrit de si joli choses ne peut pas avoir demandé de telles saletés. Il ne peut pas être un salaud. Il va comprendre que c’était lui demander l’impossible. Tout cela ne sera qu’une aventure avortée, qu’une parenthèse. Oui mais … et la machine aux hypothèses, aux dcisions contradictoire se remettait en marche. Une journée. Une nuit. Sans sommeil, ou presque. Avec de courts rêves – ou était-ce des cauchemars ? – Une aube embrumée, tête lourde, comme une sorte de gueule de bois sans avoir bu. Elle n’a encore rien décidé, ou plutôt elle a tellement pris de décisions incompatibles que c’est pire que de n’avoir rien décidé. Sans l’avoir vraiment choisi, elle se retrouve, vers 8h, exactement dans la même situation que la veille à la même heure. Alors qu’elle a peu dormi, elle s’est levée plus tard que bien souvent. Vaseuse. Le cœur au bord des lèvres. Elle est passée à la salle de bain, juste le temps de croiser son image, visage brouillé, yeux cernés, cheveux en bataille perdue. Juste le temps de faire pipi, remettant à après le petit-déjeuner la douche qu’elle sent nécessaire. Durant cette nuit agitée, elle a transpiré. Elle sent sur sa peau cette moiteur aigre. L’humidité acre entre ses seins. Elle se respire, elle se sent, elle se renifle. Odeur animale, chaude, femelle. Elle a besoin de renifler cette odeur. De s’en emplir. Elle porte la main à sa raie, enduit ses doigts de ces sécrétions poisseuses et les porte à son nez, puis à ces lèvres. Senteurs fortes, violentes, brutales, bestiales. Mais tellement intimes, tellement vraies. Puis ses doigts s’aventure plus loin, derrière, comme cherchant le plus fort, le plus lourd, le moins avouable. Sa main écarte ses larges fesses, vers ce mystère aux effluves d’étables dont elle veut s’emplir. Nul dégout, nulle volonté de s’avilir, mais seulement ce besoin, primaire, primal, animal, d’être seulement elle, une femme, avec tout ce que cela comporte de vivant, et qui n’a rien à voir avec les conventions, la bienséance. Et c’est cette fragrance épicée, aux relents de litière tiède, qu’elle respire à pleines narines, et qui fait naître en elle le besoin irrépressible de se faire jouir, là, tout de suite, maintenant. Debout, appuyée sur le lavabo pour ne pas tomber. D’un geste, elle a relevé sa nuisette. Découvert sa chatte, son ventre, ses seins lourds et gonflés. Elle les saisi à pleines mains, comme des fruits gorgés de sucs et de soleil, comme des outres gonflées de vin. Elle les presse, l’un contre l’autre, presque brutalement. Les auréoles brunes, granuleuses, semblent prêtes à éclater. En leur centre, les tétons insolents sont érigés, comme les pistils de fleurs exotiques. Avec un sourire carnassier, presque méchant, elle les saisi entre pouces et index, et les pince, violemment. Avec une telle force qu’elle ne peut réprimer un cri de souffrance, aigu, qui la fait grimacer. Mais en même temps, la douleur fulgurante qu’elle déclenche sur ses seins déclenche l’explosion dans sa chatte. Sans qu’elle ait même à y toucher, sans même que ses doigts, crispés sur leurs victimes malmenés, ne l’ait effleuré, son sexe se met à battre, à béer, traversé d’une onde de plaisir qui lui coupe les jambes. Elle doit se mordre les joues pour s’empêcher de crier sa jouissance. Son visage se crispe, ses yeux s’affolent, et c’est l’explosion, brutale, violente, presque douloureuse. Du plexus solaire, la vague emplit son ventre, sa poitrine, ses reins, ses fesses. Il lui semble que chaque partie de son corps reçoit à son tour l’onde du plaisir. Jusqu’à ce que la vague déferle enfin sur ce qui concentre tout en elle. Sa chatte explose, palpite, frémit, ruisselle. Alors que son corps retrouve l’équilibre, et qu’elle retrouve son souffle, elle sent un liquide tiède couler à l’intérieur de ses cuisses, trace tiède et liquide de sa jouissance. Elle néglige de s’en essuyer, il sera temps tout à l’heure, sous la douche. Maintenant il lui faut manger quelque chose. Elle se sent vidée de ses forces, comme après un marathon. Sans remettre sa chemise de nuit qui se retrouve – va savoir comment ? – dans la baignoire, elle passe un peignoir satiné et sort. Dans la cuisine elle s’empare d’un cookies laissé prés de la cafetière et c’est alors qu’elle aperçoit le petit mot que son homme lui a laissé, sur la porte du frigo, comme il le fait quand il part tôt sans la réveiller.

« Peux – tu aller chercher mes chemises pour mon déplacement de mercredi à Ottawa s’il te plait ? Tu n’oublies pas que Maman vient prendre la petite ce soir? Baisers, à ce soir. »

Brutalement la vraie vie vient de la rejoindre. Elle avait oublié ce déplacement de son homme, qui devrait partir à l’aube et ne rentrerait que tard le soir, comme chaque fois qu’il participe à ce séminaire dans la capitale. Et elle avait aussi oublié que sa belle-mère avait demandé à prendre la petite fille pour la journée. Elle sera donc seule toute la journée de mercredi. Il va lui falloir préparer les affaires de son homme, et surtout le petit sac de bébé, elle va se dépêcher. Elle se dirige vers la salle de bain pour sa douche mais au moment où elle va retirer son peignoir un coup de sonnette strident la cloue sur place. A la seconde elle rebascule dans ce qu’elle avait oublié depuis quelques minutes. Aucun doute, c’est « lui ». Elle tourne sur elle-même. Refermer le peignoir sur son décolleté. Passer une main incertaine dans sa tignasse brune, tenter de discipliner sa crinière bouclée. Il va s’impatienter. Sonner encore ?. Partir ? Que craint- elle le plus ? Sortir de la salle de bain, fermer la porte de ce lieu d’intimité, traverser le couloir. Va-t-elle ouvrir la porte ? Va-t-il vouloir entrer ? Essoufflée, presque hagarde, elle ouvre la fenêtre. L’idée, bête et déplacée, qu’une telle fenêtre, quand elle est toute petite, s’appelle « un judas » lui traverse l’esprit et la fait sourire. « Il » est là. Habillé comme hier. Galamment il soulève son chapeau et incline la tête avec un sourire. Elle reste là, tétanisée, muette, « une vraie blonde » ! Comme elle ne dit rien, lui lance une phrase, une seule :

Alors, A* ? quand et où voulez vous que j’exécute ma mission ? »

Plus tard, elle sera persuadé de n’avoir jamais vraiment décidé de quoi que se soit. AU moment même où elle répond à la question, elle est comme spectatrice d’elle-même. Comme si elle était une autre, où comme si c’était une autre qu’elle qui répondait, avec ses mots, mais sans qu’elle l’ai consciemment décidé. Et elle entendu cette « autre » dire, d’une voix étonnamment claire et sure d’elle :

-« Demain, au motel « L’Orée du bois », à la sortie de la ville, vers Hull. Je serais au bar à 15h. »

Nulle hésitation dans sa voix, ni suer le lieu, ni sur l’heure. C’était comme si, depuis longtemps, tout était organisé, prévu, dans les moindre détails, dans sa tête. Demain elle serait seule à la maison dés le milieu de la matinée – elle aurait donc le temps de se préparer pour ce rendez – vous. Son homme ne rentrerait pas avant tard le soir, et elle irait reprendre la petite fille chez sa grand-mère vers 20 h – elle avait donc au moins quatre grandes heures de totale liberté sans avoir de comptes à rendre à quiconque de ce à quoi elle les occuperait. Le motel « L’Orée du bois » est facile à trouver, même pour un étranger – mais pourquoi donc supposait – elle qu’il le soit ? Mais il est en même temps assez éloigné du centre pour qu’on y rencontre pratiquement que des voyageurs cherchant un hébergement facile et pas trop onéreux. Elle sait aussi – et pour cause – qu’on peux accéder aux chambres directement depuis le parking, sans avoir à traverser de hall. Elle sait enfin que le bar est peu fréquenté l’après-midi, et elle se souvient parfaitement qu’on peut y être installé de manière à voir ceux qui entrent sans être soi-même vu des autres clients en choisissant le coin proche des billards. Sans marquer ni intérêt particulier ni étonnement, l’inconnu se contente d’acquiescer :

Alors à demain, A*. Ne soyez pas en retard, et pensez à votre tenue. Bonne journée »

Et aussitôt il tourne les talons et s’éloigne.


Mais qu’a-t-elle dit ? Qu’a-t-elle fait ? Elle n’a pas pu dire cela ! Il ne peut pas l’avoir prise au sérieux. Elle va le rattraper, le rappeler, lui expliquer que tout cela n’est qu’un jeu, une plaisanterie, lui demander si c’est bien pour « Surprise – surprise » et si Marc Belivau va bientôt arriver …. Elle va se réveiller…
Elle est sorti sur le pas de la porte, en tenue de nuit, à moitié nue. Tant mieux pour le voisin s’il est derrière ses volets ! Mais l’inconnu a déjà disparu. Elle rentre chez elle et une deuxième journée de valse hésitation commence. Bien sur qu’elle n’ira pas ! D’ailleurs elle va téléphoner à la mère de son homme pour expliquer que la petite est malade, qu’elle ne peut pas sortir demain, qu’elle va rester avec sa maman….Elle va le faire …tout à l’heure…plus tard. De toutes manières, bien sur qu’elle n’ira pas à ce stupide rendez-vous. Et pourtant elle fouille ses tiroirs, examine les dessous qu’ils renferment. Se souvient des « consignes » données aux « chipies » par leurs « messieurs »… Mais bien sur qu’elle n’ira pas, bien sur qu’elle ne va pas se déguiser en p** pour les yeux – pas si beau – de ce type. Mais elle peut ranger ses tiroirs, tout de même ! E c’est bien sur par hasard qu’elle prend en main ce porte-jarretelles en soie noire, et la culotte assortie, dont elle sait qu’elle a aussi son soutien- gorge coordonnée. Mais non de Dieu où a-t-elle bien fichu ce soutif de merde ? Le voila, rangé … dans le tiroir aux soutiens-gorges, bien sur ! Elle hésite, elle compare, avec cet autre ensemble, vert profond à ramages, avec un soutien-gorge un peu moins pigeonnant – encore qu’elle n’ait pas besoin de faire pigeonner une poitrine qui n’a nul besoin d’artifice pour s’offrir aux regards – mais une culotte plus échancrée sur les fesses, une sorte de boxer évoluant vers le brésilien. Mais avec une telle culotte, elle aurait les cuisses plus offertes, plus à portée de main, sans même qu’il ait à baisser l’ultime rempart. Et alors ? Qu’elle importance, puisqu’elle ne va pas y aller, puisqu’il est impensable qu’elle y aille, inimaginable qu’elle aille, volontairement, se faire coller une punition enfantine et humiliante. Il lui suffit de savoir que si elle y était allée
elle aurait choisi la culotte la plus couvrante, qui cache- presque, à l’impossible nul n’est tenu, même pas une culotte – ses fesses. Et elle aurait fait passer les rubans du porte - jarretelles sous la culotte, pour que celle-ci puisse être baissée en laissant ce sui deviendrait alors le cadre mettant en valeur ses fesses en place.
Mais tout cela n’est que supposition, rêverie, fantasmes, imagination. Elle ne sera pas, demain à 15 heures dans ce foutu bar. Et tant pis si « l’autre » s’y morfond !

Et le lendemain à 15 h précises, une jeune femme était assise dans un des fauteuils « club » du bar du motel «l’Orée du bois » Elle avait commandé un jus de fruit et, en lui apportant, au moment où elle allait sortir son porte monnaie pour payer, le serveur lui dit en souriant :

Inutile, madame, la consommation est payée. Le monsieur vous attends, chambre 126, c’est juste à droite en sortant. »

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