C’est une histoire qui commence
au siècle dernier. La France vivait encore dans ceux que les livres d’histoire des collèges
appellent déjà « les années Mitterrand », et, là-bas, si loin, un
conquérant moustachu lançait ses armées contre un pays aux allures de station
service auquel un premier Président Bush allait faire la guerre. C’était ce
temps où les français moyens découvraient cette drôle de boite à écran
minuscule qu’on appelait le « Minitel ». Fin du fin de la technologie
de l’époque la machine avait été distribuée gracieusement dans les foyers
abonnés au téléphone, qui était alors un service public. En appelant un
« serveur » par un numéro à quatre chiffres sur son téléphone
(personne ne songeait alors à préciser « fixe » puisqu’on ne
connaissait que celui là, installé sur sa tablette dans l’entrée de la maison
ou dans la salle de séjour) on pouvait obtenir les horaires de la SNCF,
l’annuaire téléphonique, et quelques autres services de ce genre, dont les
résultats s’affichaient en lettres grises sur l’écran lui aussi gris, après
qu’un sifflement aigu ait attesté de la mise en relation avec le service
demandé. Une débauche d’affiches « quatre sur trois » aux looks les
plus affriolants les uns que les autres avaient très vite invité le bon peuple
à détourner cet objet de la technologie avancée française vers la débauche ou
les illusions. Si composer le « 3611 » mettait en relation avec des
services forts administratifs, composer le « 3615 » permettait
‘entrer en relation avec des services moins politiquement corrects. Les uns
proposaient de la voyance télématique, c'est-à-dire en gros les mêmes fadaises
que peuvent débiter les professionnelles dans leurs caravanes ou leurs loges de
concierges, mais sous forme de messages s’incrustant sur écran. Les autres
s’adressaient sans ambages au cochon qui, parait-il sommeille au fond de chaque
homme. Leurs affiches n’en faisaient pas mystères, utilisant des noms féminins
sensés fleurer bon l’aventure (on se souvient du célébrissime « 3615
ULLA ») et des graphismes sans équivoques. Combien de parents ont
découvert avec effroi des factures de téléphones astronomiques (en ces temps
lointains le coût du service était proportionnel au temps passé en
communication, et la mise en relation avec ses services équivalait à une
communication téléphonique) dues aux pérégrinations de leurs adolescents sur
ces services dont les pubs constituaient une tentation permanente et qui furent
pour certains l’ouverture vers les mystères de la sensualité. Il parait qu’au
XIXème siècle les jeunes bourgeois étaient parfois emmenés au bordel par leurs
pères, le début du XXème siècle avait été le temps béni des « livres
cochons » qu’on s’échangeait sous le manteau, le milieu du siècle celui
des cinémas classés « X » et diffusant à longueurs de séances des
navets pornographiques (qui sembleraient souvent bien prudes aux amateurs
d’images fortes de nos jours)° et aux revues de petits formats vendus en
kiosques. La fin du siècle serait celle de la découverte des émotions érotiques
via des mots et des pictogrammes pour le moins stylisés sur le verre froid d’un
écran d’une vingtaine de centimètres.
Pour elle comme pour lui, cette
machine fut très vite investie comme machine à fantasmes. Lui le plus souvent
depuis son bureau, pour éviter de faire exploser les factures du domicile et
parce qu’il y était seul, elle depuis la maison où elle devait rester après la
naissance de son premier bébé. Elle
garda d’ailleurs l’habitude de communiquer devant l’écran quand elle eut repris
le travail. Et son compagnon fut au moins une fois plus qu’interpellé par le
montant d’une facture proprement astronomique. Quant à lui son épouse ne fut
pas tout à fait dupe, et la découverte de sa quasi addiction à ce qu’elle
pensait être d’abord des sites de textes érotiques fut l’occasion de quelques
tensions dans le couple. Elle avait
choisi comme pseudo « B*** », sans savoir peut-être elle-même si le
mot faisait allusion à son état d’esprit, ou au style de
musique ethnique qu’elle affectionne. A moins qu’il s’agisse de la couleur,
celle de ses yeux, ou celle du ciel ? Pour lui, l’indicatif était moins
poétique mais plus direct : « FESSEE ». Le mot, dans sa brutale simplicité, indiquait
ainsi sans barguigner l’objet de ses fantasmes. Quelques échanges de messages
suffirent pour vérifier que le mot ne la laissait pas non plus indifférente.
Pourtant elle n’avait de la chose qu’une connaissance toute fantasmatique et
toute théorique. Comme elle lui confia sans tergiverser, c’est peut-être
justement parce qu’elle n’avait jamais été fessée, même enfant, que la chose
l’intriguait et l’attirait Elle su du reste très vite que, lui non plus,
n’avait pas connu cette punition infantile. Mais que pourtant, sans qu’il soit
en capacité d’en expliquer l’origine, tout ce qui tournait autour d’elle le
troublait depuis avant l’adolescence. Des jeux ambigus avec des copains
d’école, au cours desquels les perdants recevaient quelques coups de badines
sur les fesses, sans pourtant qu’elle soient en rien dénudées. Et aussi des
expériences de claques auto administrées accompagnant ses premières expériences
de masturbation. Il n’était pourtant passé à l’acte que bien plus tard,
une fois marié avec celle qui était aussi sa première amante. Jusque là, il
s’était pourtant largement gavé de récits trouvés au hasard des articles de ces
petite revues qui, à l’époque, présentaient le sexe sous une forme quelque peu
scientifique. La plus courante d’entre elles, « UNION » portait d’ailleurs
curieusement le sous titre quelque peu ambitieux de « revue internationale
des relations humaines » Après quelques séances d’échanges télématiques,
il lui confia sans beaucoup de prudence son numéro de téléphone. Et comme son
bureau était derrière un standard, il eut l’émotion d’entendre s le
standardiste lui annoncer qu’une « Madame B** » demandait à lui
parler. Leurs conversations devinrent régulières. Il lui proposait des
scénarios dans lesquels, bien sur, elle recevait des sévères fessées. Parfois
même il lui fit entendre le bruit du cuir de sa ceinture, pour rendre le récit
plus réaliste. Ils s’échangèrent aussi des confidences fortes impudiques sur
leurs vies sensuelles respectives. Elle lui racontait comment l’homme avec
lequel elle partageait sa vie lui faisait l’amour. Il lui détaillait les
fessées qu’il administrait à son épouse. Ces fessées moins mises en scènes que
celles qu’il imaginait pour elle, mais oh combien plus réalistes. Chaque fois
qu’ils le pouvaient, quand ils étaient seuls dans l’appartement et qu’aucune
oreille enfantine ne pouvait entendre les bruits caractéristiques de la tannée
des fesses de maman, leurs câlins conjugaux commençaient ainsi par une solide
fessée. Agenouillé sur le lit, il
installait l’Epouse allongée au travers de ses cuisses, l’invitant souvent à
« mieux présenter ses fesses », ce qu’elle faisait sans se faire
prier, arquant les reins et tendant le derrière vers la main qui allait, elle
le savait, les fustiger. Il n’hésitait pas à raconter à son interlocutrice
combien il se régalait de la vue de ce derrière confortable virant peu à peu au
rouge cramoisie. Des mouvements des globes ballotant au rythme des claques. De
la raie parfois réduite à une mince ligne, les fesses serrées étant alors comme
une pierre dure, un granit. Puis au contraire de ce même cul relâché,
abandonnant le combat, devenant lune soumise, la raie s’élargissant assez pour
laisser voir le divin petit trou. Il lui fit aussi partager le plaisir qu’il
avait à agir de la même manière lors de leurs nuits à l’hôtel. Le trouble
naissant de l’idée que les voisins de chambres eurent pu les entendre. Cette
fessée reçue par elle dans un hôtel de Brugges, fenêtre ouverte sur le canal,
par laquelle ils entendaient les commentaires des guides touristiques. Ou de
cette autre, flanquée en plein après-midi dans un hôtel parisien aux couloirs
déserts, lors de laquelle c’est elle qui avait demandé à ce qu’il fasse moins
de bruit. L’amenant ainsi, pour lui être agréable, à remplacer la main par sa
ceinture, qui lui avait flagellé les fesses à les marquer. Mais les fesses de
l’Epouse étaient plus souvent concernées par les lanières du martinet dont il
avait fait l’acquisition dans une supérette, au rayon animalerie. L’instrument
était depuis rangé dans le tiroir de la table de nuit, où il avait été rejoint
par une sorte de petite balayette de paille dure. De son coté,
« Blues » en vint à lui faire aussi confidences de se expériences
hors de son couple. La première rencontre avec un homme qui devint son amant,
la rudesse de l’arbre sur lequel elle était appuyée pour recevoir ses assauts.
Les initiatives perverses d’un autre amant, médecin de son état, au sein même
de son cabinet. Et surtout la première rencontre avec un « maître
fesseur » La Découverte. Une chambre d’hôtel, une main d’artiste, un
martinet, un monde qui se révèle. De
part et d’autre, des aveux sans restriction, sans faux fuyant, sans retenues.
Et pourtant paradoxalement presque pudiques. Sans affectation, sans une once de
grossièreté et sans jamais rien de graveleux. Du reste, plus ils échangeaient
ces propos intimes et ouvertement sexuels, plus ils abordaient aussi d’autres
sujets de conversation. Par petites touches,
presque délicatement, ils s’exposaient l’un à l’autre. Et presque plus
spirituellement que physiquement. En tout cas, pour elle, l’aveu de son plus
intime secret d’enfance, sa blessure originelle, si longtemps enfouie, fut à
l’évidence plus difficile à faire mais en quelque sorte aussi plus
indispensable que les récits de ses frasques sensuelles. Du reste, elle eut
besoin, pour ce faire, de passer par la voie de l’écrit. En effet elle
continuait à se sentir plus libre par l’écriture sur le papier que par la
parole ou les échanges télématiques, avec leur immédiateté. Multipliant les prudences
pour éviter qu’elles ne tombent devant d’autres yeux que les leurs, ils
échangèrent donc des courriers. Elle lui fit même le cadeau d’une lettre dont
l’encre violette était quelque peu délayée pour avoir été mise au secret dans
l’intimité de sa culotte. Manière pour elle de lui offrir symboliquement le
parfum secret de son corps. Elle su pourtant écrire l’indicible. Ce qu’elle
n’avait alors pu révéler à personne. La faille secrète. Elle en fut à la fois
soulagée et éperdue de peur. Peut-être su-t-il lire ces mots, les absorber,
sans que rien ne se casse dans cette relation qui, dés lors, changeait de
portée. Peut-être aussi eut-il raison de ne pas répondre à ce qui n’était pas
une question. Peut-être enfin ce courrier qui allait infiniment plus loin dans
le secret et dans l’intime que quelque récit de partie fine contribua-t-il à
transformer ce qui aurait pu n’être qu’une histoire de cul en une histoire
tellement personnelle, tellement intime, tellement forte qu’elle ne pouvait que
s’étioler faute de pouvoir aller plus loin. Par ailleurs, la rencontre de
l’Amour, de son Amour, de l’Homme qui allait faire naître en elle ce volcan de
sensualité et d’amour bien au-delà du physique, l’amenait aussi à ne pouvoir
mener de front deux relations, l’une virtuelle et l’autre dans le réel. Même
si, peut-être, la première était nécessaire pour que la seconde puisse
d’épanouir. Il n’y eut cependant pas de rupture entre eux. Ni l’un ni l’autre
ne rit explicitement la décision de cesser leurs confidences mutuelles. Elles
se firent seulement moins assidues. Comme un ruisseau qui se perd peu à peu
dans les sables, et dont on ne sait jamais vraiment s’il était mort ou
seulement momentanément tari.
******************************************************
C’est une histoire du XXIème
siècle. Pour les fondus de politique, un autre président socialiste a succédé,
après tant d’épreuves et de déconvenues pour ce camp, au premier président
socialiste de la France. Le monde n’est plus divisé entre deux blocs, l’un
d’entre eux s’étant dissout presque de
lui-même. Ce monde n’est plus tétanisé par l’angoisse d’une conflagration entre
ces deux géants qui possédaient chacun plusieurs fois la capacité à rayer toute
vie de la terre. Celle-ci n’est pourtant pas devenue l’espace de paix dont
avaient rêvés certains. D’autres guerres le ravagent. Là-bas, loin, dans des
pays parfois inconnus jusqu’à ce qu’ils s’embrasent. Et les boites à images
montrent toujours autant d’enfants qui souffrent, autant de combattants qui
s’entretuent, et autant de leaders bien vivants qui les y invitent. C’est aussi
et c’est surtout une histoire rendue possible par la révolution technologique
de ce qu’il est convenu d’appeler « la toile ». Ce qui était dans les
dernières années du siècle précédent un outil réservé aux élites militaires et
scientifiques est devenu en à peine une décennie l’apanage de tous ou presque.
Internet, puisque c’est de cela qu’il s’agit, a révolutionné toutes les
méthodes de recherche, d’apprentissage, d’échanges. En sciences, en matière culturelle, en propagande politique,
en économie, bien sur, mais aussi pour le prosélytisme du meilleur comme du
pire, Internet a modifié de fond en comble les méthodes, les modes d’échanges,
les manières de chercher et de découvrir. Langue d’Esope de notre temps, il
est bien sur le pire et le meilleur.
Comme l’écriture avait permis la diffusion du savoir, mais aussi celle de
l’innommable et de l’abominable, le
« réseau » porte indifféremment le beau, l’amour, la compassion, la
connaissance, ou la haine, la diffamation, la mise à mort. Au début des années
2000, l’une et l’autre ont découvert ce monde virtuel. Ils l’ont utilisé pour
leurs passions avouables. La poésie et l’art pour elle, la politique et
l’histoire pour lui. Ils ont bien vite aussi tapé leurs mots secrets,
l’expression de leurs fantasmes, sur les « moteurs de recherche » Et
ils ont découvert qu’après tout ils n’étaient peut-être pas aussi marginaux
qu’ils auraient pu le croire ou le craindre. Au mot « FESSEE » dans
sa brutale simplicité, répondaient des dizaines d’occurrences. Des sites
entièrement consacrés à leur passion commune et secrète. Des monceaux de
textes, de récits réels ou imaginaires, de photos troublantes ou effrayantes, de confessions,
de conseils. Et aussi, et peut-être surtout, des lieux d’échanges, de
dialogues. Un véritable réseau ou des centaines de francophones – ni l’une ni
l’autre ne sont assez polyglottes pour se lancer dans le monde des sites de
« SPANKING » anglo-saxons si ce n’est que pour y voir les images –
dissimulés sous des pseudos, partagent leur passion. L’une et l’autre ont ainsi
fréquenté « FESSES ROUGES », site mythique, emblématique, des
amateurs de fessées. Ils ont sautillés de « liens » en
« liens » vers d’autres sites. Reculant parfois devant certains, entrés
de plain pied dans le monde su « S.M. » S’attendrissant d’autre fois
de la fraicheur et de l’amour qui ruisselait de tel site ou un homme
détaillait, image et son à la fois, les fessée qu’il donnait – et en
l’occurrence il s’agissait bien d’un véritable cadeau – à son épouse avant que
celle-ci ne disparaisse. Ils ont partagé les errances des uns, les hésitations
des autres, les lassitudes de certains. Même si ni lui ni elle ne sont vraiment
rentrés dans cette communauté virtuelle, ils en ont été les témoins, amusés
parfois, émus souvent, émoustillés surtout. Ils ont aussi découvert qu’en
dehors de leur permettre de trouver un nouvel espace pour leur fantasme,
Internet proposait des services qui les ont stupéfiés. Après bien des hésitations et des réticences,
il s’était ainsi inscrit dans un « réseau social » La platitude des
échanges qu’il y lisait l’avait du reste assez vite détourné de le visiter
quotidiennement. Pourtant il avait un
jour tapé, comme on lance une bouteille à la mer, le nom – le vrai nom – de sa
correspondante de naguère. Et en une fraction de seconde il avait été orienté
vers la page de celle-ci sur ce même réseau. Il apprendrait, plus tard, qu’elle
avait fait de même à son égard. Il hésita pourtant longtemps avant de
s’adresser à elle via ce nouveau média. Pouvait-il savoir si elle avait le
souvenir de ces échanges vieux de plus de vingt ans ? Voudrait-elle s’en
souvenir, ou revendiquerait-elle, légitimement, le droit à l’oubli, à
l’effacement ? Il fit le choix d’un
message fort banal, feignant de se demander si elle était bien celle qu’il pensait. Il su aussi par la suite
qu’elle avait pensé à faire de même, sans
passer à l’acte. Internet ne passe pas pour un outil particulièrement
délicat, loin s’en faut. Pourtant ils se redécouvrir avec une infini
délicatesse. Par petites touches. A la manière des impressionnistes. Jamais le
mot de ce fantasme ne fut directement écrit lors de leurs premiers échanges. Il
leur fallait s’apprivoiser. Vérifier ce qu’ils étaient devenus, ce que le temps
avait fait, ce dont ils se souvenaient ou voulaient se souvenir. Entre le temps
du Minitel et celui des Smartphones connectés sur Internet, le temps avait en
effet passé. Leurs enfants étaient devenus adultes. La vie, comme le chante
Jacques Brel « ne fait pas de cadeau ». L’une et l’autre auraient pu
dire comme Marcel Pagnol « Telle est la vie des hommes. Quelques joies,
très vite effacées par d’inoubliables chagrins » Auraient-ils ajouté comme
l’écrivain « il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants » ? Ils
avaient vécus, avec le lot de souffrances, de déceptions, de regrets, de défaites qui
fait la vie. La maladie, ce putain de « crabe », avait touché leurs
conjoints réciproques. Leurs vies en avaient été bien sur plus
qu’affectées. Pour elle plus encore que
pour lui, il y avait désormais un « avant » et un « après »
puisque la salope à la faux avait frappée son compagnon alors que la maladie
avait mordu dans les chairs de son épouse. Ils ne s’étalèrent pas sur ces
moments, mais ils sont en filigrane de leurs échanges, puisqu’imprimés dans
leurs vies. Ils n’étaient plus, bien sur, ce qu’ils étaient naguère. Qu’importe
les évolutions de leurs vies professionnelles, ou publiques, ce ne sont que les
clapotis de la mer. Il est parvenu au seuil de la soixantaine, elle en est un
peu moins proche. Leurs corps ont subis des épreuves. Ils ont su se le dire
sans s’y étendre, avec pudeur, mais sans rien cacher de l’inexorable travail de
sape du temps. Elle a pu lui dire que les douleurs physiques n’étaient pas pour
rien dans le fait que sa vie sensuelle soit si calme. Encore que les
circonstances, les hasards de la vie, la disparition du compagnon, et peut-être un reste de la peur initiale n’y
soient peut-être pas totalement étrangers. Il a pu lui écrire qu’une intervention
que les chirurgiens des hommes vieillissants présentent comme de routine avait
radicalement modifié le fonctionnement de son système sexuel. Elle était la
première personne, en dehors bien sur de celles qui ne pouvaient pas ne pas
s’en rendre compte, à qui il parle de cette blessure. Elle avait été une
« poly amoureuse », elle avait longtemps eu « deux amours »,
elle lui révéla – ou lui rappela ? – des expériences fortes, osées,
risquées, en matière de sexualité. Elle était aujourd’hui abstinente de
relations réelles. Il avait été un époux fidèle, limitant ses frasques à la
sphère virtuelle. Il vivait depuis des années une double vie, avec une
maîtresse régulière, rencontrée elle aussi sur Internet, mais qui lui avait
permis de découvrir une autre face de la sensualité. Si la fessée était restée
l’apanage de l’Epouse légitime, la « Seconde » n’ayant aucune
attirance pour la chose, celle-ci lui avait fait découvrir d’autres manières,
d’autres pratiques, d’autres plaisirs. Il avait aussi noué d’autres relations
virtuelles, toujours via cette « toile » mondiale. Echangé des
confidences. Echangé des photos, parfois très osées. Il constatait, en renouant
avec cette correspondante de naguère qu’elle ressemblait finalement beaucoup
aux femmes de sa vie, réelles ou virtuelles. Des femmes rondes, aux formes
opulentes. Tellement différentes des canons des magazines. Mais aurait-il du
s’expliquer sur ce gout des rondeurs ? Aurait-il du s’excuser de rester
fou des fesses de l’Epouse, aussi fou de celles de la Seconde, d’avoir demandé,
obtenu et enregistré une photo de celles d’une amie virtuelle et de rêver
parfois qu’une autre retrouvée ….. ?
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