Libres contraintes
Première partie :
Découvertes
Découverte du « LibertéS »
Le « LibertéS
De l’extérieur,
le « LibertéS » ne paye pas vraiment de mine. Une porte
vitrée mais obscurcie par un rideau, ouvre sur une sorte d’entré
d’hôtel, avec un comptoir derrière lequel trône une dame d’une
cinquantaine d’année, en robe noire plutôt stricte et qui demande
à Luc, mon compagnon :
« Vous
êtes parrainé, monsieur dame ? »
La
question ne m’étonne pas, Luc m’a expliqué que, pour entrer
dans ce club qui a le statut de « club privé » il faut,
en effet, être inscrit, et pour ce faire être proposé par un
membre du club. Cela fait plusieurs semaines que Luc me parle de cet
endroit que fréquente un de ses collègues de travail, qui lui a
proposé de l’y introduire. Quand il m’en a parlé pour la
première fois, j’avoue que j’ai réagit assez vigoureusement.
L’idée qu’il me propose out de go de fréquenter un club
libertin ou échangiste m’avait mise en colère. Mais il est revenu
sur la question en m’affirmant que son ami lui avait garanti que
cet endroit n’était pas ce que j’imaginais et que si, en effet,
certains membres passaient « derrière » beaucoup
d’autres se limitaient à boire un cocktail dans une salle
confortable et où, quand même, les serveuses étaient un peu moins
habillées que ans les bistro ordinaires. J’avais alors choisi de
plutôt prendre les choses à la rigolade en l’accusant de surtout
vouloir se « rincer l’œil » en matant les serveuses.
Beau joueur il avait admis qu’en effet « il n’y a pas de
mal à regarder ce qui est beau » mais avait aussi mis en avant
ce que son ami lui avait présenté comme « une ambiance »
Après de longs échanges à ce propos, j’ai fini par accepter
l’idée de l’accompagner dans ce club, mais en lui faisant
promettre qu’en aucun cas il ne serait question de passer
« derrière » En effet, l’ami habitué des lieux lui
avait dit que les couples qui voulaient découvrir un univers plus
libertin passaient dans les salles dédiées à ce genre de relation,
« derrière » une porte dissimulé par un rideau. Luc
m’avait assuré qu’il n’était pas question pour nous de faire
de même, ce qui m’avait amené à me retrouver, ce vendredi soir,
dans cette entrée assez quelconque.
A
la question de la dame, Luc réponds :
« Oui,
nous venons de la part de Henri-Pol »
Visiblement,
le nom de ce collègue joue le rôle de Sésame, puisse qu’aussitôt
la dame s’écrit :
« Ah,
mais bien sûr ! Henri-Pol m’a dit qu’il vous avait proposé
de nous rendre visite. Il n’est pas là, ce soir, mais je suis
toujours heureuse de recevoir ses amis »
Elle
nous invite alors à déposer nos manteaux au vestiaire, nous sommes
en hiver, et nous invite à entrer.
Servantes accortes
Je
découvre les lieux, assez conformes à ce que l’ami de Luc lui en
avait dit. Une salle plongée dans une demi pénombre, seulement
éclairée par des petites lampes sur pieds posées sur des petites
tables, un grand comptoir orné de barres de cuivres comme dans
n’importe quel bar un peu cossu, et quelques coins plus « salon »
avec des canapés en velours rouge et des tables basses. Comme il le
lui avait dit aussi, un pianiste tapote une musique plutôt de bonne
qualité.
La
dame de l’accueil, qui nous a demandé de « l’appeler
Jeanne comme tout le monde ici » nous accompagne, et
elle appelle une des serveuses en lui demandant :
« Ingrid,
tu veux bien installer nos amis ? Ce sont des amis de Monsieur
Henri-Pol »
Je
découvre aussi que la-dite Ingrid, une fille plutôt grande, blonde
aux cheveux courts, porte la tenue traditionnelle des « servantes
accortes » Une robe noire assez courte, très décolletée, et
un petit tablier blanc sur le devant. Elle nous sourie, puis nous
invite à nous installer à une table en nous proposant de consulter
la carte. Tandis que Luc choisit son cocktail, mes yeux s’habituent
peu à peu à la pénombre, et je distingue les autres consommateurs.
Il me semble que la plupart sont plus âgés que nous, et rien dans
leurs attitudes ne pourrait laisser penser que nous sommes dans un
club libertin. A peine certains sont-ils un peu proches l’un de
l’autre, mais aucun geste ne m’apparaît comme ambigu, et il me
semble que les dames ne portent pas des tenues particulièrement
suggestives. Par contre, quand Ingrid nous amène nos verres, et
qu’elle se penche vers la table, on ne peut pas ignorer que sa
poitrine, du reste plutôt menue, est nue sous sa robe, et bien
entendu il me suffit d’un coup d’œil à Luc pour être sûre que
cela ne lui a pas échappé.
Dans
d’autres circonstances, voir ainsi mon compagnon laisser traîner
ses yeux dans un corsage m’aurait probablement horripilé. Mais là,
curieusement, je ne ressent pas une once de jalousie, et même je
m’en amuse en taquinant Luc :
« Eh
ben … tu as de bons yeux on dirait ! Le spectacle vous plaît,
monsieur ? »
Visiblement,
il se demande si « c’est du lard ou du cochon » et,
prudemment, il bredouille :
« Heu
.. en effet … mais ... »
Il
a l’air si piteux qu’il me fait pitié et je renonce à continuer
à le titiller :
«Cool,
chéri … pas de problème … si on est venu ici … j’avais bien
compris qu’on ne serait pas au repas annuel du patronage !
Profite ! »
Pourtant je en
renonce pas à ajouter perfidement :
« ...je ne
te savais pas amateur de micro - nénés ! »
Cette
fois, il comprends que je plaisante, et aussitôt, il entre lui aussi
dans le jeu :
« Tu
sais bien que j’aime mieux les lolos généreux, ma chérie …
mais je suis bien obligé de faire avec … ce qu’on veut bien me
laisser voir ! »
Prise à mon propre jeu
Je
dois bien avouer que, sur ce coup là, il me prend à mon propre jeu.
Mais, puisqu’il veut jouer, jouons ! Pour cette sortie, il m’a
semblé qu’il convenait que ma tenue soit assez élégante pour
être en accord avec les lieux, tout en ne risquant pas de passer
pour provocante. J’ai donc choisi une jupe noire droite, moulante
sans excès, qui m’arrive un peu au dessus du genoux, et un
chemisier écru par dessus lequel j’ai un châle ramené sur ma
poitrine. En regardant Luc droit dans les yeux, j’écarte les pans
du châle et, en laissant dépasser le bout de ma langue, je défais
le deuxième bouton du chemisier en murmurant sensuellement :
« Cela
vous convient … monsieur ? »
Il
a bien compris le jeu et il se contente d’une petite grimace
d’insatisfaction, puis d’une moue dont la signification est
d’autant plus évidente qu’il l’appui par un geste discret en
écartant le pouce et l’index. Ainsi celui que j’ai, sans savoir
vraiment pourquoi cette idée m’est venue, d’appeler
cérémonieusement « monsieur » en veut … un peu plus.
Avant d’obtempérer, je jette un coup d’œil à la ronde,
histoire de vérifier si les autres consommateurs risquent de voir
mon manège. Je suis vite rassurée, en constatant qu’aucun d’entre
eux n’a l’air de regarder vers nous, d’autant que la lumière
tamisée de la lampe n’éclaire que faiblement. Alors, mes yeux
reviennent vers ceux de Luc, et j’ouvre un troisième bouton,en
ayant même soin d’écarter un peu le vêtement, très consciente
qu’ainsi je découvre le haut de mon soutien-gorge gris perle.
Beau joueur, Luc manifeste sa satisfaction par un sourire complice et
me prends les mains par dessus la table. Il se penche un peu vers moi
et souffle :
« Cela me convient parfaitement ...pour l’instant »
Je ne relève pas les derniers mots, mais, moitié restant dans le
jeu, moitié sincère, je réponds :
« J’en suis ravie … mais que cela ne t’empêche pas
de … découvrir les autres richesses de l’endroit. Les miens …
tu peux les voir tous les jours »
Laisser voir
Il faut croire que l’ambiance du lieu a eu de l’influence sur mon
humeur. Non seulement je viens de jouer les allumeuses en montrant
presque le moitié de mes seins dans un lieu public, mais voilà que
j’invite directement mon homme à regarder ceux d’autres femmes.
Luc comprends bien la situation puisqu’il rétorque, en souriant :
« Mais … c’est bien mon intention »
Mais en ajoutant aussitôt :
« Encore que découvrir les tiens comme ça ... »
« Tu
aimes ? »
« Tu
en doutes ? »
« Même
si ... »
« Même
si quoi, ma chérie ? »
« Même
si d’autres pourraient ... »
« Pourraient
voir aussi ? Mais … bien sûr ! »
Redevenu soudain plus sérieux, il ajoute :
« Tu sais, ceux qui viennent ici ne le font pas seulement
pour voir, mais aussi pour laisser voir ... »
« Tu
veux dire … laisser voir ...leurs femmes ! »
Luc ne cherche pas à tergiverser :
« Mais … oui. »
La femme en noir
Et il continue plus bas, en me désignant d’un mouvement de tête
un point derrière moi :
« Regarde la femme brune en noir près du bar … tu
penses que c’est par inadvertance … ? »
Pour me donner une raison valable de me retourner, je fais tomber mon
châle, tout en sachant que cela dévoile encore un peu plus mon
décolleté, et, en le ramassant, je regarde dans la direction
indiquée. La femme que Luc me désigne est une grande brune, qui me
semble avoir une bonne cinquantaine d’années, assise sur une des
banquettes d’un coin salon, à côté d’un homme visiblement
plus vieux qu’elle qui la tient serrée contre lui. Malgré le
manque de lumière, je constate que sa robe noire plutôt sage est
remontée très haut sur ses cuisses. Bien que je me retourne
rapidement, mon regard a eu le temps de croiser furtivement celui de
la dame et, en un éclair, je suis sûre qu’elle s’est rendu
compte que je la regardais et elle a surtout, tout aussi furtivement
mais sans le moindre doute, écarté un peu plus les jambes.
Mouvement qui n’a pas échappé à Luc qui me le confirme en
disant :
« Tu vois … visiblement cela n’a pas choqué
celui qui l’accompagne … »
en poursuivant plus bas, mais les yeux toujours fixés sur ce
couple :
« puisqu’il vient de pose la main sur … ce que la dame
propose si généreusement »
Je ne me retourne pas pour vérifier, mais je prends sa remarque
comme un défi. Et comme je n’ai jamais pu résister à un défi,
je recule un peu ma chaise de la table, et je croise délibérément
les jambes, laissant ainsi ma jupe remonter un peu plus. Cette fois,
les yeux de Luc reviennent bien vers ce que je lui montre et, les
yeux brillants il me félicite :
« Oui … c’est bien comme ça, ma chérie. »
Il me prouve aussi que la demi pénombre ne l’empêche pas de voir
clair en ajoutant :
« Surtout que … tu as mis des bas ! »
En effet, alors que, dans la vie courante, je portes le plus souvent
de collants, pour ce soir, j’ai fait le choix de bas « qui
tiennent seuls » Et la remarque de Luc me montre que ma posture
suffit à découvrir ceux-ci au moins jusqu’à hauteur de la
jarretelle en dentelles. Je sais que Luc est un fana des bas. Il m’a
même convaincue d’acheter un porte-jarretelles qu’il m’ait
arrivé de porter pour des sorties en amoureux. Je réponds donc en
souriant :
« Mais c’est pour te plaire, mon chéri. »
« Seul à profiter »
ll manifeste sa satisfaction par une mimique sans ambiguïté, mais
en rétorquant :
« J’en suis ravi … mais ... »
Comme il ne termine pas sa phrase, je l’invite à poursuivre :
« Mais … ? »
Il plante son regard dans mes yeux et lâche tout de go :
« Je suis bien le seul à profiter de toutes ces belles
choses ! »
Cette fois, je comprends que mon Luc a fait un pas de plus. Certes,
je veux croire que nous sommes toujours dans le jeu. Mais en même
temps, je comprends bien que, constatant que, jusque là, j’ai
répondu à ces invitations, même justes suggérées, il me pousse à
aller plus loin. Il vient, tout simplement, de regretter que personne
d’autre que lui ne puisse « profiter », selon sa propre
expression, de ce que je lui montre. En acceptant de l’accompagner
dans ce bar, je savais évidemment qu’il ne s’agissait pas « tout
à fait » d’un établissement ordinaire. Prudente, j’avais
bien établi les limites, et Luc s’était engagé à ne pas
envisager d’aller plus loin que cette salle, apparemment, assez
semblable à l’importe quelle salle de bar un peu « cosy »
Or, lui et moi, venons de constater que, même ici, certains – ou
en l’occurrence certaines- adoptent des postures pour le moins
équivoques, à moins qu’il faille dire au contraire « sans
équivoque » J’ai bien évidemment très bien compris ce que
Luc a derrière la tête, si l’on peut dire. En même temps, il l’a
suggéré de manière assez allusive pour que je sache que je peux
tout à fait faire celle qui ne comprend pas. Je connais assez Luc
pour être à peu près sûr que, si je faisais ce choix, il aurait
l’élégance de ne pas insister. Pourtant, après un instant
d’hésitation, je ne le fais pas. Je ne réponds pourtant pas
directement à sa remarque. Je n’ai pas envie – ou pas le culot –
d’exprimer verbalement mon accord. Je choisis donc de faire plutôt
que de dire. Je me contente d’un discret signe d’acquiescement de
la tête, et je me lève.
Le regard de l’homme
D’un geste plus machinal que volontaire, je tapote ma jupe pour la
remettre en place. Je n’allais quand même pas la laisser ainsi
retroussée. Mais je ne rectifie rien à l’ouverture de mon
chemisier et, quand je quitte la table pour me diriger vers le fond
de la salle où se trouvent les toilettes, je sais fort bien que
celui-ci est largement ouvert et laisse voir très directement
l’arrondi de ma poitrine et le soutien gorge qui la maintient.
Curieusement, je ne ressent ni gêne ni angoisse. Et c’est d’un
pas tranquille, assuré, que je traverse la salle. Quand j’arrive à
quelques pas de la table de la dame en noir, une nouvelle fois, mon
regard croise le sien. Il me semble y voir une sorte de sourire
encourageant, et je constate que, tout en caressant franchement la
cuisse de sa voisine, son compagnon, lui aussi, me regarde tout aussi
franchement. Je sens autant que je ne vois ce regard qui se fixe sur
mon décolleté. Pourtant, je ne fais rien pour ramener les pans du
chemisier pour les cacher. J’assume. Et, une fois dépassé leur
table, je sens aussi, je dirais presque physiquement, ce regard, mais
cette fois sur mon derrière qui tend ma jupe. Une fois dans les
toilettes, et un peu pour ne pas y être venue pour rien, un peu
aussi pour y rester un temps raisonnable, j’en profite pour un
petit pipi. En baissant ma culotte, je suis presque étonné de
remarquer qu’elle … est un peu moite. Je ne cède pourtant pas au
mythe, ou à la caricature de la femme qui se touche dans les
chiottes, et je remonte prestement mon slip avant de sortir de la
cabine et de me laver les mains. Puis je sors et retraverse la salle
pour rejoindre la table où m’attends Luc.
Je dois donc, bien sûr, une nouvelle fois repasser près de la table
de « la femme en noir » et de son compagnon au regard …
insistant. Mais ils sont cette fois debout, et un autre couple les a
rejoints. Un homme rondouillard, et une femme elle aussi fort ronde,
un peu boudinée dans une robe moulant ses formes opulentes. Au
moment où j’arrive près de leur table, une nouvelle fois, l’homme
me regarde avec une sorte de sourire, et je vois que l’autre
couple se dirige vers l’autre côté du bar, et disparaît derrière
un rideau de velours grenat, tandis que la dame en noir et l’autre
homme les saluent mais restent sur place.. D’emblée, je comprends
que c’est par là que certains clients passent « derrière »
Et, si je ne l’avais pas remarqué, Luc m’ouvrirait les yeux,
puisqu’il me fait remarquer, mi-figue, mi-raisin :
« Tu vois, visiblement ce sont des habitués …
peut-être que ton passage va donner un peu de peps au monsieur ? »
« Mon mari aimerait »
Je ne tiens pas à répondre autrement que par un léger haussement
d’épaules, et je plonge le nez dans mon verre de cocktail. Et
c’est à ce moment qu’une femme s’approche de notre table. Je
l’ai vu se lever d’une table à laquelle elle était installée
avec un homme en costume gris anthracite. Vêtue d’une longue robe
écrue qui tombe jusqu’à ses cheville, elle a les cheveux gris
coupés très courts, presque en brosse. Quand elle est prés de
notre table, je remarque des yeux gris eux aussi, et les rides en
griffe qui les entourent. Elle se penche vers nous, et s’adresse
directement à Luc :
« Bonsoir, monsieur, mon mari aimerait que vous vous
joigniez à nous, si vous n’attendez personne, bien sûr »
Je vois bien que Luc est un peu étonné par cette intrusion, et de
mon côté je suis un peu interloquée par le fait que cette grande
dame,, semble superbement ignorer ma présence. Comme Luc semble
hésiter, la dame insiste, allant au-devant de ce qu’elle pense
probablement être sa réticence :
« En tout bien tout honneur, bien sûr. Mon mari serait
heureux de vous faire découvrir ce lieu où vous semblez
venir pour la première fois »
Esquivant l’invitation, Luc réponds cependant à ce qui est bel et
bien une question :
« En effet, Aurélie et moi n’étions jamais
venus ... »
Je lui sais gré de faire remarquer ma présence, mais la dame ne
semble pas, elle, le remarquer, elle continue à ne s’adresser qu’à
Luc, comme si celui-ci avait déjà accepté sa proposition :
« Alors, accompagnez moi, mon mari nous attends au petit
salon là-bas »
Un instant, je me demande pourquoi elle fait toujours précéder ses
phrases de cette référence à son mari. Mais surtout je croise le
regard interrogatif de Luc. Je comprends qu’il ne veut pas
accepter l’invitation sans mon accord. Même si je suis pour le
moins exaspérée par le fait qu’elle ne se soit adressée qu’à
Luc comme si je n’existait pas, je comprends que refuser la
proposition serait presque impoli. Et, par ailleurs, je dois bien
avouer que la proposition de « nous faire découvrir les
lieux » me séduit.Depuis que nous sommes arrivés dans cette
salle, son ambiance m’intrigue. A la fois confortable, correcte,
presque élégante et distinguée, et puis ces gestes, ces attitudes,
les cuisses largement dénudées de « la dame en noir »,
la main de son compagnon sur celles-ci, mais aussi ces regards que
j’ai affronté et qui, l’état de mon slip en atteste, ne m’ont
pas laissée indifférente. Alors, d’un bref mouvement de tête
assorti d ‘un haussement d’épaules signifiant « après
tout pourquoi pas » je lui fait part de mon accord. Il comprend
aussitôt et réponds :
« Avec plaisir, madame. »
« Marie, si vous voulez bien »
Indique-t-elle en souriant à Luc.
Il me tends la main, et nous emboîtons le pas à cette longue
silhouette, moulée dans cette robe écrue qui balance au gré de sa
marche en liane, après que j’ai ramené les pans de mon chemisier
sur ma poitrine. Comme elle nous l’a annoncé, elle nous amène
jusqu’au « petit salon », deux banquettes en angle
encadrant une table basse sur laquelle trône déjà une bouteille de
champagne dans un sceau et des flûtes.
Découverte des habitudes
Pas d’équivoques
Mais l’homme qui accompagne celle qui vient de nous amener à lui,
un monsieur élégant, n’est pas seul. La « femme en noir »
et l’homme « au regard » sont là, . Marie s’adresse
à lui :
« Aurélie et ... »
Peut-être, en effet, ne se rend-elle compte qu’à cet instant,
elle ne connaît pas le prénom de l’homme à qui elle s’est
adressée. Le comprenant, Luc va au-devant de sa question en
s’inclinant en disant :
« Luc »
L’homme qui accompagne Marie s’incline de la même manière en se
présentant lui-même :
« Bernard »
et il continue les présentations en désignant d’un geste de la
main :
« Marie, mon épouse ; Jean et Lucie, son amie »
Sur l’invitation de Bernard, les trois couples prennent place
autour de la table basse. Luc et moi sur un des canapés, Bernard et
Marie sur l’autre, tandis que Jean approche un fauteuil et s’y
assoit, en prenant tout simplement son amie sur ses genoux, et en
remontant derechef sa robe pour poser une nouvelle fois la main sur
sa cuisse. Bernard continue à faire les présentations, en
s’adressant Luc :
« Nos amis Jean et Lucie sont, comme nous, des habitués
de ces lieux, nous avions prévus de nous retrouver ici ce soir. Mais
plutôt que de passer « derrière », j’ai souhaité
vous proposer de vous accueillir, mon cher Luc »
Ainsi, il confirme sans barguigner ce que nous avait laissé entendre
son épouse, c’est bien lui qui a prit l’initiative de nous
inviter à les rejoindre. Poliment, Luc le remercie :
« Et
… c’est très gentil à vous, monsieur. »
Comme s’il avait perçu l’hésitation dans la voix de Luc et
compris mes réticences, Bernard explique :
« Je parle bien du bar, seulement du bar, il ne faut pas
brûler les étapes, et vous verrez que l’on peut déjà y faire
d’intéressantes découvertes »
D’une part, ces propos me rassurent, Bernard a bien compris que
nous n’envisagions pas d’aller au-delà de la salle où nous nous
trouvons et où je suis bien placée pour avoir déjà compris qu’en
effet, on pouvait y faire ce qu’il appelle presque drôlement « des
découvertes » Et, sur le moment, je n’accorde pas vraiment
d’importance à son « il ne faut pas brûler les étapes »
Il continue ensuite, en vantant les qualités esthétiques des
serveuses, mais en soulignant aussi qu’aucun des client ne se
permet le moindre « geste équivoque à leur endroit » Ce
mot me fait sourire, car je pense immédiatement in-petto que, si
gestes il y avaient, il est probable qu’ils auraient plutôt
concerné leurs… envers ! Mais, bien sûr, je ne partage pas
cette remarque ironique avec qui que se soit, tout en étant sûre,
au plissement de ces yeux, que Luc s’est fait la même réflexion.
Ceci dit, je dois bien reconnaître qu’en effet, les serveuses,
aussi affriolantes que soient leurs tenues, ne semblent pas être en
quoi que se soit importunées par les clients. Je dirais même que
ceux-ci se comportent plutôt de façon plus correcte que dans bien
des bars ordinaires.
Pas les clientes.
Comme s’il avait suivi mes pensées, Bernard explique :
« Bien sûr, leur tenue n’est pas tout à fait,
comment dirai-je, classique. Et je mentirais en disant que les
messieurs qui fréquentent ces lieux ferments les yeux ou s’écrient
comme Tartuffe «cachez ce sein que je ne saurais voir »
Mais qui pourrait nous reprocher de regarder les belles
choses ? Regarder seulement, « avec les yeux » comme
on dit aux enfants. De toutes manières, madame Ingrid veille au
grain. Vous savez, elle a des principes très stricts : « on
ne touche pas » et « elles gardent la culotte »
Alors que Bernard nous tenait ce discours pour le moins paradoxal,
présentant presque la tenancière des lieux comme une militante
d’une ligue de vertu, Jean interromps en rigolant ouvertement :
« Pour ces demoiselles, en tout cas ! »
Et Bernard confirme, sur le même ton :
« Heureusement, que les règles ne s’imposent pas aussi
aux clientes, sinon je serais contraint de venir seul ! »
L’incompréhension doit se voir sur le visage de Luc et sur le
mien, alors, fort simplement, Marie se penche vers nous en disant :
« Mon mari tient à faire savoir aux nouveau qu’en
effet, pour ma part, je n’en porte jamais ...et que personne ne
m’en tient rigueur »
Incapable de résister à ce que, sur le moment, je prend pour un bon
mot, je réplique du tac au tac :
« Il est vrai que ce serait plus facile avec une robe comme
la votre que pour moi ou pour madame ... »
Marie ne réponds pas, se contentant de sourire d’un air un peu
énigmatique, mais Bernard, lui réagit immédiatement :
« Que voulez vois dire par là, Aurélie ? »
Je me mord les lèvres, consciente de m’engager sur un terrain
miné, mais je suis bien obligé de répondre :
« Je veux dire ...enfin
..qu’avec une jupe longue ...je suppose que c’est plus facile
...non ? »
Bernard continue à me regarder et poursuit :
« Et
… pourquoi cela, Aurélie ? »
Je sens que je m’enfonce, mais je ne peux pas m’esquiver :
« Eh
bien … parce qu’elle cache plus ...je veux dire...qu’on ne peut
pas savoir ... »
Il se réjouit visiblement de mon embarras, mais il me laisse
bredouiller avant de se tourner vers Marie et de lui dire :
« Ma
chérie, je pense que notre nouvelle amie doute ... »
Montre !
Puis il lance d’un ton bref :
« Montre ! »
Marie le regarde, il confirme ce qui est bien un ordre par un bref
signe de la tête. Sans un mot elle se lève, avance d’un pas pour
être devant les deux banquettes, et soulève le pan de sa jupe
fendue. Faisant apparaître sous nos yeux, mais aussi, inévitablement
à ceux des autres consommateurs s’ils tournent leurs regard vers
nous, ses fesses nues. Personne ne parle ni ne bouge, sauf Bernard
qui reprends :
« Tourne ! »
Et docilement, Marie s’exécute. Elle tourne sur elle-même,
faisant ainsi profiter les clients situés de l’autre côté du
spectacle. Puis, sur un signe de tête de son mari, elle laisse
retomber la jupe et, tranquillement se rassoit. Alors, comme si ce
qui vient de de passer était presque banal, son mari continue :
« Oh, mais Marie n’est certainement pas la seule
à se passer de … ce détail vestimentaire. Ce n’est pas une
règle … mais je dirais presque … une sorte de « dress-code »
Il saute alors du coq à l’âne en interrogeant Luc :
« Ainsi donc, c’est notre ami Henri-Pol qui vous a fait
découvrir notre repaire ? C’est un homme de goût, et bon
bons conseils »
Tandis que Luc le lui confirme et explique dans quelles circonstances
il a rencontré leur ami commun, Lucie, qui était restée
silencieuse jusque là, se penche vers moi et me glisse :
« Je vais … me rafraîchir, vous m’accompagnez,
mademoiselle ? »
La retirer ?
Je comprend qu’elle veut justifier qu’elle va nous quitter pour
passer aux toilettes, et comme pour ma part je l’ai fait quelques
instants plus tôt, je m’apprête à décliner son invitation, mais
avant que j’ai pu le faire elle insiste :
« Je sais que vous y êtes passée tout à l’heure …
cela n’a pas échappé à Jean d’ailleurs, mais venez quand même
... »
L’allusion à mon passage devant eux le chemisier ouvert, et au
regard insistant de son mari, me fait curieusement plus rougir que
quand ce regard était effectivement braqué sur mes seins. Et, un
peu pour éviter qu’elle ne partage sa réflexion avec les autres,
je cède à se demande, et je la suis.
Une fois arrivée dans les toilettes, Lucie me lance, avec un sourire mutin :
Une fois arrivée dans les toilettes, Lucie me lance, avec un sourire mutin :
« Bon, c’est pas de tout ça … mais j’ai aussi
vraiment envie de faire pipi moi ! »
Et elle entre dans une des cabines prévue en effet à cet effet, me
laissant seule devant les lavabos.Dans le silence de ces lieux,
j’entends clairement le bruit cristallin qui ne laisse aucun doute
sur le fait qu’il était en effet nécessaire qu’elle vide sa
vessie. Curieusement, je ne trouve ce bruit intime ni inconvenant, ni
gênant. Il me fait même sourire au point que, quand Lucie me
rejoint, je m’exclame :
« Eh
bien … ça fait du bien hein ?
Et elle réponds sans la moindre gêne :
« Tu peux le dire ...ça commençait à me monter aux
gencives ! »
Nous rions un moment comme deux gamines, mais alors que, un peu pour
me donner une contenance, je me lave les mains tandis qu’elle remet
un peu de rouge sur ses lèvres, elle me demande tout à trac :
« Et toi … tu en as une, ce soir ? »
Je comprends qu’on aura peut-être du mal à me croire, mais,
sincèrement, sur le moment, je n’ai vraiment pas compris de quoi
elle parlait
« Une quoi ? »
« Une
culotte ! Tu portes un slip ? Un string ? »
La question était si directe que j’y ai répondu spontanément :
« Ben … oui, bien sûr »
« Oh
… bien sûr … tu as pu constater qu’ici … c’est pas aussi
évident ! »
Je ne pouvais pas nier que sa réflexion soit frappée au coin du
bons sens après ce que Marie nous avait montré et ce que Bernard,
dont les derniers mots me revenaient à l’esprit, avait laissé
entendre.
« Alors toi ...tu ...non plus ? »
« Ah, si, ce soir, mon Jean avait choisi la tenue
« avec » tu vois »
Et avec la même simplicité que Marie quelques instants plus tôt,
elle relève le devant de sa robe au dessus de sa taille, découvrant
son bas ventre décoré (c’est le mot qui m’est venu
spontanément) par un porte jarretelles noir retenant ses bas et, en
effet, une culotte couvrante en dentelles de même couleur. Et elle
explique benoîtement :
« Il y a comme ça des soirs où il aime ce qu’il
appelle « le genre pute » ! »
Certes, le mot est
fort, mais il est dit avec une telle simplicité qu’il semble en
effet bien adapté aux sous-vêtements de cette femme si digne en
apparence. Qui continue, en joignant le geste à la parole :
« Mais
après ce que vient de dire Bernard, je pense qu’il ne nous reste
qu’à la retirer ! »
Qu’elle
ait bel et bien dit « nous » ne m’a, bien sûr pas
échappé. Et je suis restée un peu interdite tandis qu’elle,
tranquillement, retirait en effet sa culotte sans autre forme de
procès. Et elle restait là, la culotte noire à la main, à me
regarder, attendant visiblement que je fasse de même. Elle comprit
cependant que la chose me semblait hors de ma portée. Alors, elle
m’encouragea :
« Tu
sais, ma petite, ce n’est pas si terrible … Je connais bien
Bernard, tu sais, il ne t’en demandera pas plus que ce que tu peux
faire, crois-moi. Et puis, après tout, si tu es venue ici, c’est
bien pour … aller là où tu n’es encore jamais allée, non ? »
Il
faut bien reconnaître qu’elle n’avait pas tort. Même si j’avais
mis très clairement mes conditions avant d’accepter, et je dois
bien reconnaître que Luc les avait jusque là tout à fait
respecter, je savais bien, au fond de moi, que cette virée au
« LibertéS » ne serait pas une soirée tout à fait
comme les autres. Du reste, en acceptant d’ouvrir largement mon
chemisier, puis de traverser la salle sans me rajuster, j’étais
déjà, en fait, allée, « là où je n’étais
jamais allée » comme le disait Lucie. Comme si elle
suivait mes hésitations, elle reprit :
«Tu
ne vas quand même pas … me laisser toute seule. Fais moi
confiance, Aurélie, je te promet que tu n’as rien à craindre. »
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