jeudi 27 septembre 2018

Libres contraintes 1er parteie

Libres contraintes

Première partie : Découvertes


Découverte du « LibertéS »


Le « LibertéS

De l’extérieur, le « LibertéS » ne paye pas vraiment de mine. Une porte vitrée mais obscurcie par un rideau, ouvre sur une sorte d’entré d’hôtel, avec un comptoir derrière lequel trône une dame d’une cinquantaine d’année, en robe noire plutôt stricte et qui demande à Luc, mon compagnon :
« Vous êtes parrainé, monsieur dame ? »
La question ne m’étonne pas, Luc m’a expliqué que, pour entrer dans ce club qui a le statut de « club privé » il faut, en effet, être inscrit, et pour ce faire être proposé par un membre du club. Cela fait plusieurs semaines que Luc me parle de cet endroit que fréquente un de ses collègues de travail, qui lui a proposé de l’y introduire. Quand il m’en a parlé pour la première fois, j’avoue que j’ai réagit assez vigoureusement. L’idée qu’il me propose out de go de fréquenter un club libertin ou échangiste m’avait mise en colère. Mais il est revenu sur la question en m’affirmant que son ami lui avait garanti que cet endroit n’était pas ce que j’imaginais et que si, en effet, certains membres passaient « derrière » beaucoup d’autres se limitaient à boire un cocktail dans une salle confortable et où, quand même, les serveuses étaient un peu moins habillées que ans les bistro ordinaires. J’avais alors choisi de plutôt prendre les choses à la rigolade en l’accusant de surtout vouloir se « rincer l’œil » en matant les serveuses. Beau joueur il avait admis qu’en effet « il n’y a pas de mal à regarder ce qui est beau » mais avait aussi mis en avant ce que son ami lui avait présenté comme « une ambiance » Après de longs échanges à ce propos, j’ai fini par accepter l’idée de l’accompagner dans ce club, mais en lui faisant promettre qu’en aucun cas il ne serait question de passer « derrière » En effet, l’ami habitué des lieux lui avait dit que les couples qui voulaient découvrir un univers plus libertin passaient dans les salles dédiées à ce genre de relation, « derrière » une porte dissimulé par un rideau. Luc m’avait assuré qu’il n’était pas question pour nous de faire de même, ce qui m’avait amené à me retrouver, ce vendredi soir, dans cette entrée assez quelconque.
A la question de la dame, Luc réponds :
« Oui, nous venons de la part de Henri-Pol »
Visiblement, le nom de ce collègue joue le rôle de Sésame, puisse qu’aussitôt la dame s’écrit :
« Ah, mais bien sûr ! Henri-Pol m’a dit qu’il vous avait proposé de nous rendre visite. Il n’est pas là, ce soir, mais je suis toujours heureuse de recevoir ses amis »
Elle nous invite alors à déposer nos manteaux au vestiaire, nous sommes en hiver, et nous invite à entrer.

Servantes accortes

Je découvre les lieux, assez conformes à ce que l’ami de Luc lui en avait dit. Une salle plongée dans une demi pénombre, seulement éclairée par des petites lampes sur pieds posées sur des petites tables, un grand comptoir orné de barres de cuivres comme dans n’importe quel bar un peu cossu, et quelques coins plus « salon » avec des canapés en velours rouge et des tables basses. Comme il le lui avait dit aussi, un pianiste tapote une musique plutôt de bonne qualité.
La dame de l’accueil, qui nous a demandé de « l’appeler Jeanne  comme tout le monde ici » nous accompagne, et elle appelle une des serveuses en lui demandant :
« Ingrid, tu veux bien installer nos amis ? Ce sont des amis de Monsieur Henri-Pol »
Je découvre aussi que la-dite Ingrid, une fille plutôt grande, blonde aux cheveux courts, porte la tenue traditionnelle des « servantes accortes » Une robe noire assez courte, très décolletée, et un petit tablier blanc sur le devant. Elle nous sourie, puis nous invite à nous installer à une table en nous proposant de consulter la carte. Tandis que Luc choisit son cocktail, mes yeux s’habituent peu à peu à la pénombre, et je distingue les autres consommateurs. Il me semble que la plupart sont plus âgés que nous, et rien dans leurs attitudes ne pourrait laisser penser que nous sommes dans un club libertin. A peine certains sont-ils un peu proches l’un de l’autre, mais aucun geste ne m’apparaît comme ambigu, et il me semble que les dames ne portent pas des tenues particulièrement suggestives. Par contre, quand Ingrid nous amène nos verres, et qu’elle se penche vers la table, on ne peut pas ignorer que sa poitrine, du reste plutôt menue, est nue sous sa robe, et bien entendu il me suffit d’un coup d’œil à Luc pour être sûre que cela ne lui a pas échappé.
Dans d’autres circonstances, voir ainsi mon compagnon laisser traîner ses yeux dans un corsage m’aurait probablement horripilé. Mais là, curieusement, je ne ressent pas une once de jalousie, et même je m’en amuse en taquinant Luc :
« Eh ben … tu as de bons yeux on dirait ! Le spectacle vous plaît, monsieur ? »
Visiblement, il se demande si « c’est du lard ou du cochon » et, prudemment, il bredouille :
« Heu .. en effet … mais ... »
Il a l’air si piteux qu’il me fait pitié et je renonce à continuer à le titiller :
«Cool, chéri … pas de problème … si on est venu ici … j’avais bien compris qu’on ne serait pas au repas annuel du patronage ! Profite ! »
Pourtant je en renonce pas à ajouter perfidement :
« ...je ne te savais pas amateur de micro - nénés ! »
Cette fois, il comprends que je plaisante, et aussitôt, il entre lui aussi dans le jeu :
« Tu sais bien que j’aime mieux les lolos généreux, ma chérie … mais je suis bien obligé de faire avec … ce qu’on veut bien me laisser voir ! »

Prise à mon propre jeu

Je dois bien avouer que, sur ce coup là, il me prend à mon propre jeu. Mais, puisqu’il veut jouer, jouons ! Pour cette sortie, il m’a semblé qu’il convenait que ma tenue soit assez élégante pour être en accord avec les lieux, tout en ne risquant pas de passer pour provocante. J’ai donc choisi une jupe noire droite, moulante sans excès, qui m’arrive un peu au dessus du genoux, et un chemisier écru par dessus lequel j’ai un châle ramené sur ma poitrine. En regardant Luc droit dans les yeux, j’écarte les pans du châle et, en laissant dépasser le bout de ma langue, je défais le deuxième bouton du chemisier en murmurant sensuellement :
« Cela vous convient … monsieur ? »
Il a bien compris le jeu et il se contente d’une petite grimace d’insatisfaction, puis d’une moue dont la signification est d’autant plus évidente qu’il l’appui par un geste discret en écartant le pouce et l’index. Ainsi celui que j’ai, sans savoir vraiment pourquoi cette idée m’est venue, d’appeler cérémonieusement « monsieur » en veut … un peu plus. Avant d’obtempérer, je jette un coup d’œil à la ronde, histoire de vérifier si les autres consommateurs risquent de voir mon manège. Je suis vite rassurée, en constatant qu’aucun d’entre eux n’a l’air de regarder vers nous, d’autant que la lumière tamisée de la lampe n’éclaire que faiblement. Alors, mes yeux reviennent vers ceux de Luc, et j’ouvre un troisième bouton,en ayant même soin d’écarter un peu le vêtement, très consciente qu’ainsi je découvre le haut de mon soutien-gorge gris perle.
Beau joueur, Luc manifeste sa satisfaction par un sourire complice et me prends les mains par dessus la table. Il se penche un peu vers moi et souffle :
« Cela me convient parfaitement ...pour l’instant »
Je ne relève pas les derniers mots, mais, moitié restant dans le jeu, moitié sincère, je réponds :
« J’en suis ravie … mais que cela ne t’empêche pas de … découvrir les autres richesses de l’endroit. Les miens … tu peux les voir tous les jours »

Laisser voir

Il faut croire que l’ambiance du lieu a eu de l’influence sur mon humeur. Non seulement je viens de jouer les allumeuses en montrant presque le moitié de mes seins dans un lieu public, mais voilà que j’invite directement mon homme à regarder ceux d’autres femmes. Luc comprends bien la situation puisqu’il rétorque, en souriant :
« Mais … c’est bien mon intention »
Mais en ajoutant aussitôt :
« Encore que découvrir les tiens comme ça ... »
« Tu aimes ? »
« Tu en doutes ? »
« Même si ... »
« Même si quoi, ma chérie ? »
« Même si d’autres pourraient ... »
« Pourraient voir aussi ? Mais … bien sûr ! »
Redevenu soudain plus sérieux, il ajoute :
« Tu sais, ceux qui viennent ici ne le font pas seulement pour voir, mais aussi pour laisser voir ... »
« Tu veux dire … laisser voir ...leurs femmes ! »
Luc ne cherche pas à tergiverser :
« Mais … oui. »

La femme en noir

Et il continue plus bas, en me désignant d’un mouvement de tête un point derrière moi :
« Regarde la femme brune en noir près du bar … tu penses que c’est par inadvertance … ? »
Pour me donner une raison valable de me retourner, je fais tomber mon châle, tout en sachant que cela dévoile encore un peu plus mon décolleté, et, en le ramassant, je regarde dans la direction indiquée. La femme que Luc me désigne est une grande brune, qui me semble avoir une bonne cinquantaine d’années, assise sur une des banquettes d’un coin salon, à côté d’un homme visiblement plus vieux qu’elle qui la tient serrée contre lui. Malgré le manque de lumière, je constate que sa robe noire plutôt sage est remontée très haut sur ses cuisses. Bien que je me retourne rapidement, mon regard a eu le temps de croiser furtivement celui de la dame et, en un éclair, je suis sûre qu’elle s’est rendu compte que je la regardais et elle a surtout, tout aussi furtivement mais sans le moindre doute, écarté un peu plus les jambes. Mouvement qui n’a pas échappé à Luc qui me le confirme en disant :
« Tu vois … visiblement cela n’a pas choqué celui qui l’accompagne … »
en poursuivant plus bas, mais les yeux toujours fixés sur ce couple :
« puisqu’il vient de pose la main sur … ce que la dame propose si généreusement »
Je ne me retourne pas pour vérifier, mais je prends sa remarque comme un défi. Et comme je n’ai jamais pu résister à un défi, je recule un peu ma chaise de la table, et je croise délibérément les jambes, laissant ainsi ma jupe remonter un peu plus. Cette fois, les yeux de Luc reviennent bien vers ce que je lui montre et, les yeux brillants il me félicite :
« Oui … c’est bien comme ça, ma chérie. »
Il me prouve aussi que la demi pénombre ne l’empêche pas de voir clair en ajoutant :
« Surtout que … tu as mis des bas ! »
En effet, alors que, dans la vie courante, je portes le plus souvent de collants, pour ce soir, j’ai fait le choix de bas « qui tiennent seuls » Et la remarque de Luc me montre que ma posture suffit à découvrir ceux-ci au moins jusqu’à hauteur de la jarretelle en dentelles. Je sais que Luc est un fana des bas. Il m’a même convaincue d’acheter un porte-jarretelles qu’il m’ait arrivé de porter pour des sorties en amoureux. Je réponds donc en souriant :
« Mais c’est pour te plaire, mon chéri. »

« Seul à profiter »

ll manifeste sa satisfaction par une mimique sans ambiguïté, mais en rétorquant :
« J’en suis ravi … mais ... »
Comme il ne termine pas sa phrase, je l’invite à poursuivre :
« Mais … ? »
Il plante son regard dans mes yeux et lâche tout de go :
« Je suis bien le seul à profiter de toutes ces belles choses ! »
Cette fois, je comprends que mon Luc a fait un pas de plus. Certes, je veux croire que nous sommes toujours dans le jeu. Mais en même temps, je comprends bien que, constatant que, jusque là, j’ai répondu à ces invitations, même justes suggérées, il me pousse à aller plus loin. Il vient, tout simplement, de regretter que personne d’autre que lui ne puisse « profiter », selon sa propre expression, de ce que je lui montre. En acceptant de l’accompagner dans ce bar, je savais évidemment qu’il ne s’agissait pas « tout à fait » d’un établissement ordinaire. Prudente, j’avais bien établi les limites, et Luc s’était engagé à ne pas envisager d’aller plus loin que cette salle, apparemment, assez semblable à l’importe quelle salle de bar un peu « cosy » Or, lui et moi, venons de constater que, même ici, certains – ou en l’occurrence certaines- adoptent des postures pour le moins équivoques, à moins qu’il faille dire au contraire « sans équivoque » J’ai bien évidemment très bien compris ce que Luc a derrière la tête, si l’on peut dire. En même temps, il l’a suggéré de manière assez allusive pour que je sache que je peux tout à fait faire celle qui ne comprend pas. Je connais assez Luc pour être à peu près sûr que, si je faisais ce choix, il aurait l’élégance de ne pas insister. Pourtant, après un instant d’hésitation, je ne le fais pas. Je ne réponds pourtant pas directement à sa remarque. Je n’ai pas envie – ou pas le culot – d’exprimer verbalement mon accord. Je choisis donc de faire plutôt que de dire. Je me contente d’un discret signe d’acquiescement de la tête, et je me lève.

Le regard de l’homme

D’un geste plus machinal que volontaire, je tapote ma jupe pour la remettre en place. Je n’allais quand même pas la laisser ainsi retroussée. Mais je ne rectifie rien à l’ouverture de mon chemisier et, quand je quitte la table pour me diriger vers le fond de la salle où se trouvent les toilettes, je sais fort bien que celui-ci est largement ouvert et laisse voir très directement l’arrondi de ma poitrine et le soutien gorge qui la maintient. Curieusement, je ne ressent ni gêne ni angoisse. Et c’est d’un pas tranquille, assuré, que je traverse la salle. Quand j’arrive à quelques pas de la table de la dame en noir, une nouvelle fois, mon regard croise le sien. Il me semble y voir une sorte de sourire encourageant, et je constate que, tout en caressant franchement la cuisse de sa voisine, son compagnon, lui aussi, me regarde tout aussi franchement. Je sens autant que je ne vois ce regard qui se fixe sur mon décolleté. Pourtant, je ne fais rien pour ramener les pans du chemisier pour les cacher. J’assume. Et, une fois dépassé leur table, je sens aussi, je dirais presque physiquement, ce regard, mais cette fois sur mon derrière qui tend ma jupe. Une fois dans les toilettes, et un peu pour ne pas y être venue pour rien, un peu aussi pour y rester un temps raisonnable, j’en profite pour un petit pipi. En baissant ma culotte, je suis presque étonné de remarquer qu’elle … est un peu moite. Je ne cède pourtant pas au mythe, ou à la caricature de la femme qui se touche dans les chiottes, et je remonte prestement mon slip avant de sortir de la cabine et de me laver les mains. Puis je sors et retraverse la salle pour rejoindre la table où m’attends Luc.
Je dois donc, bien sûr, une nouvelle fois repasser près de la table de « la femme en noir » et de son compagnon au regard … insistant. Mais ils sont cette fois debout, et un autre couple les a rejoints. Un homme rondouillard, et une femme elle aussi fort ronde, un peu boudinée dans une robe moulant ses formes opulentes. Au moment où j’arrive près de leur table, une nouvelle fois, l’homme me regarde avec une sorte de sourire, et je vois que l’autre couple se dirige vers l’autre côté du bar, et disparaît derrière un rideau de velours grenat, tandis que la dame en noir et l’autre homme les saluent mais restent sur place.. D’emblée, je comprends que c’est par là que certains clients passent « derrière » Et, si je ne l’avais pas remarqué, Luc m’ouvrirait les yeux, puisqu’il me fait remarquer, mi-figue, mi-raisin :
« Tu vois, visiblement ce sont des habitués … peut-être que ton passage va donner un peu de peps au monsieur ? »

« Mon mari aimerait »

Je ne tiens pas à répondre autrement que par un léger haussement d’épaules, et je plonge le nez dans mon verre de cocktail. Et c’est à ce moment qu’une femme s’approche de notre table. Je l’ai vu se lever d’une table à laquelle elle était installée avec un homme en costume gris anthracite. Vêtue d’une longue robe écrue qui tombe jusqu’à ses cheville, elle a les cheveux gris coupés très courts, presque en brosse. Quand elle est prés de notre table, je remarque des yeux gris eux aussi, et les rides en griffe qui les entourent. Elle se penche vers nous, et s’adresse directement à Luc :
« Bonsoir, monsieur, mon mari aimerait que vous vous joigniez à nous, si vous n’attendez personne, bien sûr »
Je vois bien que Luc est un peu étonné par cette intrusion, et de mon côté je suis un peu interloquée par le fait que cette grande dame,, semble superbement ignorer ma présence. Comme Luc semble hésiter, la dame insiste, allant au-devant de ce qu’elle pense probablement être sa réticence :
« En tout bien tout honneur, bien sûr. Mon mari serait heureux de vous faire découvrir ce lieu où vous semblez venir pour la première fois »
Esquivant l’invitation, Luc réponds cependant à ce qui est bel et bien une question :
« En effet, Aurélie et moi n’étions jamais venus ... »
Je lui sais gré de faire remarquer ma présence, mais la dame ne semble pas, elle, le remarquer, elle continue à ne s’adresser qu’à Luc, comme si celui-ci avait déjà accepté sa proposition :
« Alors, accompagnez moi, mon mari nous attends au petit salon là-bas »
Un instant, je me demande pourquoi elle fait toujours précéder ses phrases de cette référence à son mari. Mais surtout je croise le regard interrogatif de Luc. Je comprends qu’il ne veut pas accepter l’invitation sans mon accord. Même si je suis pour le moins exaspérée par le fait qu’elle ne se soit adressée qu’à Luc comme si je n’existait pas, je comprends que refuser la proposition serait presque impoli. Et, par ailleurs, je dois bien avouer que la proposition de « nous faire découvrir les lieux » me séduit.Depuis que nous sommes arrivés dans cette salle, son ambiance m’intrigue. A la fois confortable, correcte, presque élégante et distinguée, et puis ces gestes, ces attitudes, les cuisses largement dénudées de « la dame en noir », la main de son compagnon sur celles-ci, mais aussi ces regards que j’ai affronté et qui, l’état de mon slip en atteste, ne m’ont pas laissée indifférente. Alors, d’un bref mouvement de tête assorti d ‘un haussement d’épaules signifiant « après tout pourquoi pas » je lui fait part de mon accord. Il comprend aussitôt et réponds :
« Avec plaisir, madame. »
« Marie, si vous voulez bien »
Indique-t-elle en souriant à Luc.
Il me tends la main, et nous emboîtons le pas à cette longue silhouette, moulée dans cette robe écrue qui balance au gré de sa marche en liane, après que j’ai ramené les pans de mon chemisier sur ma poitrine. Comme elle nous l’a annoncé, elle nous amène jusqu’au « petit salon », deux banquettes en angle encadrant une table basse sur laquelle trône déjà une bouteille de champagne dans un sceau et des flûtes.

Découverte des habitudes

Pas d’équivoques

Mais l’homme qui accompagne celle qui vient de nous amener à lui, un monsieur élégant, n’est pas seul. La « femme en noir » et l’homme « au regard » sont là, . Marie s’adresse à lui :
« Aurélie et ... »
Peut-être, en effet, ne se rend-elle compte qu’à cet instant, elle ne connaît pas le prénom de l’homme à qui elle s’est adressée. Le comprenant, Luc va au-devant de sa question en s’inclinant en disant :
« Luc »
L’homme qui accompagne Marie s’incline de la même manière en se présentant lui-même :
« Bernard »
et il continue les présentations en désignant d’un geste de la main :
« Marie, mon épouse ; Jean et Lucie, son amie »
Sur l’invitation de Bernard, les trois couples prennent place autour de la table basse. Luc et moi sur un des canapés, Bernard et Marie sur l’autre, tandis que Jean approche un fauteuil et s’y assoit, en prenant tout simplement son amie sur ses genoux, et en remontant derechef sa robe pour poser une nouvelle fois la main sur sa cuisse. Bernard continue à faire les présentations, en s’adressant Luc :
« Nos amis Jean et Lucie sont, comme nous, des habitués de ces lieux, nous avions prévus de nous retrouver ici ce soir. Mais plutôt que de passer « derrière », j’ai souhaité vous proposer de vous accueillir, mon cher Luc »
Ainsi, il confirme sans barguigner ce que nous avait laissé entendre son épouse, c’est bien lui qui a prit l’initiative de nous inviter à les rejoindre. Poliment, Luc le remercie :
« Et … c’est très gentil à vous, monsieur. »
Comme s’il avait perçu l’hésitation dans la voix de Luc et compris mes réticences, Bernard explique :
« Je parle bien du bar, seulement du bar, il ne faut pas brûler les étapes, et vous verrez que l’on peut déjà y faire d’intéressantes découvertes »
D’une part, ces propos me rassurent, Bernard a bien compris que nous n’envisagions pas d’aller au-delà de la salle où nous nous trouvons et où je suis bien placée pour avoir déjà compris qu’en effet, on pouvait y faire ce qu’il appelle presque drôlement « des découvertes » Et, sur le moment, je n’accorde pas vraiment d’importance à son « il ne faut pas brûler les étapes » Il continue ensuite, en vantant les qualités esthétiques des serveuses, mais en soulignant aussi qu’aucun des client ne se permet le moindre « geste équivoque à leur endroit » Ce mot me fait sourire, car je pense immédiatement in-petto que, si gestes il y avaient, il est probable qu’ils auraient plutôt concerné leurs… envers ! Mais, bien sûr, je ne partage pas cette remarque ironique avec qui que se soit, tout en étant sûre, au plissement de ces yeux, que Luc s’est fait la même réflexion. Ceci dit, je dois bien reconnaître qu’en effet, les serveuses, aussi affriolantes que soient leurs tenues, ne semblent pas être en quoi que se soit importunées par les clients. Je dirais même que ceux-ci se comportent plutôt de façon plus correcte que dans bien des bars ordinaires.

Pas les clientes.

Comme s’il avait suivi mes pensées, Bernard explique :
« Bien sûr, leur tenue n’est pas tout à fait, comment dirai-je, classique. Et je mentirais en disant que les messieurs qui fréquentent ces lieux ferments les yeux ou s’écrient comme Tartuffe «cachez ce sein que je ne saurais voir »  Mais qui pourrait nous reprocher de regarder les belles choses ? Regarder seulement, « avec les yeux » comme on dit aux enfants. De toutes manières, madame Ingrid veille au grain. Vous savez, elle a des principes très stricts : « on ne touche pas » et « elles gardent la culotte »
Alors que Bernard nous tenait ce discours pour le moins paradoxal, présentant presque la tenancière des lieux comme une militante d’une ligue de vertu, Jean interromps en rigolant ouvertement :
« Pour ces demoiselles, en tout cas ! »
Et Bernard confirme, sur le même ton :
« Heureusement, que les règles ne s’imposent pas aussi aux clientes, sinon je serais contraint de venir seul ! »
L’incompréhension doit se voir sur le visage de Luc et sur le mien, alors, fort simplement, Marie se penche vers nous en disant :
« Mon mari tient à faire savoir aux nouveau qu’en effet, pour ma part, je n’en porte jamais ...et que personne ne m’en tient rigueur »
Incapable de résister à ce que, sur le moment, je prend pour un bon mot, je réplique du tac au tac :
« Il est vrai que ce serait plus facile avec une robe comme la votre que pour moi ou pour madame ... »
Marie ne réponds pas, se contentant de sourire d’un air un peu énigmatique, mais Bernard, lui réagit immédiatement :
« Que voulez vois dire par là, Aurélie ? »
Je me mord les lèvres, consciente de m’engager sur un terrain miné, mais je suis bien obligé de répondre :
« Je veux dire ...enfin ..qu’avec une jupe longue ...je suppose que c’est plus facile ...non ? »
Bernard continue à me regarder et poursuit :
« Et … pourquoi cela, Aurélie ? »
Je sens que je m’enfonce, mais je ne peux pas m’esquiver :
« Eh bien … parce qu’elle cache plus ...je veux dire...qu’on ne peut pas savoir ... »
Il se réjouit visiblement de mon embarras, mais il me laisse bredouiller avant de se tourner vers Marie et de lui dire :
« Ma chérie, je pense que notre nouvelle amie doute ... »

Montre !

Puis il lance d’un ton bref :
« Montre ! »
Marie le regarde, il confirme ce qui est bien un ordre par un bref signe de la tête. Sans un mot elle se lève, avance d’un pas pour être devant les deux banquettes, et soulève le pan de sa jupe fendue. Faisant apparaître sous nos yeux, mais aussi, inévitablement à ceux des autres consommateurs s’ils tournent leurs regard vers nous, ses fesses nues. Personne ne parle ni ne bouge, sauf Bernard qui reprends :
« Tourne ! »
Et docilement, Marie s’exécute. Elle tourne sur elle-même, faisant ainsi profiter les clients situés de l’autre côté du spectacle. Puis, sur un signe de tête de son mari, elle laisse retomber la jupe et, tranquillement se rassoit. Alors, comme si ce qui vient de de passer était presque banal, son mari continue :
« Oh, mais Marie n’est certainement pas la seule à se passer de … ce détail vestimentaire. Ce n’est pas une règle … mais je dirais presque … une sorte de « dress-code »
Il saute alors du coq à l’âne en interrogeant Luc :
« Ainsi donc, c’est notre ami Henri-Pol qui vous a fait découvrir notre repaire ? C’est un homme de goût, et bon bons conseils »
Tandis que Luc le lui confirme et explique dans quelles circonstances il a rencontré leur ami commun, Lucie, qui était restée silencieuse jusque là, se penche vers moi et me glisse :
« Je vais … me rafraîchir, vous m’accompagnez, mademoiselle ? »

La retirer ?

Je comprend qu’elle veut justifier qu’elle va nous quitter pour passer aux toilettes, et comme pour ma part je l’ai fait quelques instants plus tôt, je m’apprête à décliner son invitation, mais avant que j’ai pu le faire elle insiste :
« Je sais que vous y êtes passée tout à l’heure … cela n’a pas échappé à Jean d’ailleurs, mais venez quand même ... »
L’allusion à mon passage devant eux le chemisier ouvert, et au regard insistant de son mari, me fait curieusement plus rougir que quand ce regard était effectivement braqué sur mes seins. Et, un peu pour éviter qu’elle ne partage sa réflexion avec les autres, je cède à se demande, et je la suis.
Une fois arrivée dans les toilettes, Lucie me lance, avec un sourire mutin :
« Bon, c’est pas de tout ça … mais j’ai aussi vraiment envie de faire pipi moi ! »
Et elle entre dans une des cabines prévue en effet à cet effet, me laissant seule devant les lavabos.Dans le silence de ces lieux, j’entends clairement le bruit cristallin qui ne laisse aucun doute sur le fait qu’il était en effet nécessaire qu’elle vide sa vessie. Curieusement, je ne trouve ce bruit intime ni inconvenant, ni gênant. Il me fait même sourire au point que, quand Lucie me rejoint, je m’exclame :
« Eh bien … ça fait du bien hein ? 
Et elle réponds sans la moindre gêne :
« Tu peux le dire ...ça commençait à me monter aux gencives ! »
Nous rions un moment comme deux gamines, mais alors que, un peu pour me donner une contenance, je me lave les mains tandis qu’elle remet un peu de rouge sur ses lèvres, elle me demande tout à trac :
« Et toi … tu en as une, ce soir ? »
Je comprends qu’on aura peut-être du mal à me croire, mais, sincèrement, sur le moment, je n’ai vraiment pas compris de quoi elle parlait
« Une quoi ? »
« Une culotte ! Tu portes un slip ? Un string ? »
La question était si directe que j’y ai répondu spontanément :
« Ben … oui, bien sûr »
« Oh … bien sûr … tu as pu constater qu’ici … c’est pas aussi évident ! »
Je ne pouvais pas nier que sa réflexion soit frappée au coin du bons sens après ce que Marie nous avait montré et ce que Bernard, dont les derniers mots me revenaient à l’esprit, avait laissé entendre.
« Alors toi ...tu ...non plus ? »
« Ah, si, ce soir, mon Jean avait choisi la tenue « avec » tu vois »
Et avec la même simplicité que Marie quelques instants plus tôt, elle relève le devant de sa robe au dessus de sa taille, découvrant son bas ventre décoré (c’est le mot qui m’est venu spontanément) par un porte jarretelles noir retenant ses bas et, en effet, une culotte couvrante en dentelles de même couleur. Et elle explique benoîtement :
« Il y a comme ça des soirs où il aime ce qu’il appelle « le genre pute » ! »
Certes, le mot est fort, mais il est dit avec une telle simplicité qu’il semble en effet bien adapté aux sous-vêtements de cette femme si digne en apparence. Qui continue, en joignant le geste à la parole :
« Mais après ce que vient de dire Bernard, je pense qu’il ne nous reste qu’à la retirer ! »
Qu’elle ait bel et bien dit « nous » ne m’a, bien sûr pas échappé. Et je suis restée un peu interdite tandis qu’elle, tranquillement, retirait en effet sa culotte sans autre forme de procès. Et elle restait là, la culotte noire à la main, à me regarder, attendant visiblement que je fasse de même. Elle comprit cependant que la chose me semblait hors de ma portée. Alors, elle m’encouragea :
« Tu sais, ma petite, ce n’est pas si terrible … Je connais bien Bernard, tu sais, il ne t’en demandera pas plus que ce que tu peux faire, crois-moi. Et puis, après tout, si tu es venue ici, c’est bien pour … aller là où tu n’es encore jamais allée, non ? »
Il faut bien reconnaître qu’elle n’avait pas tort. Même si j’avais mis très clairement mes conditions avant d’accepter, et je dois bien reconnaître que Luc les avait jusque là tout à fait respecter, je savais bien, au fond de moi, que cette virée au « LibertéS » ne serait pas une soirée tout à fait comme les autres. Du reste, en acceptant d’ouvrir largement mon chemisier, puis de traverser la salle sans me rajuster, j’étais déjà, en fait, allée, « là où je n’étais jamais allée » comme le disait Lucie. Comme si elle suivait mes hésitations, elle reprit :
«Tu ne vas quand même pas … me laisser toute seule. Fais moi confiance, Aurélie, je te promet que tu n’as rien à craindre. »


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